Les 15 capitaines qui ont gagné l’Euro

Publié le 21 février 2024 - Bruno Colombari

De Igor Netto en 1960 à Giorgio Chiellini en 2021, ils sont 15 à avoir soulevé en premier le trophée Henry-Delaunay. Qui sont les 13 autres ? Du plus jeune au plus élégant en passant par le moins connu, portraits de ces capitaines entrés dans l’histoire un soir d’été.

Mise à jour d’un article initialement paru en février 2020.
6 minutes de lecture

Il faut être particulièrement pointu en histoire du football européen pour être capable de sortir au débotté les noms des capitaines des sélections qui ont remporté les quinze éditions de l’Euro. Encore faut-il au préalable se souvenir des 10 vainqueurs ! Les voici :
 l’URSS en 1960
 l’Espagne en 1964, 2008 et 2012
 l’Italie en 1968 et 2021
 l’Allemagne en 1972, 1980 et 1996
 la Tchécoslovaquie en 1976
 la France en 1984 et 2000
 les Pays-Bas en 1988
 le Danemark en 1992
 la Grèce en 2004
 le Portugal en 2016

Vous y voyez plus clair maintenant ? Les quatre plus récents sont faciles à trouver, d’autant qu’ils ne sont que trois. Les deux capitaines français aussi, et le tout premier a été donné en début d’article. Il en reste donc neuf. Les voici tous, sans souci d’ordre chronologique.

Le moins connu : Ferran Olivella (1964)

Le moins connu du lot, hormis par ceux qui ont fait un mémoire de fin d’études sur le football catalan sous Franco, est certainement Ferran Olivella. Le défenseur du FC Barcelone a pris la lumière la veille de son 28e anniversaire à l’issue de la finale contre l’URSS, tenante du titre, le 21 juin 1964 à Madrid. Mais il ne comptait que 12 sélections et n’en obtiendra que six de plus jusqu’en décembre 1965.

Le moins préparé : Lars Olsen (1992)

Le capitaine danois, comme tous ses coéquipiers, a eu une préparation à l’Euro des plus originales : il était en vacances, le Danemark ayant été appelé par l’UEFA après la mise à l’écart de la Yougoslavie en guerre. S’il a débuté en sélection en 1986, il n’a pas participé à la Coupe du monde au Mexique et évidemment pas à l’Euro 1984. Mais c’est lui qui soulève, à la surprise générale, la Coupe Henry-Delaunay après avoir sorti la France au premier tour, les Pays-Bas en demi-finale et l’Allemagne en finale.

Le plus âgé : Giorgio Chiellini (2021)

Absente de la Coupe du monde 2018, l’Italie se qualifie pour l’Euro 2020, repoussé d’un an en raison de l’épidémie de Covid-19 qui balaie l’Europe. S’il n’est pas champion du monde en 2006, il joue son premier Euro en 2008, où il contribue à éliminer la France dès le premier tour. Après avoir fêté sa centième sélection en 2018, il est le capitaine de la Squadra Azzurra qui va créer la surprise en atteignant la finale de l’Euro 2020, et en battant l’Angleterre aux tirs au but à Wembley. A 36 ans, 10 mois et 27 jours, il est le plus vieux capitaine champion d’Europe, associé à Leonardo Bonucci, 34 ans.

Le plus improbable : Théodoros Zagorakis (2004)

En 2004, personne n’aurait misé le moindre euro (la monnaie, pas la compétition) sur la Grèce, et sans doute pas les Grecs eux-mêmes. Mais ils battent le Portugal en match d’ouverture (2-1) et se sortent d’un premier tour piégeux. Avec leur organisation défensive extrêmement rigoureuse, ils éliminent la France en quart, la République tchèque en demi et tapent à nouveau le Portugal en finale, à chaque fois avec le même scénario : 1-0. A 32 ans et 10 mois, Zagorakis s’offre le titre de champion d’Europe et celui de meilleur joueur du tournoi. Mieux que Beckham, Zidane ou Figo !

Le plus discret : Bernard Dietz (1980)

Il y avait du beau linge parmi les champions d’Europe allemands en 1980 : Rummenigge, Kaltz, Schuster, Stielike, Förster… Mais qui était le capitaine ? Bernard Dietz, obscur défenseur du MSV Duisbourg et sélectionné pour la Coupe du monde 1978 en Argentine, où il a joué cinq matchs. Après l’Euro, il enchaîne huit capes et se retire en mai 1981. Discrètement.

Le plus précurseur : Igor Netto (1960)

Comme son homologue uruguayen José Nasazzi, le capitaine soviétique Igor Netto a le privilège d’avoir donné son nom à un trophée aussi virtuel qu’essentiel : le bâton de Netto, imaginé par Matthieu Delahais et Richard Coudrais, est en effet détenu par la sélection qui a battu le vainqueur du vainqueur du vainqueur (etc) du premier champion d’Europe de l’histoire (Lire l’article La France du capitaine Netto).

Le moins élégant : Anton Ondrus (1976)

Ce grand défenseur tchécoslovaque (1,89 m) ne paie pas de mine avec ses jambes arquées et sa démarche de girafe. Mais en demi-finale du championnat d’Europe 1976, il met Johan Cruyff dans sa poche et ouvre le score de la tête, participant grandement à la victoire de son équipe (3-1), même s’il inscrit aussi un but contre son camp. En finale, il transforme un des tirs au but contre Sepp Maier, autre légende des années 70. L’élégance, on s’en fout.

Le plus élégant : Giacinto Facchetti (1968)

On entre là dans la catégorie des capitaines ayant marqué l’histoire de leur sélection. L’arrière gauche de l’Inter, Giacinto Facchetti, se fait remarquer avec la Saquadra Azzura dès la Coupe du monde 1966 malgré une élimination précoce. En 1968, il est capitaine d’une équipe italienne réaliste qui s’y reprend à deux fois pour battre la Yougoslavie après avoir éliminé l’URSS en demi-finale au tirage au sort. Ancien attaquant reconverti en défense, il a une technique très élégante qui lui permet de marquer 75 buts en club avec l’Inter. Il est victime d’un cancer du pancréas en 2006, à seulement 64 ans.

Le plus efficace : Jurgen Klinsmann (1996)

C’était un renard des surfaces comme le foot allemand en produit de manière industrielle, l’héritier de Uwe Seeler, de Gerd Müller, de Rüdi Voller, et qui sera suivi par Miroslav Klose. Jurgen Klinsmann a bientôt 32 ans lors de l’Euro 1996 auquel il tient tant : alors qu’il a remporté la Coupe du monde en 1990, il a échoué en finale de l’Euro 1992 contre le Danemark et ça ne lui a pas plu. Face à l’inattendue République tchèque, il ne marque pas mais contribue à la victoire de la Mannschaft en prolongations, le but en or du remplaçant Oliver Bierhoff écourtant la partie (95e, 2-1). C’est à lui que la reine d’Angleterre remet le trophée.

Le plus jeune : Ruud Gullit (1988)

A 25 ans et 9 mois, il est déjà capitaine de l’équipe des Pays-Bas, où il incarne avec Marco Van Basten et Franck Rijkaard une triplette qui va dominer l’Europe pendant quatre ans, encore plus en club (à l’AC Milan) qu’en sélection, les Pays-Bas ne confirmant pas leur statut de champion d’Europe en 1990 et 1992. Très grand (1,91 m), parfaitement cool avec ses dreadlocks rasta qui lui donnent de faux airs de Yannick Noah, ce fils d’un prof d’origine surinamienne est surnommé la Tulipe noire.

Le plus empereur : Franz Beckenbauer (1972)

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Au lieu du « plat du pied, sécurité », Beckenbauer préférait délivrer ses passes de l’extérieur du droit. Tellement plus classe… En 1972, il n’est pas encore champion du monde et n’a toujours pas remporté de Coupe d’Europe avec le Bayern, mais ça ne va pas tarder. A un peu moins de 27 ans, il compte déjà 64 sélections et ce n’est pas la Belgique (2-1 en demi-finale) ni l’URSS (3-0 en finale) qui vont l’arrêter. Le Kaizer est en marche : il remporte son premier Ballon d’or en décembre.

Le plus champion du monde : Didier Deschamps (2000)

En juillet 2000, pour sa 101e sélection, le capitaine des Bleus est le premier champion du monde de l’histoire à devenir aussi champion d’Europe. Il est donc parfaitement à l’aise au moment de soulever le trophée, après une finale au suspense insoutenable contre l’Italie, où il vient de passer cinq ans en club avec la Juventus. Il sait alors que sa carrière internationale touche à sa fin, mais vingt ans après, il a un autre objectif en tête : devenir le premier à réaliser un double-double, vainqueur de la Coupe du monde puis de l’Euro en tant que joueur et en tant que sélectionneur.

Le plus sur la touche : Cristiano Ronaldo (2016)

Douze ans après un cuisant échec en finale en 2004, Cristiano Ronaldo touche le Graal, en l’occurence le trophée Henri-Delaunay. Mais, paradoxe, il est le capitaine qui a passé le moins de temps sur la pelouse lors de la finale contre la France : blessé au genou par Dimitri Payet à la 8e minute, il sort définitivement à la 25e après un premier aller-retour sur la touche pour se faire soigner. C’est depuis le banc qu’il assiste au combat acharné de ses coéquipiers, menés par Pepe qui a repris le brassard, puis à la victoire en prolongations.

Le meilleur : Michel Platini (1984)

Avec lui, difficile d’être objectif tant je l’ai admiré (en tant que joueur, du moins). Mais c’est sans doute le plus doué du lot. En 1984, il est absolument intouchable, et porte les Bleus en finale en marquant huit fois en quatre matchs, dont deux triplés. Contre l’Espagne, il souffre, mais un coup franc en marque déposée trompe Luis Arconada et donne un premier titre international à l’équipe de France, 80 ans après ses débuts. Platini entre dans la légende.

Le plus gardien : Iker Casillas (2008 et 2012)

Jamais avant lui un gardien de but n’avait gagné l’Euro en portant le brassard de capitaine. Il va le faire deux fois d’affilée, la première en 2008 contre l’Allemagne, la deuxième en 2012 face à l’Italie, en battant à cette occasion le record de sélections pour un capitaine vainqueur : 137. Si on ajoute qu’entre les deux, Casillas a soulevé la Coupe du monde à Johannesburg en 2010, et qu’il n’a encaissé aucun but lors de ses trois finales, on aura dressé le portrait du plus illustre des capitaines.

Il y a de quoi faire une belle équipe-type avec ces quinze-là. J’ai choisi de mettre Olivella, Chiellini, Netto et Olsen dans les remplaçants, choix discutable évidemment. Mais le milieu Deschamps-Zagorakis-Platini est imprenable, et ue attaque Ronaldo-Klinsmann-Gullit aurait fière allure. La défense aussi, avec Facchetti à gauche et le duo Ondrus-Beckenbauer dans l’axe, devant Casillas. Seul Dietz à droite semble un peu en dedans, mais il n’y avait pas beaucoup de choix à ce poste.

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