Cette période de treize ans (1967-1975), la plus faible de l’histoire de l’équipe de France depuis 1945, intègre ce que j’ai appelé la génération Bereta, la cinquième génération des Bleus. Au cours de ces 86 matchs desquels n’émerge qu’un premier tour (raté) à la Coupe du monde 1966, les Bleus ont perdu 36 fois pour 32 victoires et 18 nuls. Pas moins de 129 joueurs ont été utilisés, dont 107 nouveaux. Et huit sélectionneurs se sont succédé (Georges Verriest, Henri Guérin, le tandem Jean-Snella-José Arribas, Just Fontaine, Louis Dugauguez, Georges Boulogne et Stefan Kovacs). Autant dire que la période est extrêmement instable. Et les numéros 10 tournent quasiment sans aucune continuité, puisqu’ils sont 24 joueurs différents à le porter, dont un seul, Georges Lech, l’a fait plus de dix fois.

Le 4-3-3 de l’époque se joue avec un ou deux milieux offensifs derrière une attaque composée de deux ailiers et d’un avant-centre. Le 10 est l’un des milieux offensifs.

Juste après Serge Masnaghetti, c’est Yvon Douis qui est le premier à endosser durablement (6 fois) ce rôle après la fin de carrière internationale de Raymond Kopa (qui ne l’a porté que deux fois) et surtout de Roger Piantoni (27 fois). Il évolue alors à l’AS Monaco où il joue plutôt avant-centre et où il réussit le doublé coupe-championnat en 1963. En 1958, il fait partie de l’épopée suédoise, où il remplace justement Piantoni pour le dernier match contre la RFA. Mais en 1966 sa carrière internationale est terminée.

Fleury Di Nallo a porté lui aussi six fois le numéro 10, et même sept puisqu’il l’avait pour sa toute première sélection, lors de la dernière apparition en Bleu de Raymond Kopa (qui sera traitée dans la partie suivante consacrée à la période 1945-1962). La deuxième, c’est en avril 1963 contre le plus grand numéro 10 de tous les temps, celui qui l’a rendu légendaire : Pelé. Di Nallo avait d’ailleurs égalisé lors de ce match, mais Pelé avait signé un triplé.

Le cas de Robert Herbin est intéressant : le Stéphanois a en effet évolué d’abord en défense centrale, puis au milieu de terrain parfois défensif, parfois offensif, l’amenant à porter quatre fois le numéro 10.

Mais c’est le Lensois Georges Lech qui l’aura le plus souvent dans cette période (14 fois entre décembre 1964 et juin 1972). Footballeur très doué, sélectionné en Bleu à 18 ans et 4 mois en octobre 1963, il devient le plus jeune buteur français d’après-guerre un mois plus tard, un record qui tiendra jusqu’en 2020 (battu par Camavinga).

Philippe Gondet était quant à lui plutôt un attaquant de pointe évoluant avec deux ailiers ou avec un autre avant-centre en 4-4-2. Redoutable buteur avec Nantes, il inscrit 7 buts en 14 sélections avec les Bleus mais voit sa carrière stoppée par des graves blessures aux genoux à 25 ans.

Le Niçois Charly Loubet arrive ensuite (9 fois en numéro 10 entre mars 1969 et octobre 1971). Lui aussi est un excellent joueur, plus attaquant que meneur de jeu, mais qui tombe au mauvais moment en sélection (36 sélections entre 1967-1974).

Le Stéphanois Jean-Michel Larqué n’aura connu aucune phase finale avec les Bleus, comme la plupart de ses coéquipiers internationaux de l’époque. Il porte 6 fois le numéro 10, alors qu’à Saint-Etienne il a le 8. Mais c’est bien lui qui organise le jeu en sélection aux côtés ou à la place d’Henri Michel et Georges Lech.

Enfin, Serge Chiesa est un cas à part. Le meneur de jeu lyonnais fait ses début en sélection à 18 ans et 6 mois et aurait pu connaître, dans un autre contexte, une carrière semblable à celle d’Alain Giresse. Mais il quitte l’équipe de France en octobre 1974, deux mois avant ses 25 ans, alors qu’il ne compte que 12 sélections. Il a porté quatre fois le numéro 10.

Tous les porteurs du numéro 10 entre janvier 1963 et novembre 1975