L’équipe de France dirigée par Henri Michel a définitivement perdu son titre de championne d’Europe au terme d’un parcours éliminatoire catastrophique : une seule victoire en huit matchs contre l’URSS, la Norvège, la RDA et l’Islande.
Tournoi de France
Afin de remettre le groupe d’aplomb, la fédération profite de la trêve hivernale 1987-1988 pour faire un stage en Israël, ponctué par une rencontre avec la sélection locale, avant d’organiser un petit tournoi dans l’Hexagone, à Toulouse et à Monaco, où sont invitées les sélections d’Autriche, de Suisse et du Maroc.
A Toulouse, la France s’impose 2-1 contre la Suisse tandis qu’en match d’ouverture, le Maroc surprend l’Autriche et l’emporte 3-1. La finale du tournoi oppose donc la France au Maroc le 5 février dans le somptueux petit stade Louis II de Monaco.
C’est seulement la deuxième fois de son histoire que l’équipe de France affronte une sélection africaine. La première était la Tunisie en 1978, dix ans plus tôt. Côté marocain, on compte déjà plusieurs oppositions à la France [1], lesquelles font l’objet d’un succulent article signé Pierre Cazal.
Le Maroc sans ses pros
En 1988, le Maroc est désormais une grande nation de football. Un an et demi plus tôt, au Mexique, elle est devenue la première sélection d’Afrique à passer le premier tour d’une Coupe du monde. Elle est venue en France dans le cadre de sa préparation à la CAN 1988 qu’elle compte bien remporter, puisque l’épreuve est organisée sur son sol, à Casablanca et Rabat. Pour les rencontres en France, le sélectionneur a décidé de se passer de ses professionnels, notamment Krimau, Bouderbala, El Haddaoui et Zaki qui évoluent en Europe.
Du côté de l’équipe de France, l’ambiance n’est pas vraiment au top. Le groupe de vingt joueurs constitué par Henri Michel est tiraillé par la chamaillerie entre Manuel Amoros et Luis Fernandez qui revendiquent tous deux le brassard de capitaine. Le sélectionneur porte son choix sur le premier nommé et met le second sur le banc de touche, tant pour des raisons tactiques que pour lui montrer qui est le patron.
C’est le jeune auxerrois Bruno Martini qui prend place dans les buts, faisant songer Joël Bats à une éventuelle retraite internationale. A l’arrière, la charnière centrale est constituée par Sylvain Kastendeuch et Basile Boli tandis que les ailes sont occupées par le capitaine Amoros, régional de l’étape, et Bernard Casoni, dont c’est la deuxième sélection. Le Toulonnais de 26 ans avait débuté trois jours plus tôt contre la Suisse en remplaçant William Ayache sorti sur blessure.
Tambour battant
Le milieu de terrain est constitué de Fabrice Poullain et Dominique Bijotat avec deux joueurs plus offensifs sur les côtés, Gérald Passi à droite et Jean-Marc Ferreri à gauche. Devant, Henri Michel garde sa confiance au duo Stopyra et Fargeon.
La rencontre est arbitrée par Michel Vautrot. Il est rare que les Bleus soient arbitrés par un compatriote. C’est Gérard Biguet qui avait arbitré la rencontre contre la Suisse. Les deux précédents datent des rencontres de l’équipe de France pendant l’occupation.
La rencontre démarre tambour battant pour les Tricolores. Après neuf minutes, Ferreri déborde sur l’aile gauche et adresse un centre devant le but marocain. Stopyra plonge pour reprendre de la tête. La course du ballon est redressée vers le défenseur Abdelmajid Lemriss qui, surprit, pousse le ballon dans sa propre cage. Les Tricolores prennent l’habitude de marquer très tôt. Contre la Suisse à Toulouse, ils menaient 2-0 après dix minutes de jeu.
Les hommes d’Henri Michel dominent les débats pendant une demi-heure, mais ils se font surprendre dix minutes avant la mi-temps : Bijotat de fait subtiliser le ballon par Lemriss. Le ballon est récupéré par Mustapha Kiddi qui centre de la gauche à la manière de Ferreri. Devant le but de Martini, Boli tente un dégagement mais s’emmêle les pinceaux. Benabicha pousse le ballon vers son coéquipier Lemriss lequel ne laisse pas passer l’occasion. Le défenseur marocain entre dans le cercle fermé des joueurs qui ont marqué, au cours du même match, pour et contre leur camp.
Un trophée pour la France
L’équipe de France devient alors un peu fébrile et la mi-temps n’est pas de trop pour apaiser les esprits. En début de seconde période, les Français répètent un scénario qu’il connaissent bien : débordement de Ferreri sur la gauche, centre devant le but et reprise de la tête de Stopyra, qui cette fois n’a pas besoin d’un défenseur pour marquer.
L’équipe de France mène 2-1 alors qu’il reste quarante minutes à jouer, mais la rencontre va quasiment s’arrêter là. Fernandez remplace Poullain quelques minutes après le but. Yvon Le Roux supplée Boli pour le dernier quart d’heure et enfin, Bellone remplace Stopyra dans les dix dernières minutes.
La France l’emporte 2-1. Une coupe est remise au capitaine Manuel Amoros qui ne s’enflamme pas. Henri Michel est plutôt satisfait de ces deux victoires qui constituent une bonne base de travail en vue de la qualification pour la Coupe du monde 1990. Quant à la sélection marocaine, malgré le renfort de ses professionnels, elle terminera à la quatrième place d’une CAN qu’elle espérait bien remporter.
France bat Maroc 2-1
Buts : Lemriss (9’ csc), Lemriss (34’), Stopyra (49’).
FRANCE : Martini - Amoros, Kastendeuch, Boli (75’ Le Roux), Casoni - Bijotat, Poullain (52’ Fernandez), Passi, Ferreri - Stopyra (82’ Bellone), Fargeon. Entraîneur : Henri Michel.
MAROC : Azmi - Hirs, Fadel, Hçina, Lemriss (75’ Bousselham) - Dolmy, Benhabicha, Lachabi, El Gharef - Nader (68’ Haidalou), Kiddi.
Arbitre : Michel Vautrot (France)
10.000 spectateurs
Joueur | Âge | Poste | Sél./Total | Club |
Bruno Martini | 26 ans | Gardien | 5/31 | AJ Auxerre |
Manuel Amoros | 26 ans | Défenseur | 52/82 | AS Monaco |
Basile Boli | 21 ans | Défenseur | 12/45 | AJ Auxerre |
Sylvain Kastendeuch | 24 ans | Défenseur | 3/9 | FC Metz |
Bernard Casoni | 26 ans | Défenseur | 2/30 | SC Toulon |
Dominique Bijotat | 27 ans | Milieu | 6/8 | Girondins de Bordeaux |
Fabrice Poullain | 25 ans | Milieu | 10/10 | Paris Saint-Germain |
Gérald Passi | 24 ans | Milieu | 7/11 | Toulouse FC |
Jean-Marc Ferreri | 25 ans | Milieu | 25/37 | Girondins de Bordeaux |
Yannick Stopyra | 27 ans | Attaquant | 32/33 | Toulouse FC |
Philippe Fargeon | 23 ans | Attaquant | 6/7 | Girondins de Bordeaux |
Remplaçants | ||||
Yvon Le Roux | 27 ans | Défenseur | 24/28 | Olympique de Marseille |
Luis Fernandez | 28 ans | Milieu | 42/60 | Matra Racing |
Bruno Bellone | 25 ans | Attaquant | 34/34 | AS Cannes |
Ne sont pas entrés en jeu : Joël Bats, Pascal Despeyroux, Eric Cantona, Jean-Pierre Papin, José Touré.