Son apport
(rédigé par Alain Dautel, coauteur du Dico des Bleus)
Roger Piantoni, le surdoué au pied gauche magique, restera comme l’un des plus grands footballeurs que la France ait connus. On peut le classer sans hésitation au niveau des plus célèbres gauchers qui se sont illustrés sur tous les terrains du monde : Ferenc Puskas (Hongrie) le « major galopant » incontournable au Real Madrid, Omar Sivori, l’Italo-Argentin formé à River Plate et vedette de la Juventus Turin, José Sanfilippo autre vedette argentine de cette époque (San Lorenzo et Boca Juniors) et Johnny Haynes brillant stratège de l’équipe anglaise de Fulham.
Roger Piantoni, dont la gentillesse et la simplicité n’avaient d’égales que sa loyauté sur le terrain et sa classe, appartenait bien à cette catégorie de joueurs exceptionnels.
Né à Etain (Meuse) le 26 décembre 1931, « Bout d’chou » (son surnom !) n’a connu que trois clubs dans son parcours professionnel bien rempli : le FC Nancy (1950 à 1957), le Stade de Reims (1957/58 à 1963/64) et l’OGC Nice (1965 et 1966).
C’est à Reims qu’il a connu la célébrité et tous les honneurs avec ses coéquipiers au talent incomparable (Just Fontaine, Raymond Kopa, Lucien Muller et Jean Vincent) dirigés par un remarquable technicien, le Rémois Albert Batteux, fervent adepte du beau jeu, l’un des tout meilleurs entraîneurs de l’époque avec Jean Snella et Pierre Pibarot. L’attaque de feu du Stade de Reims inscrira 109 buts à l’issue de la saison 59/60 (28 pour Fontaine, 18 pour Piantoni). En 1961 Roger Piantoni est à nouveau sacré roi des buteurs avec 28 réalisations.
En février et mars 1961, Antonio Liberti, président du grand club argentin de River Plate, voulut s’attacher les services du buteur rémois mais Henri Germain, alors aux commandes de la formation champenoise, refusa tout net de transférer son précieux réalisateur ! Ainsi s’envola le beau rêve argentin de « Bout’d’chou »…..
Il a porté à 37 reprises le maillot tricolore et a marqué 18 buts contre 15 pays différents, de l’Autriche à la Yougoslavie, en passant par la Belgique, le Brésil, l’Espagne et l’Italie. Le point d’orgue de sa carrière internationale c’est, bien sûr, la belle aventure suédoise en 1958 où il est parvenu en demi-finale de la Coupe du Monde, au sein d’une attaque-canon, 23 buts en 6 rencontres, meilleure attaque de l’épreuve ! Il est vrai que les 5 attaquants français avaient fière allure, Wisniewski, Kopa, Fontaine, Piantoni et Vincent, beau jeu et efficacité garantis ! Il inscrivit 3 buts lors de cette campagne suédoise (Paraguay, Irlande du Nord et Brésil, en demi-finale).
Roger Piantoni a porté le brassard de capitaine du onze tricolore à une seule occasion le 27 novembre 1957 à Wembley, en amical, contre l’Angleterre (0-4).
Une sérieuse blessure au genou gauche, lors du Bulgarie-France d’octobre 1959, due au rugueux Dimitar Largov, va grandement hypothéquer la suite de sa superbe carrière durant les années 61/64. Et l’on ne retrouvera plus, peu à peu, hélas, l’extraordinaire gaucher qui nous a tant fait rêver...