Les Bleus, c’est de famille (1) : de père en fils

Publié le 12 avril 2023 - Bruno Colombari - 2

Sur près de 940 internationaux français, ils sont neuf à avoir succédé à leur père (ou grand-père) sous le maillot bleu. De Gallice à Thuram en passant par Rio, Pleimelding, Stopyra, Sénac, Djorkaeff et Frey, voici leur histoire.

Mise à jour d’un article initialement paru en juin 2021.
5 minutes de lecture

Il ne suffit pas d’être un immense footballeur pour voir son fils emprunter lui aussi les sentiers de la gloire. L’exemple de Laurent Platini, devenu célèbre le soir du jubilé de son père en mai 1988 mais qui n’a jamais fait carrière dans le football professionnel, est significatif. Ça ne l’a pas empêché de travailler pour le PSG, puis pour Burrda Sport et Lagardère.

D’autres, comme Thibault Giresse, ont fait une honnête carrière en Ligue 1. Mais ils sont huit à avoir été internationaux à la suite de leur père ou de leur grand-père. Même si deux seulement sont à créditer d’un parcours glorieux en sélection, c’est l’occasion de leur rendre hommage, dans l’ordre d’apparition des fils.

Dans une deuxième partie, je m’intéresserai aux fratries.

1951-1974 : René et Jean Gallice

René Gallice, né le 13 avril 1919 était un milieu de terrain ayant joué avant-guerre pour l’Olympique de Marseille (1936-1938) puis pour les Girondins de Bordeaux (1938-1955). Sa carrière professionnelle est interrompue, comme la plupart des footballeurs de sa génération, par l’Occupation et la deuxième guerre mondiale. Il y participe d’ailleurs en rejoignant les forces françaises libres en Palestine dès juillet 1940. Après-guerre, il retourne jouer pour Bordeaux avec qui il est champion de France en 1950 et pour lequel il disputera près de 400 matchs. Il est appelé une fois en équipe de France le 12 mai 1951 contre l’Irlande du Nord à Belfast (2-2). Il décède le 25 mai 1999 à l’âge de 80 ans.

Son fils Jean, né le 13 mai 1949, a comme son père fait l’essentiel de sa carrière à Bordeaux (1971-1977) avant de jouer deux ans à Lyon (1977-1979). Cet attaquant de petit gabarit a été appelé sept fois en équipe de France, d’abord par Stefan Kovacs à partir du 7 octobre 1974 (Belgique, 1-2), puis par Michel Hidalgo (une seule fois à Sofia en octobre 1976). A noter que son frère, André Gallice, défenseur à Bordeaux également à la même période (né en septembre 1950), a joué en équipe de France Espoirs.

1933-1976 : Roger et Patrice Rio

Roger Rio, né le 13 février 1913, était un milieu de terrain. Il compte 18 sélections entre 1933 et 1937 (pour 4 buts), et participe à la deuxième Coupe du monde de l’histoire en Italie en 1934 (élimination en huitièmes de finale contre l’Autriche). Il débute et termine sa carrière internationale sur deux cuisantes défaites symétriques (0-4), contre l’Autriche le 12 février 1933 et en Allemagne le 21 mars 1937. En club, il évolue au FC Rouen. Il est mort le 22 avril 1999 à 86 ans.

Son fils Patrice, solide défenseur central, né le 15 août 1948, joue lui aussi à Rouen et à Rennes, mais fait l’essentiel de sa carrière à Nantes (1970-1984). Il y remporte trois quatre titres de champion (1973, 1977, 1980 et 1983) et une Coupe de France (1979). Michel Hidalgo l’appelle chez les Bleus sur le tard, à plus de 25 ans le 27 mars 1976 contre la Tchécoslovaquie (2-2). Il joue 17 fois en sélection, dont la Coupe du monde en Argentine où il est associé à Marius Trésor en défense contre l’Italie. Il n’est ensuite rappelé qu’une seule fois, en septembre 1978 contre la Suède.

1953-1978 : René et Pierre Pleimelding

René Pleimelding, né le 13 février 1925, était un défenseur. Il a fait ses débuts au FC Nancy, dans l’équipe de Roger Piantoni (1948-1952) avant de rejoindre le Toulouse FC (1952-1958) où il gagnera une Coupe de France en 1957. Son unique sélection en Bleu date du 18 octobre 1953 à Zagreb contre la Yougoslavie (1-3). Il décède le 20 octobre 1958 à 65 ans.

Son fils, Pierre, né le 19 septembre 1952, est un attaquant itinérant, puisque sa carrière passe par Troyes, Monaco, Lille, le Servette Genève, l’AS Cannes et le FC Mulhouse. C’est pendant sa période lilloise (1977-1981) qu’il est appelé par Michel Hidalgo pour jouer contre l’Espagne au Parc le 8 novembre 1978 (1-0). C’est sa seule apparition internationale. Il meurt prématurément le 1er mai 2013 à 60 ans.

1960-1980 : Julien et Yannick Stopyra

Julien Stopyra, né le 10 janvier 1933, est un attaquant beaucoup moins connu que son fils Yannick. Il ne compte d’ailleurs qu’une seule cape, le 12 octobre 1960 à Bâle contre la Suisse (2-6) où il délivre une passe décisive à Yvon Goujon. En club, il est a joué pour Lens et Marseille en passant par Monaco, Sochaux et Troyes. Il meurt le 25 janvier 2015, quelques jours après ses 82 ans.

Son fils Yannick, né le 9 janvier 1961, a connu son heure de gloire lors de la Coupe du monde 1986 au Mexique (6 matchs, 2 buts) où il fut l’un des meilleurs attaquants du tournoi. Il compte 33 sélections avec les Bleus entre le 27 février 1980 (à 19 ans, contre la Grèce, où il inscrit le dernier but) et le 27 avril 1988, et 11 buts marqués. Lui aussi a souvent changé de club, passant par Sochaux, Rennes, Toulouse, Bordeaux, Cannes, et Metz.

1960-1984 : Guy et Didier Sénac

Guy Sénac, né le 13 mars 1932, a joué 347 matchs pros avec le Racing Club de France (1952-1963) et Lens (1963-1968) en tant que défenseur. Il est appelé en sélection à 28 ans, le 11 décembre 1960 contre la Bulgarie à Colombes (3-0). Sa deuxième cape est aussi la dernière le 15 mars 1961 face à la Belgique (1-1). Il décède le 13 janvier 2019 à 85 ans.

Son fils Didier, né le 2 octobre 1958, a lui aussi joué en défense et lui aussi au RC Lens (350 matchs entre 1977 et 1987) avant de rejoindre les Girondins de Bordeaux (299 matchs entre 1987 et 1995). Il compte 3 sélections entre le 21 novembre 1984 (Bulgarie, 1-0) et le 14 octobre 1987 (Norvège, 1-1) mais n’est pas appelé à la Coupe du monde 1986.

1964-1993 : Jean et Youri Djorkaeff

C’est la famille la plus prolifique du football français, puisque Jean et Youri cumulent à eux deux 130 sélections et 17 ans de présence internationale.

Jean Djorkaeff, né le 27 octobre 1939, était un défenseur dont l’essentiel de la carrière pro s’est jouée à Lyon entre 1958 et 1966. il passe ensuite quatre ans à Marseille (1966-1970) puis quatre ans dans les deux clubs parisiens (Paris SG et Paris FC) jusqu’en 1974. Il a remporté deux coupes de France en 1964 (avec Lyon) et 1969 (avec l’OM). En sélection, il débute le 4 octobre 1964 au Luxembourg (2-0) et joue 48 fois jusqu’en septembre 1972. Il porte le brassard 24 fois à partir d’avril 1969. Il dispute la Coupe du monde 1966 en Angleterre (éliminé au premier tour).

Son fils Youri, né le 9 mars 1968 à Lyon, est un attaquant qui joue plutôt en 9 et demi, en électron libre derrière une pointe. Il est appelé en équipe de France par Gérard Houllier le 13 octobre 1993 contre Israël (2-3) et porte le maillot bleu 82 fois jusqu’au 11 juin 2002. Il marque 28 buts en sélection, et dispute 19 matchs de phase finale lors des Coupes du monde 1998 et 2002 et des Euros 1996 et 2000. Il est champion du monde 1998 et champion d’Europe 2000, et remporte aussi la Coupe des Confédérations 2001.

En club, il débute à Strasbourg en D2 avant de rejoindre Monaco (1990-1995) avec une Coupe de France en 1991, puis le Paris SG (1995-1996) avec lequel il gagne la Coupe des Coupes. Il part ensuite à l’étranger à l’Inter Milan (1996-1999) où il remporte la Coupe UEFA, puis à Kaiserslautern (1999-2002) et en Angleterre à Bolton (2002-2004) et à Blackburn (2004-2005). Il finit sa carrière prolifique au Red Bulls New York.

1994-2020 : Lilian, Marcus et Khéphren Thuram

Il n’était pas né quand son père a débuté en équipe de France en août 1994 (le même jour que Zinédine Zidane). Il avait onze mois quand son géniteur est devenu champion du monde en juillet 1998, et trois ans lorsqu’il a ajouté un titre de champion d’Europe à son palmarès. Marcus avait presque neuf ans au moment de la finale de Berlin en 2006, et bientôt onze quand Lilian a quitté définitivement les Bleus un soir de juin 2008 après 142 sélections, record battu.

Après deux saisons à Sochaux, deux autres à Guingamp où il se révèle en attaque et un transfert à Mönchengladbach à l’été 2019, Marcus Thuram est convoqué par Didier Deschamps pour le rassemblement de l’équipe de France en novembre 2020. Il est même titularisé en amical contre la Finlande le 11 novembre, mais commence sa carrière en Bleu par un tir sur la barre et une défaite (0-2). Il est appelé dans la liste des 26 à l’Euro 2021, où il n’entre qu’en prolongations contre la Suisse à la place de Coman. Et contrairement à son père qui évitait les penalties, il prend ses responsabilités et transforme un tir au but. Il rejoue aussi à la Coupe du monde 2022 et participe à la finale où il donne une passe décisive à Mbappé.

Son frère cadet Khéphren, né en mars 2021, rejoint les Bleus en mars 2023 et début dans les toutes dernières minutes contre les Pays-Bas. Pour l’instant il n’a pas eu de temps de jeu en sélection avec Marcus.

1944-2007 : André et Sébastien Frey

Enfin, il y a le cas particulier de la famille Frey. André Frey, né le 5 novembre 1919, a joué défenseur alternativement au FC Metz et à Toulouse pendant la guerre avant de se stabiliser près de la Garonne en 1945. Avec l’équipe de France, il joue six fois entre le 24 décembre 1944 (3-1 contre la Belgique) et le 4 juin 1950 (Belgique, 1-4). Il décède le 18 décembre 2002 à 83 ans.

Il n’aura donc pas vu son petit-fils, Sébastien, né le 18 mars 1980, gardien de but atypique qui fit l’essentiel de sa carrière en Italie après des débuts à Cannes (1997-1998). Il joue à l’Inter Milan, Vérone, Parme, le Geona et la Fiorentina. Il compte deux sélections entre les périodes Barthez et Lloris, le 21 novembre 2007 en Ukraine (2-2) et le 27 mai 2008 contre l’Equateur à Grenoble (2-0). Il est dans la liste de l’Euro 2008 derrière Coupet et Mandanda.

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