Mise à jour d’un article initialement paru en février 2018.
Lire aussi Les Bleus, c’est de famille (1) : de père en fils.
Khéphren Thuram a fait ses débuts en équipe de France A le 24 mars 2023 contre les Pays-Bas. Avec son aîné Marcus, ils sont la treizième fratrie des Bleus. La douzième est constituée par Théo et Lucas Hernandez, réunis en octobre 2021. Il avait fallu attendre 44 ans après celle des Revelli en 1977. Les deux ont joué ensemble pour la première fois contre la Belgique le 7 octobre 2021 à Turin, en étant titulaires.
Entre les deux, il aurait pu y avoir les Cheyrou. Si Bruno (né en mai 1978) a joué trois fois entre 2002 et 2004, Benoît (né en mai 1981) n’a pas dépassé le seuil des Espoirs (en 2002-2003). Raymond Domenech l’a appellé dans le groupe contre l’Espagne en février 2010, mais il n’a pas joué.
Il faut donc remonter aux lointaines seventies pour retrouver trace d’une précédente fratrie en sélection. Il s’agit du duo d’attaquants Patrick et Hervé Revelli. Avant eux, dix autres duos fraternels se sont succédé en équipe de France, dont sept avant la seconde guerre mondiale.
Charles et Georges Bilot (1904-1912)
– 7 sélections au total
– Un match ensemble, le 1er mai 1904 (Belgique-France, 3-3)
Charles, né le 11 mars 1883 à Paris, est l’un des onze premiers joueurs de l’équipe de France, ceux du 1er mai 1904 contre la Belgique à Bruxelles. Il est accompagné de son frère Georges, né le 12 mai 1885 à Paris et licencié comme lui au CA Paris. Si Georges ne sera pas rappelé en sélection et vivra jusqu’en 1964, Charles jouera six fois jusqu’en 1912 où il décède à 31 ans après avoir été contaminé par un patient dont il était le médecin. Ils évoluent au poste de défenseur ou de demi (milieu de terrain).
Lire l’article Les premiers Bleus : Auguste, Charles et Georges, trois Bilot pour le prix d’un
André et Charles Renaux (1908)
– 2 sélections au total
– Aucun match ensemble
L’ainé et gardien de but André Renaux, né le 29 août 1882 à Roubaix, a été appelé pour un match contre les Anglais en mars 1908 en remplacement de Zacharie Bâton, le titulaire dans l’incapacité de se déplacer outre-Manche, et du numéro 2 de l’époque Maurice Tillette, blessé. Les mauvaises langues ont dit à l’époque qu’il a été convoqué car c’était le goal le plus proche pour rejoindre Londres, lieu de la rencontre, dans les temps. « Point faible de l’équipe » selon L’Auto, il concèdera 12 buts. Il est décédé à 41 ans d’une maladie du cœur en 1924.
Son frère Charles, un milieu de terrain de deux ans son cadet (né le 3 décembre 1884), surnommé « 40 chevaux », fera encore pire à l’occasion des Jeux olympiques de Londres sept mois plus tard. Il sera du sinistre 17-1 concédé face au Danemark, défaite record pour une sélection française. Courtier en assurances après sa carrière de joueur, il est resté fidèle à son club roubaisien dont il a occupé un temps le poste d’entraîneur.
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Victor et Julien Denis (1908)
– 3 sélections au total
– Un match ensemble, le 10 mai 1908 (Pays-Bas-France, 4-1)
Julien Denis, né le 20 mars 1886, fait partie des internationaux victimes du premier conflit mondial (il est tué le 15 août 1914). Entre temps, il joue deux fois en sélection, le 23 mars 1908 contre l’Angleterre amateur (0-12) aux Pays-Bas (1-4) au poste de demi-centre. A cette occasion, il est remplacé à la 55e minute par son frère Victor, cas unique dans l’histoire. Victor, né le 12 janvier 1889, joue à l’US Tourcoing et ne disputera qu’un seul match international, celui donc contre les Pays-Bas. Il vivra jusqu’en mars 1972.
A noter que Julien et Victor n’ont pas de lien de parenté avec Georges Denis, international en 1924.
Lire l’article Les premiers Bleus : Julien et Victor Denis, frères interchangeables
Jean et Raymond Dubly (1908-1914)
– 32 sélections au total
– aucun match ensemble
Si la famille Dubly, installée à Roubaix, a compté pas moins de neuf garçons, Jules ne figure pas parmi eux, même s’il a joué en même temps (1914) que Raymond.
Jean, né le 20 mars 1886, a connu brièvement l’équipe de France le 22 octobre 1908 comme arrière central à Londres contre le Danemark, pour ce qui restera sans doute (on l’espère en tout cas) la plus large défaite de l’histoire (1-17). Il est mort en novembre 1953.
Raymond est né le 5 novembre 1893. Cet ailier gauche du RC Tourcoing débute en Bleu le 16 février 1913 contre la Belgique (0-3). Avec 31 sélections jusqu’en 1925, il devient l’un des joueurs les plus capés de l’entre-deux-guerres. Très véloce, il inscrit 4 buts en équipe de France, et dispute le match historique du 5 mai 1921 contre l’Angleterre (2-1). il meurt en septembre 1988.
Lire l’article Les premiers Bleus : Jean et Jules Dubly, les faux frères du Nord
Paul et Félix Romano (1911-13)
– 4 sélections au total
– Aucun match ensemble
Paul est né le 3 octobre 1891, défenseur dans le club parisien de l’Etoile des deux lacs. Il compte trois sélections en équipe de France entre 1911 et 1912. Il ne joue pas avec son frère en sélection, car celui-ci, né le 6 juillet 1894 à Buenos Aires en Argentine et attaquant, ne jouera qu’une fois pour la France le 20 avril 1913, lui aussi contre le Luxembourg. Il marquera d’ailleurs le cinquième but de la large victoire française (8-0). Entre 1921 et 1924, il portera le maillot de l’Italie à cinq reprises.
Charles et Georges Geronimi (1911-1914)
– 2 sélections au total
– Aucun match ensemble
Né le 8 février 1895, Charles Géromini n’a joué qu’une fois en équipe de France, le 8 février 1914 contre le Luxembourg. Match historique, puisque c’est à ce jour la seule victoire du Grand-Duché contre la France (5-4). Charles inscrit d’ailleurs le troisième but français, le jour même de ses 19 ans. Il est mort à la fin de la Grande Guerre, le 9 novembre 1918.
Son frère Georges, né le 16 juin 1892, avait été appelé en sélection le 23 avril 1911 contre la Suisse à Genève (2-5) alors qu’il évoluait comme attaquant à Garenne-Colombes. Il a vécu centenaire, jusqu’en 1994.
Alexis et Pierre Mony (1920-1923)
– 6 sélections au total
– 1 match ensemble, le 18 janvier 1920 (Italie-France, 9-4)
Les deux défenseurs de l’US Boulogne débutent le même jour de janvier 1920 à Milan contre l’Italie. Arrivés un quart d’heure avant le coup d’envoi, les Français qui comptent huit débutants sont menés 0-3 au bout de 20 minutes mais reviennent à 3-4 à la mi-temps avant d’encaisser cinq buts. On ne reverra plus Alexis, né le 9 décembre 1897, au contraire de Pierre (né le 23 mars 1896) qui reviendra pour quatre autres matchs en 1923.
Jean et Lucien Laurent (1930-1935)
– 19 sélections au total
– un match ensemble, le 10 avril 1932 (France-Italie, 1-2)
A ce jour, c’est le seul cas de deux internationaux français ayant participé à une coupe du monde ensemble. Jean Laurent, né le 30 décembre 1906, est un défenseur sochalien quand il est appelé en équipe de France à neuf reprises entre 1930 et 1932, mais il ne joue pas lors des trois matchs en Uruguay où son frère Lucien entre dans l’histoire. Né le 10 décembre 1907, ce dernier arrive en sélection en février 1930 et évolue désormais pour Sochaux. Lui est titulaire contre le Mexique le 13 juillet 1930 et quand il marque le premier but des Bleus à la 19e minute, il devient sans le savoir le premier buteur de la Coupe du monde. Il comptera neuf autres sélections jusqu’en 1935 (deux buts) mais ne sera pas appelé lors de l’édition 1934 en Italie. Jean est mort en mai 1995, Lucien en avril 2005 à 97 ans.
Curt et Fritz Keller (1934-1937)
– 9 sélections au total
– aucun match ensemble
Fritz est né le 21 août 1913 à Strasbourg, alors dans l’Empire allemand. Attaquant du RC Strasbourg dans les années 30, il est appelé huit fois en sélection à partir du 10 mai 1934. Il joue le seul match de l’équipe de France lors de la Coupe du monde italienne contre l’Autriche, et termine sa carrière internationale en 1937 avec huit sélections (trois buts). il meurt en juin 1985.
Son frère Curt, né le 28 avril 1918, est lui aussi attaquant et débute à Strasbourg avant de partir à Sochaux. C’est là qu’il joue contre la Suisse le 10 octobre 1937 (2-1). C’est sa seule sélection. Il décède en mars 1992.
Paul et Pierre Sinibaldi (1946-1950)
– 3 sélections au total
– aucun match ensemble
Paul était le plus vieil international vivant, né le 3 décembre 1921, il a eu 96 ans et est mort le 2 avril 2018. Après avoir débuté comme gardien de but à Toulouse en 1947, il est transféré au Stade de Reims où il jouera jusqu’en 1956. Il est sélectionné une fois le 4 juin 1950 contre la Belgique (1-4).
Son frère Pierre, né le 29 février 1924, est un buteur du Stade de Reims quand il est appelé chez les Bleus le 19 mai 1946 pour une victoire contre l’Angleterre (2-1). Il joue une deuxième et dernière fois en sélection en octobre 1948 contre la Belgique (3-3). Il est le premier Corse à avoir été sélectionné en équipe de France, avant d’entraîner Anderlecht. Il est mort en 2012.
Hervé et Patrick Revelli (1973-77)
– 35 sélections au total entre 1966 et 1977
– deux matchs ensemble, le 21 novembre 1973 (Danemark, 3-0) et le 23 mars 1974 (Roumanie, 1-0)
Hervé Revelli, grand buteur du championnat de France avec Saint-Etienne, est né le 5 mars 1946 et a fait ses débuts en sélection en 1966, après la Coupe du monde en Angleterre. Il tombe au plus mauvais moment chez les Bleus, puisqu’il ne participera à aucune phase finale en neuf ans.
Son frère Patrick, né le 22 juin 1951, joue également à gauche de l’attaque stéphanoise. Il est appelé par Stefan Kovacs le le 21 novembre 1973 contre le Danemark, où il joue les 15 dernières minutes à la place de Chiesa. Hervé est titulaire. Les deux frères se retrouvent le 23 mars 1974 contre la Roumanie. Hervé est encore titulaire et sort à la 82e (remplacé par Berdoll) et Patrick entre à la 57e (à la place du débutant Christian Dalger). Ils ont donc 25 minutes en commun. C’est la dernière fois qu’ils porteront le maillot bleu ensemble. Hervé terminera sa carrière internationale en mars 1975 (30 sélections, 15 buts), tandis que Patrick jouera jusqu’en février 1977 (5 sélections, 1 but).
Lucas et Théo Hernandez (depuis 2021)
– 31 sélections au total depuis 2018
– 6 match ensemble : le 7 octobre 2021 (Belgique, 3-2), le 13 novembre 2021 (Kazakhstan, 8-0), le 25 mars 2022 (Côte d’Ivoire, 2-1), le 3 juin 2022 (Danemark, 1-2), le 7 septembre 2023 (Irlande, 2-0) et le 13 octobre 2023 (Pays-Bas, 2-1).
Lucas Hernandez, né le 14 février 1996, débute en équipe de France en mars 2018 contre la Colombie et ça commence plutôt mal, avec une défaite (2-3). Le défenseur de l’Atlético de Madrid remplace Lucas Digne à la 76e alors que les Colombiens ont égalisé. Ils obtiennent un pénalty à la 85e et l’emportent, à trois mois de la Coupe du monde. Mais Hernandez est retenu par Didier Deschamps dans la liste des 23 pour la Russie, et tout comme Benjamin Pavard, il devient titulaire dès le début du tournoi. Champion du monde 2018, il est blessé après 8 minutes de jeu contre l’Australie lors du premier match de l’édition 2022.
Son frère cadet Théo, né le 6 octobre 1997 et avec qui il a évolué à l’Atlético, rejoint les Bleus à la suite d’une brillante saison avec l’AC Milan. Il fait ses débuts au même poste, arrière gauche, mais plus haut, dans une défense à cinq. Contre la Belgique en Ligue des Nations en octobre 2021, Lucas occupe le côté gauche d’une défense à trois, tandis que Théo joue le rôle de piston gauche, à hauteur des milieux Rabiot et Pogba. Les deux frères joueront cinq autres fois ensemble, mais à la Coupe du monde 2022, Théo remplacera Lucas contre l’Australie et jouera toute la compétition comme arrière gauche.
Marcus et Khéphren Thuram (depuis 2023)
– 15 sélections au total depuis 2023
– aucun match en commun
Marcus est l’aîné de la fratrie (né le 6 août 1997), et fils du champion du monde et ex-recordman des sélections, Lilian Thuram. Il est appelé en équipe de France en novembre 2020, puis participe à l’Euro en juin 2021 et à la Coupe du monde en novembre-décembre 2022, où il entre en finale et donne une passe décisive à Kylian Mbappé sur la première égalisation française.
Son frère Khéphren, né le 26 mars 2001, intègre les Bleus lors du match suivant, en mars 2023 contre les Pays-Bas, mais Marcus, sur le banc, ne joue pas en même temps que lui. Les deux frères sont à nouveau réunis en novembre 2023.
Homonymes
De nombreux homonymes ont également joué en équipe de France, ce qui ne facilite évidemment pas les recherches ! Sont dans ce cas (les dates entre parenthèses correspondent à l’année de première sélection) :
– Daniel, Albert, Robert et François Mercier (1910, 1919, 1931 et 1942)
– Jules Dubly (1914) avec les frères Jean et Raymond Dubly
– Paul et Jean Nicolas (1920 et 1933),
– Fernand et Marcel Desrousseaux (1908 et 1935),
– André et Raymond François (1906 et 1936),
– Joseph et Sauveur Rodriguez (1932 et 1947),
– Roger et Désiré Carré (1947 et 1949),
– Jules et Roger Vandooren (1933 et 1949),
– Marcel et René Domingo (1948 et 1957),
– Albert et Roger Jouve (1906 et 1973),
– Pierre et Didier Six (1908 et 1976),
– Marcel et Jean-François Domergue (1922 et 1984),
– André et Fabrice Poullain (1913 et 1985),
– Raymond et Jean-Philippe Durand (1931 et 1988),
– Henri et Vincent Guérin (1948 et 1993),
– René, Jean et Emmanuel Petit (1920, 1977 et 1990),
– Marc Keller (ce dernier en 1995) avec les frères Fritz et Curt Keller
– Franck et Mikaël Silvestre (1989 et 2001)
– Alou et Lassana Diarra (2004 et 2007)
– Maurice et Jérémy Mathieu (1914 et 2011)
– Bernard, Benjamin et Ferland Mendy (2004, 2017 et 2018)
– Abou et Moussa Diaby (2007 et 2021)
Frères dans des sélections différentes
Enfin, on évoquera le cas de Paul Pogba, international français dont les deux frères Florentin et Mathias jouent pour la Guinée, ainsi que Steve Mandanda, dont le frère Parfait a été le gardien de la République démocratique du Congo.