Quel objectif pour la coupe du monde ?
Après avoir arraché de haute lutte leur billet pour le Brésil, les Bleus vont forcément se fixer un objectif. Le tirage plutôt favorable ne laisse guère de marge de manœuvre à l’équipe de France. Une place en huitièmes semble donc un minimum. Si les Bleus évitent l’Argentine, ils devraient rencontrer l’Allemagne en quarts. Dès lors, compte tenu du niveau actuel de la sélection, une élimination n’aurait rien de catastrophique. D’autre part, depuis 1978, l’équipe de France n’a plus échoué deux fois de suite au premier tour d’une coupe du monde, les éliminations prématurées de 1978 et 2002 ayant été suivis par des rebonds en 1982 et 1986 (demi-finalistes) et 2006 (finaliste). Certes, en 1990 et 1994, les Bleus n’étaient même pas en phase finale, mais ils se sont bien rattrapés en 1998. Un autre signe ? Eliminés de l’Euro 2004 en quart de finale, les Bleus avaient atteint la finale mondiale deux ans plus tard. Et comme ils ont été sortis par l’Espagne en quart de finale de l’Euro 2012...
A quoi va servir le match contre les Pays-Bas en mars ?
Le premier match d’une année de phase finale mondiale sert-il à quelque chose ? Logiquement, on pourrait en douter : placé trois mois avant l’ouverture du tournoi, il est trop loin de la publication de la liste des 23 pour être décisif. En revanche, il est l’occasion pour le sélectionneur de faire d’ultimes tests. En 2010, les Bleus avaient été surclassés par l’Espagne au Stade de France (0-2). Michael Ciani, essayé en défense centrale, ne s’en était jamais remis. En 2006, Raymond Domenech perdait son premier match de sélectionneur contre la Slovaquie (1-2), et Anelka, décevant, perdait lui toute chance d’aller en Allemagne. En 2002, les Bleus se préparent en battant la Roumanie (2-1), avec Eric Carrière qui remplaçait Zidane à 20 minutes de la fin. Dommage d’ailleurs que Roger Lemerre ne l’ait pas retenu dans la liste des 23 trois mois plus tard. Enfin, en 1998, c’est dans un Stade de France congelé que l’équipe de France inaugurait son année triomphale par une victoire probante contre l’Espagne (1-0) avec deux débutants ce soir-là, Bernard Diomède et David Trezeguet. Ils seront champions du monde l’été suivant.
Le Honduras, nouvel adversaire, c’est grave ?
Des 31 adversaires possibles au Brésil, deux seulement n’ont jamais croisé la route des Bleus : le Honduras et le Ghana. La plupart du temps, rencontrer un nouvel adversaire en coupe du monde n’est pas une mauvaise chose : en 2006, l’équipe de France avait battu le Togo (2-0) dans un match décisif pour sortir du premier tour, et en 1998, l’Arabie Saoudite (4-0) et la Croatie (2-1) s’étaient inclinées, tout comme le Canada en 1986 (1-0) ou le Koweït en 1982 (4-1). Le seul contre-exemple récent date du 31 mai 2002, quand le Sénégal avait créé une énorme surprise en maraboutant les Bleus champions du monde sortants à Séoul (0-1). Prudence, donc.
Comment éviter un nul d’entrée ?
On l’a dit et répété cinquante mille fois : si une défaite inaugurale n’entraîne pas mécaniquement une élimination au premier tour (Angleterre 1982), seule une victoire d’entrée ouvre la possibilité d’un titre (Danemark 1984 et 2000, Afrique du Sud 1998). Commencer par un match nul, comme l’ont fait les Bleus à chaque phase finale depuis 2006 (Suisse 0-0, Roumanie 0-0, Uruguay 0-0 et Angleterre 1-1), c’est se mettre d’entrée la pression et enlever au sélectionneur toute velléité de faire tourner l’effectif lors d’un troisième match forcément décisif. Contre le Honduras à Porto Alegre, il faudra donc jouer sans le frein à main, prendre des risques, attaquer.
Ribéry va-t-il bouder s’il n’a pas le Ballon d’Or ?
On l’a vu en novembre dernier, Franck Ribéry a du mal à admettre que toute la France ne soit pas derrière lui dans sa quête du Ballon d’Or 2013. Outre que l’intéressé a la mémoire courte, il fait lui-même preuve de peu de discernement en se plaignant d’un propos de Mamadou Sakho, lequel avait affirmé qu’il choisirait plutôt Cristiano Ronaldo. Si, comme c’est probable, le Munichois n’est pas récompensé, on imagine l’ambiance cordiale à Clairefontaine lors du prochain rassemblement des Bleus, début mars. Pas forcément de quoi semer la discorde dans le groupe, mais on a vu dans le passé récent des crises éclater pour des broutilles.
La liste des 23 est-elle déjà bouclée ?
Logiquement non. D’abord parce que le sélectionneur a tout intérêt à garder sous pression une trentaine de joueurs au moins jusqu’à la fin mai et l’annonce de la liste en question. Et puis parce que certains postes n’ont toujours pas de doublure attitrée, voire de titulaire indiscutable. Gaël Clichy, Clément Grenier et Samir Nasri n’ont pour l’instant aucune garantie d’aller au Brésil, et Didier Deschamps n’a pas d’alternative à gauche en cas d’absence de Ribéry. La fin d’année inquiétante d’Eric Abidal et le rétablissement fragile de Raphaël Varane laissent aussi des questions ouvertes pour la charnière centrale.
Qui sera la surprise du chef ?
On le sait, traditionnellement le sélectionneur aime bien sortir un lapin de son chapeau quelques mois, voire quelques semaines avant une coupe du monde. C’était le cas de Marc Planus en 2010, de Pascal Chimbonda et de Franck Ribéry en 2006, de Djibril Cissé en 2002 ou de Bernard Diomède et David Trezeguet en 1998, sans même remonter à Jean-Pierre Papin en 1986 ou Manuel Amoros en 1982. Pour 2014, trois noms reviennent le plus souvent : Lucas Digne comme arrière gauche, Antoine Griezman et Florian Thauvin comme attaquants côté droit. Le premier cité, qui a profité de la blessure de Maxwell pour gagner du temps de jeu avec le PSG en décembre, pourrait même chiper le poste de titulaire à Patrice Evra. Quant aux deux autres, ils ont un coup à jouer si Deschamps aligne les Bleus en 4-2-3-1 avec Valbuena dans l’axe. En 4-3-3 avec un milieu Cabaye-Matuidi-Pogba et Valbuena à droite, ils pourraient disputer à Dimitri Payet un rôle de joker.
Quelle leçon Deschamps tirera-t-il de ses quatre phases finales ?
S’il a raté deux coupes du monde en 1990 et 1994, Didier Deschamps en a disputé une (1998), à laquelle il faut ajouter trois Euros consécutifs (1992, 1996 et 2000) avec trois sélectionneurs différents (Platini, Jacquet et Lemerre). Autant dire qu’il sait de l’intérieur comment se comporte un groupe sur une longue durée. Cette expérience de joueur est-elle transposable au sélectionneur ? Michel Platini avait lui aussi joué quatre phases finales avant de préparer celle de 1992 soldée par un échec. Même chose pour Laurent Blanc, qui a disputé les mêmes que Deschamps mais qui n’a pas su faire prendre la mayonnaise en Ukraine en 2012.
Quand Benzema entrera-t-il dans le top 10 des buteurs ?
En marquant trois fois lors des quatre derniers matches des Bleus, Karim Benzema a non seulement mis fin à une longue période de stérilité, mais il s’est aussi rapproché du top 10. Le Madrilène compte désormais 18 buts, et pour décrocher la dixième place, il lui faudra faire mieux que Raymond Kopa, Jean Baratte, Eric Cantona, Paul et Jean Nicolas. Les trois derniers sont à vingt buts, mais avec une meilleure moyenne par match. C’est en atteignant les 21 buts que Benzema gagnera le top 10 et aura Jean Vincent (22 buts) dans le collimateur. Normalement, ça devrait être possible d’ici la coupe du monde, lors des quatre prochains matches amicaux.
Qui marquera un triplé en 2014 ?
Franck Ribéry, Olivier Giroud et Mamadou Sakho ne sont pas passés loin, mais ils n’ont pas pu faire mieux qu’un doublé chacun en 2013. Autant dire que pour voir un triplé en équipe de France, il faudra attendre. Le dernier en date remonte au mois d’août 2000, et encore David Trezeguet l’avait-il réalisé dans un match style Harlem Globe Trotters contre une sélection Fifa qui ne ressemblait à rien. Et l’avant-dernier date de novembre 1985, réussi par Dominique Rocheteau contre le Luxembourg. Alors, qui va se dévouer cette année ?
Qui marquera un coup franc direct cette année ?
Michel Platini doit s’arracher les cheveux à chaque fois que les Bleus obtiennent un coup-franc bien placé et n’en font rien. Lui qui en a transformé onze en sélection se souvient-il du dernier en date ? C’était le 13 octobre 2007 à Thorshavn contre les Féroé, et il était signé Jérôme Rothen. Yohan Cabaye et Franck Ribéry sont pourtant de bons tireurs en club, mais on les attend toujours en sélection.
La préparation de l’Euro 2016 a-t-elle déjà commencé ?
Après la qualification pour la coupe du monde, Noël Le Graët a confirmé que le contrat de Didier Deschamps sera prolongé jusqu’à l’Euro 2016. Pour autant, il serait prématuré de dire que le sélectionneur pense déjà au coup d’après. La composition de la liste des 23 donnera une indication en ce sens : s’il maintient dans le groupe Eric Abidal et Patrice Evra, c’est qu’il mise sur le court terme. S’il écarte ces deux anciens, c’est qu’il veut offrir à des jeunes une expérience du haut niveau.
Que penser de la proposition Platini ?
Alors que la fédération commençait à réfléchir à la manière de remplir le calendrier de matches amicaux entre septembre 2014 et mai 2016, une proposition étonnante est venue de Michel Platini quelques jours avant Noël : pourquoi ne pas intégrer l’équipe de France dans le seul groupe à cinq équipes des poules qualificatives de l’Euro ? Dans ce cas, bien sûr, les Bleus garderaient leur statut de pays qualifié d’office, et le résultat de leurs rencontres ne serait pas comptabilisé. L’inconvénient, c’est que la FFF ne choisirait pas ses adversaires (du moins pas tous, puisqu’il restera une demi-douzaine de créneaux amicaux sur la période). L’avantage, c’est qu’elle n’aura pas de mal à en trouver, dans une période où toutes les sélections européennes seront engagées dans les qualifications.
Quels adversaires potentiels au tirage au sort de Nice ?
Si la proposition Platini est retenue, on peut imaginer dans quel groupe les Bleus pourraient tomber, en souhaitant bien sûr qu’il soit le plus relevé possible. Il y aura forcément une tête de série, à choisir parmi l’Espagne, l’Allemagne, le Portugal, l’Italie, la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique et la Grèce. Le deuxième chapeau devrait contenir l’Angleterre, la Croatie, l’Ukraine, la Bosnie, la Russie, le Danemark, la Suède et la République tchèque (d’après le dernier classement Fifa pour la zone européenne). Les Bleus pourraient donc tomber dans un groupe composé de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la Serbie et du Pays de Galles. Amusant, non ?