Une équipe nationale joue soit sur son territoire, soit sur celui de son adversaire, soit dans un pays tiers. Le premier cas correspondant alors à la notion de « domicile », le second « d’extérieur » et le troisième de « neutre ». Dans la réalité, ce n’est pas si simple. On peut même distinguer trois catégories de terrain neutre : un match de phase finale, un match amical et enfin un match de compétition à l’extérieur mais disputé hors du pays adverse.

Par exemple, lors d’une phase finale (de Coupe du monde, de Championnat d’Europe, de Coupe des Confédérations…), tous les matchs sont sensés se tenir sur terrain neutre, y compris pour la sélection qui organise la compétition. Le Stade de France était neutre pour France-Brésil 1998, et le Vélodrome aussi pour France-Allemagne 2016. La vente de places était d’ailleurs équitable pour les supporters des deux pays.

A la maison en phase finale, ce n’est pas vraiment neutre

Mais dans la réalité, évidemment, il est logique de considérer ces matchs comme étant joués à domicile. Dirait-on du Brésil 1950 qu’il évoluait sur terrain neutre au Maracana contre l’Uruguay ? Ou que l’Angleterre 1966 n’était pas à domicile à Wembley, de même que la RFA en 1974 à Munich ou l’Argentine en 1978 à Buenos Aires ? Je considère qu’il s’agit là de matchs à domicile, ce qui est donc le cas pour les 30 matchs de phase finale joués par les Bleus en métropole : 2 aux JO de Paris en 1924, 2 à la Coupe du monde 1938, 2 lors de la Coupe d’Europe des Nations 1960, 5 à l’Euro 1984, 7 lors de la Coupe du monde 1998, 5 pendant la Coupe des Confédérations 2003 et 7 à l’Euro 2016.

De façon plus anecdotique, il y a quelques matchs amicaux (ou lors de tournois non officiels, comme la Kirin Cup, la Minicopa ou le tournoi Hassan-II) joués hors de France sur terrain neutre puisque contre un adversaire évoluant lui aussi à l’étranger. Les Bleus en ont disputé 9 entre 1972 et 2000 : 4 au Brésil, 1 au Koweït, 2 au Japon et 2 au Maroc.

Deux barrages en Italie

Enfin, il y a deux cas particuliers de terrain neutre : le premier, qui n’existe plus, consistait à jouer ce qu’on appelait un match d’appui (ou de barrage) contre un adversaire face auquel les Bleus ne s’étaient pas départagés en phase qualificative. C’est arrivé deux fois : contre la Yougoslavie le 11 décembre 1949 à Florence (Italie) et face à la Bulgarie le 16 décembre 1961 à Milan (Italie, encore). Les deux ont été perdus, coûtant à l’équipe de France une place aux Coupes du monde 1950 et 1962.

Le deuxième cas particulier, qui s’éloigne beaucoup plus de la notion de neutralité, c’est quand l’équipe adverse ne peut pas, pour différentes raisons, évoluer dans son pays. Par exemple, s’il y a un conflit en cours : comme pour l’Azerbaïdjan le 13 décembre 1994 (conflit armé avec l’Arménie voisine, match joué en Turquie, à Trabzon), ou Israël le 2 avril 2003 (conflit avec la Palestine, rencontre disputée à Palerme, en Sicile). Ou si ses infrastructures sont insuffisantes, comme Andorre le 9 juin 1999 (match joué au stade olympique de Montjuic à Barcelone) et donc Gibraltar en 2023, qui ne sera que le quatrième en compétition hors phases finales. Statistiquement, j’ai décidé de décompter ces matchs-là comme étant joués à l’extérieur.

Les Bleus gagnent une fois sur deux quand ils jouent sur terrain neutre

On décompte 106 matchs sur terrain neutre (essentiellement en phase finale) dans lesquels j’ai choisi d’enlever les matchs des Bleus joués en France. J’ai aussi enlevé les matchs de phase finale joués dans le pays de l’adversaire, comme l’Angleterre en 1966, l’Argentine en 1978, la Suède en 1992, l’Afrique du Sud en 2010, l’Allemagne et la Hongrie en 2021.

Le bilan est plutôt bon avec 52 victoires, 25 nuls et 29 défaites, toutes en compétition d’ailleurs puisque les 9 amicaux ont débouché sur 6 victoires et 3 nuls. Les tout premiers datent des Jeux olympiques de 1908 à Londres, les derniers de la Coupe du monde au Qatar en 2022.