Qui sont les survivants de France-Brésil 1958 ?

Publié le 18 novembre 2024 - Bruno Colombari - 2

Après le décès de Bernard Chiarelli à 90 ans, il ne reste qu’un seul participant français de la demi-finale en Suède : Robert Mouynet. Du côté brésilien, depuis la disparition de Zagallo, quatre remplaçants sont toujours là.

5 minutes de lecture
Mise à jour d’un article initialement paru en avril 2018.


Il ne reste plus qu’un seul des 22 héros de la Coupe du monde en Suède en juin 1958. Le décès de Bernard Chiarelli à 90 ans, le 17 novembre 2024, après ceux de Dominique Colonna à 95 ans en septembre 2023, après ceux de Just Fontaine à 89 ans en mars 2023, François Remetter, à 94 ans le 2 octobre 2022, de Maryan Wisniewski le 3 mars 2022 à 85 ans et de Yvon Douis, victime du Covid-19 au même âge en janvier 2021, réduit encore le cercle des survivants. Et côté brésilien, après Pelé en décembre 2022, Mario Zagallo est mort le 5 janvier 2024.

Bernard Chiarelli n’avait joué aucun match en 1958. Milieu de terrain valenciennois de 24 ans, il ne compte qu’une seule sélection, en avril 1958 contre la Suisse, quand il est convoqué pour la Coupe du monde en Suède, pour pallier à la défection des joueurs ayant rejoint le FLN (dont Rachid Mekhloufi, décédé lui aussi à l’automne 2024). Pierre Cazal et Richard Coudrais avaient raconté, il y a quelques mois, pourquoi Chiarelli aurait pu espérer jouer, si les changements en cours de match avaient été autorisés.

Dominique Colonna n’est pas le plus connu des anciens de Suède puisque, contrairement à François Remetter, titualire au début du tournoi, et Claude Abbes, qui l’a remplacé, il n’a pas eu de temps de jeu. Il l’a mal pris, un peu comme le fera Dominique Baratelli en 1982 alors qu’il avait près de 30 ans. Il n’a jamais eu de chance en sélection, sorti deux fois sur blessure en octobre 1958 contre la RFA et novembre 1959 face au Portugal, remplaçant Pierre Bernard pour sa dernière cape en 1961 contre l’Espagne. Entre temps, il avait encaissé six buts face à la Suisse en octobre 1960.

Just Fontaine est l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football français, et sûrement son plus grand attaquant. Auteur de 30 buts en seulement 21 sélections entre 1953 et 1960, il détient toujours le record, qui semble indépassable, de 13 buts en une seule phase finale de Coupe du monde, et en seulement six matchs.

François Remetter a gardé 26 fois les cages de l’équipe de France entre 1953 et 1959, sans vraiment s’imposer comme titulaire, hormis une série de 17 capes consécutives entre 1954 et 1957. Mais il perd sa place au premier tour de la Coupe du monde en Suède après deux prestations décevantes contre le Paraguay et la Yougoslavie, trois buts encaissés à chaque fois et une défaite à la clé face aux seconds.

Maryan Wiśniewski compte 33 sélections et 12 buts entre 1955 et 1963. Deuxième plus jeune Bleu de l’après-guerre à 18 ans, 2 mois et 2 jours (derrière Eduardo Camavinga, qui battra son record en 2020 seulement), le Lensois est le cinquième élément de la prolifique attaque française en Suède, avec Piantoni, Fontaine, Kopa et Vincent. Un an après avoir été champion du monde militaire, il finit troisième de la Coupe du monde où il marque deux fois (contre le Paraguay et l’Irlande du Nord) et offre deux passes décisives à Just Fontaine face à la RFA, permettant à son coéquipier de terminer meilleur buteur du tournoi et de battre un record qui tient toujours. Il participe aussi à la demi-finale de la première Coupe d’Europe des Nations en juillet 1960, inscrivant un but contre la Yougoslavie. Son dernier match en Bleu est encore contre le Brésil de Pelé (qui inscrit trois buts, comme en 1958), et Wisniewski égalise.

Yvon Douis compte 20 sélections et 4 buts entre 1957 et 1965. Attaquant, il était évidemment barré en Suède par le quatuor Vincent-Piantoni-Fontaine-Wisniewski, mais il avait joué le dernier match, contre la RFA pour la troisième place (6-3), Roger Piantoni ayant déclaré forfait suite à une crise d’appendicite. Douis avait d’ailleurs marqué le quatrième but français en début de deuxième mi-temps, servi par Kopa. S’il avait joué contre Pelé, ce n’était pas en Suède mais cinq ans plus tard à Colombes en amical. Il n’avait pas marqué mais avait délivré une passe décisive sur la deuxième égalisation de Fleury Di Nallo, deux minutes avant que Pelé donne la victoire aux Brésiliens (3-2) en signant un triplé.

Côté titulaires du Brésil-France de 1958, il n’y a plus aucun titulaire en vie après le décès de Just Fontaine (né le 18 août 1933).

Maryan Wisniewski était l’avant-dernier Bleu titulaire du France-Brésil de Solna à nous avoir quitté, le 3 mars 2022 (85 ans). Le premier avait été le défenseur Raymond Kaelbel le 17 avril 2007, suivi en 2008 du gardien Claude Abbes (le 11 avril) et du capitaine Robert Jonquet (le 18 décembre). Le 27 février 2012, c’était au tour du demi Armand Penverne, puis, le 13 août 2013, de l’attaquant Jean Vincent et, le 3 octobre 2014, du demi Jean-Jacques Marcel. Le 3 mars 2017, le football français (et mondial) perdait l’un de ses plus grands représentants, Raymond Kopa, avant le décès du défenseur André Lerond le 8 avril 2018 et de l’ailier gauche Roger Piantoni le 25 mai 2018.

Un remplaçant nonagénaire

Parmi les onze remplaçants, après la mort de François Remetter, Dominique Colonna et Bernard Chiarelli, il ne reste plus que le défenseur Robert Mouynet (94 ans).

Sept autres sont décédés : le défenseur Roger Marche, le seul parmi les 22 à n’avoir pas vécu assez longtemps pour voir les Bleus devenir champions du monde (il est mort le 1er novembre 1997 dans sa 74e année) et le 21e siècle, les demis Maurice Lafont (le 8 avril 2005 à 77 ans), Casimir Hnatow (le 16 décembre 2010 à 81 ans), Célestin Oliver (le 5 juin 2011, à 80 ans) et Raymond Bellot (le 24 février 2019 à 89 ans), et les attaquants Stéphane Bruey (le 31 août 2005 à 72 ans) et Yvon Douis (le 25 janvier 2021 à 85 ans). A noter les cas particulier de Robert Mouynet et de Casimir Hnatow, qui n’ont jamais disputé la moindre minute en sélection et qui n’ont donc pas le statut d’international.

PNG - 142.9 kio

L’air scandinave, ça conserve

Enfin, il est intéressant regarder la longévité de ces vingt-deux là, tous nés entre le milieu des années 20 (mars 1924 pour le doyen Roger Marche) et la fin des années 1930 (février 1937 pour le benjamin Maryan Wisnieski). Seuls quatre d’entre eux sont morts avant leur 80e anniversaire et neuf autres ont dépassé 85 ans. Et le seul survivant, Robert Mouynet, a 94 ans. Rappelons que l’espérance de vie à la naissance pour un homme né aujourd’hui est légèrement supérieure à 79 ans.

Côté brésilien, ils ne sont plus que quatre, tous remplaçants

Même s’ils étaient plus âgés que les Bleus, les Brésiliens ont vu leurs rangs s’éclaircir prématurément : sur les onze titulaires de Solna, plus aucun n’est encore en vie, après la mort de Pelé le 29 décembre 2022 (82 ans) et de Mario Zagallo le 5 janvier 2024 à 92 ans. Ce dernier a gagné les éditions 1958 et 1962 sur le terrain et celles de 1970 (sélectionneur) et 1994 (adjoint) sur le banc.

Ils n’auront pas connu la fin tragique de leur coéquipier Mané Garrincha, mort à 49 ans, en janvier 1983, fracassé par l’alcool. Didi a quitté ce monde en mai 2001 à 71 ans, suivi de près par Vava (en janvier 2002, à 67 ans). Le défenseur Orlando est le quatrième de la liste, en février 2010 (74 ans). L’année 2013 est terrible pour les champions du monde 1958, avec coup sur coup les disparitions du gardien Gilmar (83 ans) et du défenseur De Sordi (82 ans) en août, puis de Nilton Santos (88 ans) en novembre). Le capitaine Luis Bellini est mort en mars 2014 (à 83 ans) et Zito en juin 2015 (82 ans).

Côté remplaçants, quatre sont encore en vie : les milieux de terrain Dino Sani (92 ans) et Moacir (88 ans) et les attaquants Pepe (89 ans) et Altafini (86 ans). Les sept autres ont morts plutôt jeunes, hormis le défenseur Djalma Santos (en 2013 à 84 ans) : les défenseurs Zozimo (en 1977 à 45 ans) et Oreco (en 1985 à 52 ans), le gardien Castilho (en 1987 à 59 ans), les attaquants Dida (en 2002 à 68 ans) et Joel (en 2003 à 71 ans) et Mauro Santos (en 2002 à 72 ans).

pour finir...

Merci à Alain Dautel qui m’a fourni un récapitulatif complet des 22 Bleus de 1958 à partir duquel j’ai pu écrire cet article.

Vos commentaires

  • Le 8 août 2022 à 06:39, par basset jean marie En réponse à : Qui sont les survivants de France-Brésil 1958 ?

    On peut être nostalgique de cette magnifique équipe ;je les ai tous vu jouer ;Kopa avec Reims et le Réal contre
    Reims justement à Oran en 1960,Douis avec Monaco,Bruey avec Angers,Piantoni avec Reims et Nice,Kaelbel
    avec Monaco,Vincent avec Reims,Fontaine avec Reims à Oran,Lerond avec le stade français,Colonna avec
    Reims,Penverne avec ReimsJ.J. Marcel avec le racing,Jonquet avec Reims,Wisnievski avec Lens et vu à Berre
    en 94 où il entrainait l’équipe locale souvenirs d’une belle époque

  • Le 1er mars 2023 à 18:14, par jean-pierre maschinot En réponse à : Qui sont les survivants de France-Brésil 1958 ?

    Mon père André « dit Bouboule » participa à la 1ère Coupe du Monde en Uruguay, avec lui nous sommes allés assister au match à Sochaux ou Just Fontaine s’est fait fracasser la jambe (fracture tibia-péroné). Nous étions en tribune d’honneur, et nous avons entendu le bruit des os brisés, j’avais 13 ans et ce souvenir m’a poursuivi longtemps.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Hommage à Pierre Cazal