Le tout premier match de l’histoire de l’équipe de France où les Bleus ont joué avec un numéro dans le dos est aussi le premier de l’après-guerre : le 26 mai 1945, 18 jours après la capitulation allemande, l’Angleterre reçoit la France à Wembley devant le Maréchal Koenig et de nombreux chefs militaires des deux nations. Les Anglais évoluent en blanc avec des maillots portant un numéro noir dans le dos. Les Français aussi, ce qui laisse penser que ce sont leurs adversaires qui les leur ont fourni. Il faudra attendre trois ans et un match contre l’Italie à Colombes en avril 1948 pour voir le suivant, qui a longtemps été considéré comme étant le premier.

C’est Ladislas Smid, un joueur hongrois naturalisé français en 1937 et surnommé Siklo, qui est le premier à porter le numéro 10. Il ne comptera que quatre sélections, toutes en 1945, celle de Wembley étant la deuxième.

Le joueur qui a porté le plus souvent (et de loin) le numéro 10 à cette période, c’est Roger Piantoni. Pas vraiment meneur de jeu, plutôt ailier gauche ou inter gauche en soutien de l’avant-centre, le Nancéen, puis Rémois (où il porte également le numéro 10), était le meilleur joueur français des années 1950 après Raymond Kopa. Doté d’un pied gauche redoutable et d’une frappe très puissante, il a marqué 203 buts en championnat de France, et 18 en 37 sélections.

Avant lui, c’est Pierre Flamion, autre ailier gauche rémois passé à l’Olympique de Marseille puis à Lyon, qui endosse huit fois le maillot floqué du 10 en équipe de France entre novembre 1950 et novembre 1953. Il marque 8 buts en 17 sélections mais ne connaîtra pas la Coupe du monde.

Robert Jonquet évolue en défense centrale, mais il porte le numéro 10 à 7 reprises, toutes en phase finale de Coupe du monde où les joueurs sont numérotés de 1 à 22. En Suisse en 1954, il est le 10 des Bleus (mais toujours en défense) contre la Yougoslavie et le Mexique. Quatre ans plus tard en Suède, il le récupère contre le Paraguay, la Yougoslavie, l’Ecosse, l’Irlande du Nord et le Brésil, contre lequel il est gravement blessé (double fracture tibia-péroné). Il manque le match pour la troisième place contre la RFA.

Just Fontaine était un pur avant-centre, mais lui aussi a porté le 10 à cinq reprises : à l’époque du WM, les trois attaquants étaient en effet numérotés 9,10 et 11. C’est avec ce numéro qu’il a connu sa première sélection en décembre 1953, alors qu’il n’était qu’Espoir. Des débuts signés par un triplé contre le Luxembourg (8-0). A la Coupe du monde 1958 il porte le 17, mais il retrouve le 10 à l’automne 1959, puis une dernière fois en mars 1960. Lors de ses autres sélections, il porte le 9, logiquement.

Le Lillois André Strappe fait ses débuts en sélection avec ses partenaires attaquants du club nordistes, Roger Vandooren, Jean Baratte, André Grumellon ou Jean Lechantre. Il évolue au milieu de terrain, derrière l’avant-centre (Baratte) ou en relayeur. Il comptera 23 sélections pour seulement 4 buts.

Enfin, Thadée Cisowski, entré dans l’histoire du football français pour un splendide quintuplé contre la Belgique en 1956 (6-3) ne portait pas le 10, mais le 9 à cette occasion. Il a endossé le 10 à quatre reprises aux côtés de Flamion en 1951, de Deladerrière en 1952 et de Fontaine en 1958, après la Coupe du monde (qu’il n’a pas jouée).

A noter que Raymond Kopa, qui avait le 18 à la Coupe du monde 1958 et à celle de 1954, portait le plus souvent le numéro 9 en équipe de France (24 fois), voire le 7 (10 fois), mais seulement deux fois le 10 : en avril 1961 contre l’Espagne à Madrid et en octobre 1961 face à la Belgique à Bruxelles, pour autant de défaites.

Tous les porteurs du numéro 10 entre mai 1945 et novembre 1962