C’est la première fois qu’un France-Allemagne se joue au premier tour
Dans la longue et riche histoire des France-Allemagne, il y a beaucoup plus d’amicaux que de matchs de compétition. Et parmi eux, la grande majorité 6 sur 8) ont eu lieu en phase finale. Mais jusqu’en 2021, ce n’était jamais arrivé au premier tour. A quatre reprises, Français et Allemands se sont retrouvés dans le dernier carré : en 1958 pour la troisième place en Suède, en 1982 et 1986 en demi-finale de Coupe du monde en Espagne et au Mexique, et en 2016 en demi-finale de l’Euro en France. La cinquième rencontre a eu lieu au stade des quarts de finale, en 2014 au Brésil.
Il aura fallu attendre septembre 2018 pour voir un France-Allemagne (et même deux) joué dans le cadre d’une phase éliminatoire, celle de la Ligue des Nations. Ce premier tour à l’Euro complète le tableau, auquel il ne manque désormais plus qu’une finale. Il est peu probable qu’elle ait lieu cette année, mais c’est encore possible.
Jouer à domicile et à l’extérieur en même temps
Trois des Bleus qui ont foulé la pelouse de l’Allianz Arena ont eu le privilège paradoxal de jouer à la fois à domicile et à l’extérieur : Benjamin Pavard, Lucas Hernandez et Corentin Tolisso, qui évoluent au Bayern Munich, n’étaient pas dépaysés, même si avec l’équipe de France ils étaient considérés comme les visiteurs (même si en réalité le match est considéré comme disputé sur terrain neutre). Ce n’est pas inédit en phase finale, mais c’est extrêmement rare. Le seul précédent date de juillet 2006, et c’était au même endroit, contre le Portugal en demi-finale de Coupe du monde. Et logiquement, le joueur concerné était le latéral droit du Bayern Willy Sagnol.
Ce cas étonnant est évidemment plus fréquent pour des matchs de phase finale disputés en France. Laurent Blanc et Christophe Dugarry (OM) ont rencontré l’Afrique du Sud au Vélodrome de Marseille en 1998. Avant eux, Maxime Bossis (Nantes) avait croisé la Belgique à la Beaujoire et Luis Fernandez (PSG) le Danemark et l’Espagne au Parc des Princes, en 1984. Mais c’est en 1938 que quatre joueurs du Racing Club de France ont participé aux deux matchs de Coupe du monde à Colombes, contre la Belgique et l’Italie : Alfred Aston, Raoul Diagne, Oscar Heisserer et Gusti Jordan.
Le maillot : le kit bleu-bleu-rouge regagne enfin
En dépit de son inélégance, cet ensemble n’a pas porté la poisse aux Français, contrairement aux trois dernières sorties qui s’étaient soldées par deux nuls (Portugal, Ukraine) et une défaite (Finlande). Dans l’histoire de l’équipe de France, c’est la 46e fois qu’il est utilisé (depuis la demi-finale 1998 contre la Croatie) pour 30 victoires, 10 nuls et 6 défaites. Les Bleus l’avaient déjà porté face à l’Allemagne lors de la demi-finale de l’Euro 2016 à Marseille (la Mannschaft jouant alors en short noir et chaussettes noires).
Le score : 1-0
C’est le moins original de l’histoire des Bleus, puisqu’il est revenu 84 fois, soit dans près d’une victoire sur cinq. C’est le 14e depuis que Deschamps est sélectionneur. Munich n’est pas une ville très prolifique en buts pour l’équipe de France qui n’y a certes jamais encaissé le moindre but en trois rencontres, mais qui n’en a marqué que deux, le premier étant le pénalty de Zidane en 2006 contre le Portugal. C’est le troisième 1-0 en phase finale d’Euro après la Roumanie en 1996 et le Danemark en 1984, tous trois lors du premier match du tournoi. Et le sixième contre l’Allemagne après ceux de 1931, 1977, 1984, 1996 et 2001, tous en amical.
L’arbitre : Carlos Del Cerro Grande (Espagne)
Il avait déjà arbitré les Bleus lors de France-Portugal d’octobre 2020 à Saint-Denis (0-0). 36 arbitres espagnols ont dirigé 60 matchs de l’équipe de France (31 victoires, 20 nuls, 8 défaites) depuis 1927.
Parmi eux, trois l’ont fait lors d’un match de Coupe du monde : José María Garcia-Aranda Encinar pour le France-Croatie de 1998 (avec l’expulsion de Laurent Blanc pour une gifle à Slaven Bilic) et Juan Gardeazabal pour les victoires contre le Paraguay (7-3) et l’Irlande du Nord (4-0) en 1958. A l’Euro, il y a eu Antonio Lopez Nieto contre les Pays-Bas (0-0) en 1996 et Manuel Mejuto González face à la Roumanie (0-0) en 2008.
L’indice de renouvellement : 1/11
Les quatre changements effectués en juin 2018 entre le dernier match amical et le premier de la Coupe du monde étaient une exception : à Munich, Didier Deschamps est revenu à du classique, puisqu’il a reconduit l’intégralité de son équipe-type alignée contre la Bulgarie à l’exception de Tolisso qui a laissé sa place à Rabiot. C’est l’équivalent de ce qu’il avait fait à l’Euro 2016 contre la Roumanie (un seul changement par rapport au dernier amical) et proche de ses choix de la Coupe du monde 2014 (deux). De ce point de vue, il est plus en avance qu’en 2018 où l’équipe-type ne s’était dégagée que lors du second match contre le Pérou, avec les retours de Matuidi et Giroud, ou qu’en 2016, où elle n’était apparue qu’en quart de finale avec l’arrivée de Umtiti à la place de Rami et de Sissoko plutôt que Kanté.
Le sélectionneur : Deschamps en phase finale
C’est la huitième phase finale de Deschamps. Il en a disputé quatre en tant que joueur, dont deux gagnées (Euro 92, Euro 96, CM 98 et Euro 2000) et trois autres en tant que sélectionneur, dont une gagnée (CM 14, Euro 16 et CM 18). En sept participations, il n’a été éliminé que deux fois avant les demi-finales. Il a joué 19 matchs de phase finale en tant que joueur (12 victoires, 5 nuls, 2 défaites) et 19 en tant que sélectionneur avant l’Euro (14 victoires, 3 nuls et 2 défaites) soit au total 26 victoires, 8 nuls et 4 défaites). Il en est désormais à 20, pour 15 victoires, et même 27 matchs gagnés sur 39 en cumulant ses deux carrières. Impressionnant.
Le premier match de phase finale après un titre
1986 : Canada à Leon (1-0)
2000 : Danemark à Bruges (3-0)
2002 : Sénégal à Séoul (0-1)
2021 : Allemagne à Munich (1-0)
C’est plutôt de bon augure : quand les Bleus ont un titre à défendre en début de tournoi, et qu’ils gagnent le premier match, ils vont au moins dans le dernier carré. Au contraire, quand ils perdent, comme c’est arrivé en 2002, c’est signe que l’élimination sera rapide. Certes, avec seulement quatre occurrences, c’est un peu court pour en tirer des conclusions statistiques.
Comment l’effectif a bougé entre la finale et le premier match de phase finale suivante
Depuis la victoire contre la Croatie à Moscou le 15 juillet 2018, Didier Deschamps a assez peu modifié son équipe-type : il n’y a que trois changements parmi les titulaires, et encore, Presnel Kimpembe faisait partie du groupe en Russie, et Adrien Rabiot comme Karim Benzema étaient internationaux bien avant (depuis fin 2016 pour le premier, début 2007 pour le deuxième). Giroud, Matuidi et Umtiti en ont fait les frais.
Cette jauge de trois changements est parfaitement raccord avec les trois précédents de 1986, 2000 et 2002 lors du premier match de phase finale ayant suivi un titre européen ou mondial. Au Mexique en 1986, Henri Michel aligne Ayache, Amoros, Papin et Stopyra en lieu et place de Domergue, Le Roux, Lacombe et Bellone. Mais Amoros était entré en jeu en fin de match lors de la finale de l’Euro 1984 contre l’Espagne. Les sept autres (Bats, Bossis, Battiston, Fernandez, Tigana, Giresse et Platini) sont reconduits. Bellone est remplaçant.
En 2000 contre le Danemark à Bruges, Roger Lemerre reprend huit des champions du monde titulaires contre le Brésil : Barthez, Thuram, Desailly, Lizarazu, Petit, Deschamps, Zidane et Djorkaeff. Il complète avec Anelka, Blanc et Henry à la place de Guivarc’h, Karembeu et Leboeuf. Vieira, déjà entré en jeu en 1998, remplacera Djorkaeff en cours de partie.
Enfin, en 2002, l’équipe de France commence contre le Sénégal à Séoul avec 9 des 14 finalistes de l’Euro 2000, Petit et Lebœuf prenant les places laissées vacantes par Deschamps et Blanc. Wiltord et Trezeguet, qui étaient remplaçants à Rotterdam, sont titularisés aux places de Dugarry et Zidane.
-
Lire l’article Les rotations de l’équipe de France en phase finale
Les joueurs : Griezmann rejoint Wiltord, Pogba dans le top 20
Inexorablement, Antoine Griezmann s’approche des cent sélections, qu’il n’atteindra pas à l’Euro (il en est à 92) mais certainement à l’automne prochain. En attendant, il vient de dépasser Sylvain Wiltord au classement des sélectionnés. S’il a le même nombre de capes que le buteur de la finale contre l’Italie en 2000, Griezmann le devance au temps de jeu (1190 minutes de plus, soit près de vingt heures), aux victoires (66 contre 64) et aux buts marqués (37 contre 26).
Paul Pogba, dont les stats sont remarquables (58 victoires pour 10 défaites en 81 sélections) a désormais sorti Franck Ribéry du top 20 grâce à un temps de jeu supérieur (545 minutes de plus). Si la France va au bout à l’Euro, il devrait être tour près de Fabien Barthez (87). Quant à Lucas Hernandez, il vient d’enchaîner sa 26e sélection sans défaite : il n’a perdu qu’un match en Bleu, son tout premier contre la Colombie en mars 2018, où il avait remplacé Digne pour le dernier quart d’heure.
Clas. | Joueur | Sel | Tps jeu mn | % tit | G | N | P | Année | Ordre |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
2 | Hugo Lloris | 126 | 11319 | 100% | 77 | 27 | 22 | 2008 | 833 |
11 | Antoine Griezmann | 92 | 6690 | 84% | 66 | 14 | 12 | 2014 | 874 |
16 | Karim Benzema | 84 | 5349 | 74% | 48 | 20 | 16 | 2007 | 820 |
20 | Paul Pogba | 81 | 6255 | 86% | 58 | 13 | 10 | 2013 | 868 |
25 | Raphaël Varane | 76 | 6431 | 96% | 52 | 13 | 11 | 2013 | 867 |
55 | N’Golo Kanté | 47 | 3565 | 85% | 35 | 8 | 4 | 2016 | 884 |
61 | Kylian Mbappé | 45 | 3169 | 80% | 32 | 8 | 5 | 2017 | 893 |
86 | Benjamin Pavard | 36 | 2797 | 86% | 27 | 7 | 2 | 2017 | 897 |
118 | Lucas Hernandez | 27 | 1905 | 85% | 20 | 6 | 1 | 2018 | 900 |
122 | Corentin Tolisso | 26 | 1645 | 73% | 21 | 4 | 1 | 2017 | 894 |
126 | Ousmane Dembélé | 26 | 983 | 38% | 16 | 7 | 3 | 2016 | 887 |
186 | Presnel Kimpembe | 18 | 1346 | 78% | 13 | 4 | 1 | 2018 | 901 |
213 | Adrien Rabiot | 16 | 1081 | 75% | 11 | 4 | 1 | 2016 | 889 |
Le buteur : un neuvième CSC en phase finale
En marquant le seul but du match, Mats Hummels n’a pas seulement joué un remake inversé du quart de finale de Rio en 2014. il est devenu le neuvième buteur contre son camp face aux Bleus en phase finale. Il y en avait eu deux en 2018 (l’Australien Aziz Behich et le Croate Mario Mandzukic), deux en 2014 (le Hondurien Noel Valladares et le Nigérian Joseph Yobo), un en 2004 (le Croate Igor Tudor), un en 1998 (le Sud-Africain Pierre Issa), un en 1996 (le Bulgare Lyuboslav Penev) et un en 1954 (le Mexicain Raul Cardenas). En tout, 34 joueurs étrangers ont marqué contre leur camp pour la France. Le tout premier était d’ailleurs un Allemand, Einhold Münzenberg, lors du France-Allemagne de 1931 gagné par les Tricolores 1-0.
-
Voir le tableau des buteurs, le tableau de tous les buts français et 15 mars 1931 : le premier France-Allemagne
La feuille de match
Les données à retenir sous forme de tableau. Les feuilles de match récentes sont accessibles également depuis le tableau des matchs, en cliquant sur le numéro du match (première colonne).
[870] France 1-0 Allemagne
Euro 2020
15 juin 2021, 21h - Munich, Allianz Arena. 14.000 spectateurs.
arbitre : Carlos Del Cerro Grande (Espagne)
sélectionneur : Didier Deschamps - 114e match, 52 ans
disposition : 4-4-2
score | min | buteur | passeur ou CPA |
---|---|---|---|
1-0 | 20’ | Mats Hummels | contre son camp |
N° | joueur | tps jeu | e/s | cas | nb sel | âge | club |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | Hugo Lloris | 90 | 126 | 34 | Tottenham | ||
2 | Benjamin Pavard | 90 | 36 | 25 | Bayern | ||
4 | Raphaël Varane | 90 | 76 | 28 | Real Madrid | ||
3 | Presnel Kimpembe | 90 | 18 | 25 | Paris SG | ||
21 | Lucas Hernandez | 90 | 29 | 25 | Bayern Munich | ||
13 | N’Golo Kanté | 90 | 47 | 30 | Chelsea | ||
6 | Paul Pogba | 90 | 81 | 28 | Manchester United | ||
14 | Adrien Rabiot | 89 | 16 | 26 | Juventus Turin | ||
11 | Ousmane Dembélé | 1 | 26 | 24 | FC Barcelone | ||
7 | Antoine Griezmann | 90 | 92 | 30 | FC Barcelone | ||
10 | Kylian Mbappé | 90 | 45 | 22 | Paris SG | ||
19 | Karim Benzema | 89 | 84 | 33 | Real Madrid | ||
12 | Corentin Tolisso | 1 | 26 | 26 | Bayern Munich |
N° | joueur | nb sel | âge | club |
---|---|---|---|---|
16 | Steve Mandanda | 34 | 36 | Marseille |
23 | Mike Maignan | 1 | 25 | Lille |
25 | Jules Koundé | 1 | 22 | FC Séville |
15 | Kurt Zouma | 6 | 26 | Chelsea |
5 | Clément Lenglet | 12 | 25 | FC Barcelone |
18 | Lucas Digne | 38 | 27 | Everton |
8 | Thomas Lemar | 25 | 25 | Atlético Madrid |
22 | Wissam Ben Yedder | 14 | 30 | Monaco |
9 | Olivier Giroud | 108 | 34 | Chelsea |
20 | Kingsley Coman | 30 | 24 | Bayern Munich |