Mise à jour d’un article initialement paru en mai 2014.
Depuis 1930, 257 joueurs ont été appelés à participer à une des seize phases finales de Coupe du monde (en comptant les quinze nouveaux de 2022). Pour chaque édition, il y a un benjamin et un doyen. Intéressons-nous à ces trajectoires extrêmes : d’un côté un joueur d’environ vingt et un ans, souvent attaquant et comptant une poignée de sélections et qui vient pour apprendre, de l’autre un vieux briscard autour de trente-quatre ans, défenseur ou gardien, parfois titulaire, souvent remplaçant, qui vit les derniers jours de sa carrière internationale.
Les profils des deux catégories sont évidemment très différents : les benjamins sont plutôt des milieux (4) et des attaquants (7), exceptionnellement des gardiens (2). Les doyens sont des défenseurs (6) et des gardiens (5) pour la plupart. L’année 2010 est riche en particularismes : le benjamin est un gardien, Hugo Lloris, le doyen est le seul attaquant de pointe dans cette catégorie (Henry), et il est accompagné par un autre doyen à la date de naissance similaire (Gallas). Il faut croire que cet alignement de conjonctures n’est pas des plus favorables.
A l’inverse, c’est quand l’écart d’âge a été le plus grand (14 ans, 6 mois et 8 jours) que les Bleus ont gagné leur première Coupe du monde : en 1998, David Trezeguet jouait le rôle du benjamin et Bernard Lama celui du doyen. En 2018, l’écart était moindre, mais conséquent (un peu plus de 13 ans et 8 mois entre Mbappé et Mandanda). En 2022, il battra très largement le record, avec 17 ans et 7 mois. Tirez-en les conclusions que vous voulez !
2022 : de Camavinga à Mandanda, 17 ans, 7 mois et 18 jours
EDUARDO CAMAVINGA
20 ans et 10 jours
milieu, 4 sélections
Plus jeune international français depuis 1914 à ses débuts en septembre 2020 alors qu’il n’avait pas encore 18 ans, Eduardo Camavinga a disparu des radars bleus pendant deux ans, avant de faire son retour juste à temps en septembre 2022. Il ne part pas titulaire.
STEVE MANDANDA
37 ans, 7 mois et 25 jours
gardien, 16 sélections
Lui aussi ne s’attendait pas à être à la fête. Sa dernière sélection remonte à 2020, et sans la blessure de Mike Maignan, il n’était pas dans le groupe. Il ne devrait pas jouer, mais il est déjà le joueur français le plus âgé dans une liste de Coupe du monde.
2018 : de Mbappé à Mandanda, 13 ans, 8 mois et 22 jours
KYLIAN MBAPPÉ
19 ans, 5 mois et 25 jours
attaquant, 7 sélections
Il est le plus jeune Bleu à participer à une Coupe du monde. Mais il ne s’arrête pas là : contre le Pérou, il devient le plus jeune buteur français en tournoi mondial, face à l’Argentine, il est le plus jeune à signer un doublé et contre la Croatie il est le plus jeune buteur en finale après... Pelé.
STEVE MANDANDA
33 ans, 2 mois et 27 jours
gardien, 27 sélections
Après avoir manqué l’édition 2014 suite à une blessure en championnat avec l’OM, il est à nouveau la doublure de Lloris en Russie, comme en 2010. Mais cette fois, il joue un match, le troisième contre le Danemark à Moscou (0-0). Il n’encaisse pas de but et devient le seul gardien français dans ce cas en Coupe du monde.
2014 : de Digne à Landreau, 14 ans, 2 mois et 6 jours
LUCAS DIGNE
20 ans, 10 mois et 26 jours
défenseur, 1 sélection
Dernier arrivé avec Antoine Griezmann cette année-là, Lucas Digne a la particularité de n’être pas titulaire au PSG. Il ne le sera pas non plus en équipe de France, et ne jouera qu’une fois au Brésil (contre l’Equateur).
MICKAËL LANDREAU
35 ans, 1 mois et 1 jour
gardien, 11 sélections
Le Bastiais l’avait annoncé : à 35 ans, il mettra un terme à sa carrière après le tournoi. Comme Zidane en 2006 (où il était déjà troisième gardien derrière Barthez et Coupet), il la termine par une Coupe du monde, même s’il ne joue pas. Ce n’était d’ailleurs pas son objectif.
2010 : de Lloris à Henry, 9 ans, 4 mois et 9 jours
HUGO LLORIS
23 ans, 5 mois et 16 jours
gardien, 11 sélections
C’est le deuxième gardien côté benjamin, après Darui. Et s’il ne fait pas une grande coupe du monde, Hugo Lloris n’est pas ridicule lors des deux premiers matches. C’est franchement moins bon contre l’Afrique du Sud, mais l’affaire était déjà pliée à ce moment-là. Lui, au moins, sait qu’il aura d’autres occasions de briller plus tard.
THIERRY HENRY
32 ans, 9 mois et 25 jours
attaquant, 121 sélections
Ce tournoi, Thierry Henry n’aurait pas dû le jouer. Et d’ailleurs, il ne l’a pas vraiment joué, errant moins d’une heure sur les pelouses sud-africaines dans une équipe en perdition. Sa main contre l’Irlande huit mois plus tôt et son état de forme très limite auront complètement gâché sa sortie internationale.
WILLIAM GALLAS
32 ans, 9 mois et 25 jours
défenseur, 81 sélections
En 2010, il y avait deux doyens pour le prix d’un. Et à la vérité, si William Gallas a joué les trois matches en entier, ce n’est pas pour justifier des performances exceptionnelles. Correcte contre l’Uruguay, son association avec Abidal coule en deuxième période face au Mexique et celle avec Squillaci ne fait pas mieux contre l’Afrique du Sud.
2006 : de Ribéry à Barthez, 11 ans, 10 mois et 11 jours
FRANCK RIBÉRY
23 ans, 2 mois et 6 jours
attaquant, 2 sélections
Ribéry, c’est le coup de poker de Domenech, avec Pascal Chimbonda mais en plus fiable. Parti comme remplaçant de Wiltord, il lui prend sa place dès le début du tournoi et ne la lui laissera que contre la Corée du Sud. Son culot et ses capacités de percussion apportent beaucoup aux Bleus, même s’il manque de précision en finale contre l’Italie.
FABIEN BARTHEZ
34 ans, 11 mois et 15 jours
gardien, 80 sélections
C’est sur sa réputation que Barthez gagne sa place de titulaire en Allemagne devant Coupet qui s’y voyait déjà. Pourtant, hormis un placement hasardeux contre la Corée du Sud, Barthez réalise un très bon tournoi. On ne peut décemment pas lui reprocher de n’avoir pas sorti de tir au but, alors qu’il venait de récupérer le brassard de capitaine après l’expulsion de Zidane.
2002 : de Cissé à Lebœuf, 13 ans, 6 mois et 21 jours
DJIBRIL CISSÉ
20 ans, 9 mois et 19 jours
attaquant, 2 sélections
Roger Lemerre a été échaudé par ses nombreux essais en 2001, du coup Djibril Cissé est le seul nouveau de l’année 2002. Meilleur buteur du championnat de France, il est cependant barré par Henry et Trezeguet, et ne joue que des bouts de matches contre le Sénégal et l’Uruguay. Il remplace Dugarry pendant les 35 dernières minutes contre le Danemark, sans réussite.
FRANK LEBŒUF
34 ans, 4 mois et 9 jours
défenseur, 48 sélections
Partir à la conquête d’un deuxième titre mondial avec une charnière centrale de 34 ans de moyenne d’âge, c’était un pari risqué. Le duo Lebœuf-Desailly plonge contre le Sénégal et se disloque après la sortie sur blessure de Franckie contre l’Uruguay après un quart d’heure de jeu. La finale contre le Brésil semble alors bien loin.
1998 : de Trezeguet à Lama, 14 ans, 6 mois et 8 jours
DAVID TREZEGUET
20 ans, 7 mois et 27 jours
attaquant, 5 sélections
On se souviendra de Trezeguet pour son but contre l’Arabie saoudite, le pénalty provoqué face au Danemark, sa passe décisive pour Blanc contre le Paraguay et son tir au but réussi contre l’Italie. Et pour ses larmes sur le banc de touche contre le Brésil. Larmes d’émotion ou larmes de dépit alors que la défense auriverde menait une opération portes ouvertes ? On ne le sait toujours pas.
BERNARD LAMA
35 ans, 2 mois et 7 jours
gardien, 37 sélections
Titulaire à l’Euro anglais, Bernard Lama perd sa place suite à une suspension pour consommation de cannabis. Barthez s’est engouffré dans la brèche et pris sa place de titulaire. Du coup, Lama boude et refuse d’être aligné contre le Danemark au premier tour. Il sera champion du monde sans avoir joué.
1986 : de Papin à Giresse, 11 ans, 3 mois et 3 jours
JEAN-PIERRE PAPIN
22 ans, 6 mois et 27 jours
attaquant, 1 sélection
Papin est le lapin sorti du chapeau d’Henri Michel. Titulaire contre le Canada, le futur marseillais rate tout ce qu’il tente mais finit par marquer sur un coup de billard. Il est débute contre l’URSS et la Hongrie, puis il perd sa place au profit de Rocheteau. On ne le verra plus que face à la Belgique, où il marquera à nouveau. Dommage : face à la RFA en demi, il aurait sans doute pu apporter quelque chose.
ALAIN GIRESSE
33 ans, 9 mois et 29 jours
milieu, 41 sélections
Lui qui avait été si brillant en 1982 et 1984 est clairement au bout du rouleau en cet été 1986. Giresse va sur ses 34 ans et s’il réussit quelques fulgurances au premier tour contre l’URSS, il commence à coincer contre l’Italie, est dépassé contre le Brésil et complètement carbonisé contre la RFA. Mais ses remplaçants, Jean-Marc Ferreri et Philippe Vercruysse, ne le feront pas oublier, ni au Mundial, ni après.
1982 : de Bellone à Baratelli, 14 ans, 2 mois et 18 jours
BRUNO BELLONE
20 ans, 3 mois et 2 jours
attaquant, 6 sélections
On se souvient des vingt ans de Manuel Amoros à Séville, mais pas de ceux de Bruno Bellone. Il est vrai que le gaucher monégasque surnommé Lucky Luke n’est jamais aligné en Espagne, sauf lors du match de classement contre la Pologne. On aurait bien aimé le voir rentrer en prolongations contre la RFA à Séville, mais il n’était pas sur le banc et Hidalgo avait déjà utilisé ses deux remplaçants.
DOMINIQUE BARATELLI
34 ans, 5 mois et 21 jours
gardien, 21 sélections
Avant l’Espagne, c’est Baratelli qui semblait tenir la corde pour garder les cages françaises. Puis Ettori est arrivé et a relégué le gardien du PSG en troisième position. Du coup, il sera le seul à ne pas jouer une seule minute, alors que Castaneda sera aligné contre la Pologne. Vu les performances d’Ettori, on comprend ses regrets.
1978 : de Battiston à Guillou, 11 ans, 2 mois et 23 jours
PATRICK BATTISTON
21 ans, 2 mois et 21 jours
défenseur, 5 sélections
Au sein d’une sélection jeune et inexpérimentée (la dernière phase finale remonte à 1966 !), Battiston joue le match décisif contre l’Argentine à Buenos Aires, sans démériter d’ailleurs. Il ne sera toujours pas titulaire en 1982 mais entrera dans l’histoire pour dix petites minutes à Séville. Il formera avec Bossis une charnière centrale quasi infranchissable en 1986.
JEAN-MARC GUILLOU
32 ans, 5 mois et 13 jours
milieu, 18 sélections
Jean-Marc Guillou, meneur de jeu très technique, n’a jamais vraiment eu sa chance avec les Bleus. La convocation de Michel Hidalgo, qui l’a rappelé lors du match décisif contre la Bulgarie en novembre, ressemble plutôt à une récompense pour services rendus. Il joue le premier match contre l’Italie mais pas le deuxième où Bathenay, plus jeune, le remplace.
Et avant, c’était comment ? De 1930 à 1966
En Uruguay en 1930, c’est le milieu Marcel Pinel (22 ans et 5 jours) le benjamin, le plus ancien étant le gardien remplaçant André Tassin. Ce dernier est le plus jeune des doyens français en Coupe du monde : 28 ans, 4 mois et 20 jours. L’écart est le plus petit des 16 éditions de l’équipe de France : 6 ans, 4 mois et 15 jours.
En Italie en 1934, le plus jeune est le défenseur Louis Gabrillargues (19 ans, 11 mois et 20 jours), le premier à participer à une Coupe du monde avant ses vingt ans, le plus âgé étant le défenseur Jacques Mairesse (30 ans, 3 mois). L’écart est de 10 ans, 3 mois et 17 jours.
En France en 1938, le benjamin est le gardien Julien Darui (22 ans, 3 mois, 15 jours), le plus jeune à ce poste. Le doyen cette année-là est le défenseur Etienne Mattler (32 ans, 5 mois et 11 jours). L’écart est de 10 ans, 1 mois et 23 jours.
En Suisse en 1954, c’est le défenseur Guillaume Bieganski le plus jeune (21 ans, 7 mois et 13 jours) tandis que le défenseur Roger Marche est le plus ancien (30 ans, 3 mois et 11 jours). L’écart est de 8 ans, 7 mois et 28 jours.
En Suède en 1958, l’attaquant Maryan Wisnieski est le benjamin (21 ans, 4 mois et 7 jours) et c’est encore Roger Marche qui fait office de doyen (34 ans, 3 mois et 3 jours). C’est la première fois qu’un joueur est doyen lors de deux phases finales ! L’écart est de 12 ans, 10 mois et 26 jours.
Enfin, en 1966 en Angleterre, le plus jeune est le milieu Yves Herbet (20 ans, 10 mois et 24 jours) et le plus ancien est l’attaquant Hector de Bourgoing (31 ans, 11 mois et 18 jours). L’écart est de 11 ans et 24 jours.