Qu’est-ce qu’une chronobiographie ?
Son apport :
D’un point de vue technique, l’équipe de France a connu de nombreux milieux défensifs aussi bons, voire meilleurs, que Didier Deschamps. Celui-ci se situe dans une moyenne honnête, sans plus, bon récupérateur avec un très gros volume physique, ce qui le rapproche d’un Kanté, d’un Makelele ou, il y a plus longtemps, d’un Bathenay.
C’est au niveau du mental et de l’influence sur le terrain que Deschamps fait la différence. Capitaine pour la première fois à 25 ans en 1994 (il l’était déjà à l’OM l’année précédente lors de la victoire en finale de la C1 à Munich), il a littéralement pris en main l’équipe entre 1996 et 2000, servant de relais au sélectionneur sur le terrain. Ce n’est pas un hasard si c’est le seul capitaine à avoir gagné deux trophées majeurs avec la sélection nationale.
Son influence se mesure aussi au fait que le seul match de phase finale qu’il ait manqué [1] est la demi-finale de l’Euro 1996 contre la République tchèque. Les Bleus la perdront aux tirs au but après n’avoir jamais réussi à inquiéter leur adversaire.
Avec Blanc et Desailly derrière lui, il a formé le triangle défensif axial le plus redoutable de l’histoire des Bleus, encore plus fort que le « carré magique » défensif de 1986 (Bossis-Battiston-Fernandez-Tigana). Ce n’est qu’après un Euro 2000 plutôt moyen sur le plan du jeu qu’on a mesuré son influence sur l’équipe.
Sans lui et sans Laurent Blanc, les Bleus vont vivre un temps sur leurs acquis avant de sombrer en 2002. Et depuis, ni Desailly, ni Zidane, ni Vieira, et encore moins Henry ou Evra ne parviendront à prendre le relais. Longtemps recordman du nombre de matches joués avec le brassard de capitaine (53) avant d’en être dépossédé par Hugo Lloris, Didier Deschamps est le dernier meneur d’hommes des Bleus. A ce jour, on est bien en peine de deviner qui pourra lui succéder.
Ses sélections :
103 sélections sur une amplitude de 120 matches, soit 85,8% de présence, 17 matches manqués en 11 ans : la carrière de Deschamps est l’une des plus denses du football français. Il est le premier à franchir le cap des cent sélections fin juin 2000 contre le Portugal à Bruxelles. Son capitaine Hugo Lloris lui est passé devant au début de la Coupe du monde 2018, après l’avoir surclassé au nombre de capitanats (121 contre 54).
Au classement général des joueurs, lui qui fut le premier centenaire de l’histoire des Bleus (en 2000) a progressivement reculé, dépassé par Desailly, puis Thuram, Zidane, Henry, Vieira et plus récemment par le trio Lloris-Giroud-Griezmann. Mais il est encore présent dans le top 10 et sans doute pour un bon moment encore, car si Pogba (91) peut espérer le rejoindre en 2024, Mbappé (70) aura besoin d’un peu plus de temps, à l’horizon de 2026.
Clas. | Joueur | Sel | Tps jeu | G | N | P | Abs. | Densité | Année | Ordre |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
6 | Marcel Desailly | 116 | 10027 | 78 | 26 | 12 | 20 | 85% | 1993 | 728 |
7 | Zinédine Zidane | 108 | 8506 | 73 | 27 | 8 | 50 | 68% | 1994 | 738 |
8 | Patrick Vieira | 107 | 7656 | 65 | 26 | 16 | 59 | 64% | 1997 | 754 |
9 | Didier Deschamps | 103 | 8362 | 68 | 23 | 12 | 17 | 86% | 1989 | 703 |
10 | Laurent Blanc | 97 | 8227 | 62 | 25 | 10 | 25 | 80% | 1989 | 699 |
11 | Bixente Lizarazu | 97 | 7645 | 65 | 23 | 9 | 46 | 68% | 1992 | 720 |
12 | Karim Benzema | 97 | 6355 | 53 | 26 | 18 | 103 | 49% | 2007 | 820 |
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Classement des buteurs :
Avec quatre buts marqués en 103 matches, Didier Deschamps n’occupe que la 106ème place du classement des buteurs, ce qui est logique pour un poste de milieu défensif. On le retrouve en bonne compagnie, précédé par le trio Lebœuf-Michel-Trésor. Il devance trois joueurs plus confidentiels, dont Célestin Oliver et deux internationaux du début du vingtième siècle. Mais il est à la hauteur des champions du monde Samuel Umtiti, Thomas Lemar et Ousmane Dembélé, mieux classés que lui car comptant moins de sélections.
Joueur | Buts | Sel | buts/ match | CF | Pe | 2 | 3+ | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
103 | Frank Lebœuf | 4 | 50 | 0,08 | 0 | 1 | 1 | 0 |
104 | Henri Michel | 4 | 58 | 0,07 | 0 | 0 | 0 | 0 |
105 | Marius Trésor | 4 | 65 | 0,06 | 0 | 0 | 0 | 0 |
106 | Didier Deschamps | 4 | 103 | 0,04 | 0 | 0 | 0 | 0 |
107 | Célestin Oliver | 3 | 5 | 0,60 | 0 | 0 | 1 | 0 |
108 | Charles Bardot | 3 | 6 | 0,50 | 0 | 0 | 1 | 0 |
109 | Juste Brouzes | 3 | 6 | 0,50 | 0 | 0 | 1 | 0 |
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Son équipe préférentielle :
Blanc-Deschamps, c’est vraiment le duo-clé de l’équipe de France. Ils débutent tous les deux quasiment en même temps (en février 1989 pour Blanc, en avril pour Deschamps), terminent ensemble (en septembre 2000 à la 57ème minute de France-Angleterre), et vont passer sur le pré pas moins de 6366 minutes côte à côte, soit plus de 106 heures réparties sur 82 matches ! L’équipe préférentielle de Deschamps comporte d’ailleurs cinq autres partenaires à plus de 50 matches en commun, auxquels il faut ajouter Barthez et Petit pour compléter le tableau France 98.
A noter toutefois la présence, en pointe, du duo Papin-Cantona, très loin devant les champions du monde Dugarry (23), Trezeguet (15) et Guivarc’h (10). Rappelons que le critère principal n’est pas le nombre de matches joués mais le temps passé en commun. A ce classement-là, Bernard Lama arrive d’ailleurs huitième, juste derrière Barthez.
Ses sélectionneurs :
Appelé en Bleu pour la première fois par Michel Platini à 20 ans et six mois, Didier Deschamps aura connu trois autres sélectionneurs, ce qui n’est pas considérable pour un joueur ayant dépassé les cent sélections. C’est avec Aimé Jacquet qu’il jouera le plus souvent, 40 matches, toujours comme titulaire. Auparavant, il avait joué les douze matches du mandat de Gérard Houllier, mais c’est avec Roger Lemerre qu’il obtiendra les résultats les plus probants, remportant 70% des 27 matches joués, n’en manquant aucun, même pas le Pays-Bas-France de juin 2000 où il entra à la 90ème minute !
Son premier match : 29 avril 1989, France-Yougoslavie
Quand arrive le printemps 1989, les Bleus de Michel Platini sont mal partis. Après un nul contre Chypre et deux défaites en Yougoslavie et en Ecosse, ils doivent absolument vaincre la bande à Safet Susic pour pouvoir espérer encore. Malmenés dans le jeu, inefficaces devant, ils s’en tirent avec un 0-0 logique. Papin est malade et Cantona purge son année de suspension. Deschamps étrenne sa première sélection en entrant à un quart d’heure de la fin à la place de Daniel Xuereb. Saint-Denis et Rotterdam sont à l’époque à des années-lumières du Parc des Princes.