Qu’est-ce qu’une chronobiographie ?
Dominique Colonna a gardé les buts de l’équipe de France en treize occasions entre 1957 et 1961. A l’époque, la sélection tricolore a bien du mal à désigner l’incontestable titulaire dans ses cages. Même durant la glorieuse Coupe du monde 1958, les sélectionneurs ont quelque peu tergiversé pour le poste de numéro un, le titulaire de départ François Remetter ayant dû laisser sa place à Claude Abbes en cours de tournoi.
Le troisième gardien de 1958
Il se trouve que Dominique Colonna était le troisième gardien de l’épopée suédoise, celui qui ne joue généralement pas et sert d’entraîneur adjoint auprès des titulaires. Le choix entre Abbes et Colonna n’a pas été simple. Alex Thépot, le responsable des gardiens de l’équipe de France, avait décidé de soumettre les deux gardiens aux tirs de leurs coéquipiers pour déterminer le meilleur des deux.
Dominique Colonna a contesté la méthode et refusé de s’y soumettre. Thépot a donc choisi Abbes tout en se brouillant avec Colonna. Il semble pourtant qu’au départ, le gardien corse avait les faveurs des sélectionneurs. Mais son orgueil en a décidé autrement.
Le gardien du Stade de Reims allait sur ses trente ans mais ne comptait que trois sélections. Il n’a connu la première que neuf mois plus tôt, en septembre 1957 à l’occasion d’un Islande-France éliminatoire de la Coupe du monde à Reykjavik. Ses débuts sont convaincants : il détourne un penalty, mais il n’échappera pas, ensuite, à la valse des gardiens alors en vigueur.
Après trois sélections en 1957, Dominique Colonna doit attendre la fin de la Coupe du monde suédoise pour occuper de nouveau la cage tricolore. Le France-Grèce d’octobre 1958 est le premier match des éliminatoires de la Coupe d’Europe des Nations et le score suffit pour en donner la teneur : victoire 7-1.
Six buts dans les filets à Bâle
La carrière de Dominique Colonna en équipe de France se résume à seulement trois matchs de compétition, un Finlande-France de septembre 1960 éliminatoire de la Coupe du monde s’ajoutant aux matchs de Reykjavik et contre la Grèce. Il a disputé dix rencontres amicales, dont deux abrégées sur blessure : contre la RFA en octobre 1958 (touché au mollet, sorti à la 30’) et le Portugal en novembre 1959 (omoplate, sorti à la 62’).
Le 12 octobre 1960, l’équipe de France, avec Colonna dans les buts, s’incline 6-2 en Suisse. Même si le gardien français n’est pas considéré comme seul responsable de la déroute, il ne sera plus jamais titularisé en équipe de France. On le verra toutefois une dernière fois en avril 1961 à Madrid à l’occasion d’une rencontre perdue en Espagne, où il remplace Pierre Bernard à la pause.
Dominique Colonna a connu beaucoup plus de satisfaction dans sa carrière en clubs. Natif de Corte le 4 septembre 1928, c’est à Montpellier qu’il fait ses débuts professionnel au sein du SOM où déjà, il doit gagner sa place en alternant avec Antoine Pons. Au bout d’une saison, le gardien corse rejoint la capitale et signe au Stade Français alors fusionné avec le Red Star. Une drôle de saison dans un club sans identité qui redevient le Stade Français tout court en 1950, mais qui fait l’ascenseur entre les deux divisions.
Un rempart face au Real
En 1952-53, le club est entrainé par l’ancien international Edmond Delfour, qui deviendra le beau-père de Colonna. Après six saisons parisiennes, Colonna se rapproche de sa Corse natale et signe à l’OGC Nice, un club d’un tout autre niveau qui lui permet de remporter son premier titre de champion de France. Et de jouer la Coupe des clubs champions européens, où il rencontre le Real Madrid en quart de finale.
Dominique Colonna est particulièrement réputé pour son « bras roulé » qu’il utilise pour relancer le jeu, alors que la mode était plutôt aux puissants dégagements au pied. Lorsqu’on lui demande d’expliquer son choix, il répondait non sans humour qu’à l’OGC Nice, ses coéquipiers d’attaque ne mesuraient pas plus d’un mètre soixante dix, et qu’ils n’avaient donc aucune chance d’être les premiers sur le ballon sur un dégagement.
Alors que son nom commence à être évoqué pour l’équipe de France, Colonna rejoint à l’été 1957 le Stade de Reims, le meilleur club français de l’époque. Celui-ci réalise le doublé Coupe-Championnat 1958, fournit cinq titulaires (et un gardien remplaçant) à l’équipe de France pour la Coupe du monde suédoise, et enchaine avec un parcours européen qui l’emmène vers sa deuxième finale de Coupe des Champions.
Du Cameroun à la Corse
De nouveau opposé au Real Madrid à Stuttgart, Colonna arrête un penalty de Mateos après un quart d’heure de jeu. Mais il devra concéder les deux buts de la victoire madrilène, la quatrième consécutive. Avec Reims, il remporte en 1962 un nouveau titre de champion de France, son troisième.
Dominique Colonna met fin à sa carrière au terme de la saison suivante, et s’envole aussitôt pour le Cameroun pour diriger la jeune sélection des Lions Indomptables. Il passera une grande partie de sa deuxième carrière en Afrique, comme conseiller ou éducateur. Il reviendra s’installer en Corse, pour monter un hôtel à Corte qui porte toujours son nom.
L’ancien gardien tricolore s’essaiera également, sans succès, à la politique, puis surgira dans l’actualité dans les années 1980 grâce… au Loto Sportif, dont il est le tout premier gagnant.
Il est décédé huit jours après ses 95 ans, le 12 septembre 2023.
Les 13 sélections de Dominique Colonna
En 13 sélections et 1036 minutes de présence dur le terrain, Dominique Colonna a encaissé 23 buts. Il a connu 5 victoires, 4 matchs nuls et 4 défaites.
Sél. | Genre | Date | Lieu | adversaire | Score | Tps jeu |
---|---|---|---|---|---|---|
. | France B | 06/10/1952 | Strasbourg | Sarre | 1-3 | 90 |
. | France B | 19/10/1952 | Bordeaux | Autriche B | 1-3 | 90 |
1 | qCM | 01/09/1957 | Reykjavik | Islande | 5-1 | 90 |
2 | Amical | 06/10/1957 | Budapest | Hongrie | 0-2 | 90 |
3 | Amical | 25/12/1957 | Paris | Bulgarie | 2-2 | 90 |
. | N/O | 22/01/1958 | Limoges | Limoges FC | 3-2 | 90 |
4 | qEuro | 01/10/1958 | Paris | Grèce | 7-1 | 90 |
5 | Amical | 05/10/1958 | Vienne | Autriche | 2-1 | 90 |
6 | Amical | 26/10/1958 | Colombes | RFA | 2-2 | 30> |
7 | Amical | 09/11/1958 | Colombes | Italie | 2-2 | 90 |
8 | Amical | 01/03/1959 | Colombes | Belgique | 2-2 | 90 |
9 | Amical | 11/10/1959 | Sofia | Bulgarie | 0-1 | 90 |
10 | Amical | 11/11/1959 | Colombes | Portugal | 5-3 | 62> |
11 | qCM | 25/09/1960 | Helsinki | Finlande | 2-1 | 90 |
12 | Amical | 12/10/1960 | Bâle | Suisse | 2-6 | 90 |
13 | Amical | 02/04/1961 | Madrid | Espagne | 0-2 | >45 |
. | France B | 10/12/1961 | Saragosse | Espagne B | 2-3 | 90 |