Ce qu’il y a de bien avec France 98, c’est que l’association peut fournir sans problème des sélectionneurs aux Bleus au moins jusqu’en 2040, quitte à en changer tous les deux ans. Laurent Blanc et Didier Deschamps étaient les deux plus évidents de la liste, mais après eux on pourrait imaginer, bien sûr, Zinedine Zidane (qui s’est dit intéressé pour dans dix ans), Lilian Thuram, Youri Djorkaeff, Emmanuel Petit, Bixente Lizarazu, Patrick Vieira...
Ayant obtenu des concessions a priori plus favorables que celles que demandait Laurent Blanc, Didier Deschamps aura donc la lourde tâche de qualifier les Bleus pour la coupe du monde 2014 et plus si affinités. Son contrat court sur deux ans (en réalité jusqu’à la fin de la phase qualificative, soit novembre 2013 en comptant les barrages) et sera automatiquement prolongé jusqu’en 2016 en cas de billet pour le Brésil. Rappelons que Noël Le Graët avait refusé cette faveur à Laurent Blanc l’hiver dernier.
Dans l’histoire récente des Bleus sur les quarante dernières années, les sélectionneurs peuvent être classés selon différentes catégories : ceux issus de la direction technique nationale (Michel Hidalgo, Henri Michel, Gérard Houllier, Aimé Jacquet, Roger Lemerre, Raymond Domenech) et ceux venus de l’extérieur (Stefan Kovacs, Michel Platini, Jacques Santini ou Laurent Blanc). Force est de constater que le palmarès des six premiers est bien meilleur que celui des quatre derniers : hormis la coupe des confédérations 2003 gagnée par Jacques Santini, les trois principaux titres des Bleus ont été remportés sous la direction d’un pur produit de la DTN.
Un autre tri pourrait être fait entre les anciens grands internationaux et les autres : on y mettrait Henri Michel (58 sélections), Michel Platini (71) et Laurent Blanc dans le premier groupe, et les autres dans le suivant, même si Michel Hidalgo (une sélection), Aimé Jacquet (2), Roger Lemerre (6) et Raymond Domenech (8) ont porté très épisodiquement le maillot tricolore.
Le troisième classement, que nous allons voir en détail, porte sur l’expérience en club des sélectionneurs au moment de leur prise de fonction. Trois d’entre eux n’en ont aucune : Michel Hidalgo, Henri Michel et Michel Platini accèdent directement au poste de sélectionneur, même si les deux premiers ont une expérience antérieure comme adjoint (Hidalgo avec Kovacs) ou d’entraîneur des Espoirs et des Olympiques (Michel).
Les sept autres ont tous entraîné un ou plusieurs clubs avant d’être nommé sélectionneur.
C’est Aimé Jacquet qui a a accumulé le plus d’expérience, avec pas moins de quinze saisons (1976-1991) sur les bancs de Lyon, Bordeaux, Montpellier et Nancy, et trois championnats et deux coupes de France remportés avec Bordeaux.
Jacques Santini vient juste après avec douze saisons passées à Toulouse, Lille, Saint-Etienne et Sochaux avant de prendre en main les Bleus. Douze saisons mais seulement deux titres : une coupe de la Ligue et un championnat de France avec Lyon.
Gérard Houllier compte pour sa part six saisons réparties équitablement entre Lens (1982-1985) et Paris SG (1985-1988) et un titre de champion de France obtenu en 1986.
Le Roumain Stefan Kovacs a été recruté pour ses talents d’entraîneur exercés deux saisons durant à l’Ajax d’Amsterdam (1971-1973), auxquelles il faut en ajouter trois autres avec le Steaua Bucarest. Son palmarès est impressionnant : trois titres de champion (deux avec l’Ajax), trois coupes nationales, une coupe intercontinentale, deux coupes d’Europe et une super-coupe d’Europe.
Roger Lemerre cumule quant à lui trois saisons à Lens et à Strasbourg ainsi que de multiples expériences en D2 au Red Star et au Paris FC ou encore en Tunisie (Espérance de Tunis).
Raymond Domenech a un profil en club proche de celui de Laurent Blanc : quatre saisons en D1 avec l’Olympique lyonnais (1989-1993) précédées par cinq autres en D2 avec Mulhouse et Lyon. Tout comme Roger Lemerre, il n’a rien gagné en club.
Laurent Blanc aura pour sa part entraîné les Girondins de Bordeaux pendant trois ans (2007-2010) avec un titre de champion la deuxième année, ainsi qu’une coupe de la ligue. Des débuts très prometteurs qui n’auront pas eu de suite pour l’instant.
Le sélectionneur idéal apparaît donc comme celui qui soit a une solide expérience en club, soit est issu de la DTN, voire les deux, comme Aimé Jacquet. En revanche, le palmarès international de joueur n’est pas un argument déterminant, il serait même contre-productif.
Didier Deschamps ne vient pas de la DTN (qu’il a cependant pratiquée pendant les onze années de sa carrière internationale), mais son expérience d’entraîneur est tout à fait honorable : quatre saisons à Monaco, qu’il a mené en finale de la Ligue des Champions en 2004, et trois à Marseille, où il a gagné un championnat et trois coupes de la ligue, plus une pige d’un an à la Juventus en série B. Il a donc un profil proche de celui de Santini ou de Houllier, avec des meilleurs résultats.
Tout comme Laurent Blanc, il aura laissé passer un nombre d’années significatif entre sa retraite internationale et sa prise de fonction : douze ans contre dix pour le Président. C’est beaucoup plus que Henri Michel (quatre ans) ou Michel Platini (dix-huit mois), trop proches de leurs joueurs dont certains avaient été leurs coéquipiers. Les mois qui arrivent diront si le capitaine de 1998 trouvera la bonne distance, et s’il devient le premier ancien grand joueur à réussir sur le banc des Bleus.
Vos commentaires
# Le 11 juillet 2012 à 18:59 En réponse à : Voici venu le temps d’élire Deschamps
Excellent titre !