21 juin 1986 : Brésil-France

Publié le 9 février 2021 - Bruno Colombari

Version solaire et éblouissante de Séville, le quart de finale de Guadalajara est tellement immense qu’il n’aurait pas dû désigner de vainqueur. A moins qu’il n’y en ait eu deux, finalement. Brésil-France, sommet du jeu.

13 minutes de lecture

Le contexte

Repris par Telê Santana en juin 1985 (Mario Zagallo était également candidat), les Brésiliens font évidemment partie des favoris de l’édition 1986, seize ans après avoir gagné leur troisième Coupe du monde en élisant domicile au stade Jalisco de Guadalajara (sauf pour la finale, disputée à l’Azteca de Mexico). Si les héros de 1982, Junior et Socrates, ont quatre ans de plus, et que Zico et Falcao, usés, sont dans le groupe mais plus titulaires, l’équipe est quand même plus solide, notamment à ses deux extrémités. Le calamiteux gardien Waldir Peres a été remplacé par Carlos, et le maladroit avant-centre Serginho a laissé place à Careca, absent sur blessure en 1982 et capable de marquer des deux pieds dans n’importe quel angle.

Au premier tour, le Brésil se fait des frayeurs contre l’Espagne (1-0) après qu’un but valable ait été refusé à Michel alors que le ballon avait franchi la ligne après avoir tapé sous la transversale, et face à l’Algérie d’Assad, Madjer et Belloumi qui fait bien mieux que se défendre (1-0). La suite sera plus facile contre l’Irlande du Nord de Pat Jennings (3-0) et la Pologne de Zbigniew Boniek en huitièmes de finale (4-0). Ce qui fait quatre matchs, quatre victoires, neuf buts marqués et aucun encaissé. Encore mieux qu’en 1958 avant de croiser la France en demi-finale (aucun but encaissé mais un 0-0 au premier tour) et qu’en 1970 après le quart contre le Pérou (quatre victoires mais 5 buts encaissés).

Santana aligne la même équipe que celle qui a battu l’Irlande du Nord et sorti la Pologne, avec devant Carlos une défense Josimar, Julio Cesar, Edinho, Branco, un milieu Elzo, Alemao, Socrates et Junior et une attaque Muller-Careca.

Côté Français, Henri Michel voudrait bien en faire de même, tant ses Bleus ont été impressionnants de maîtrise et de sang froid contre l’Italie. Mais il ne peut pas : William Ayache est suspendu. Il décide alors, drôle d’idée, de mettre Luis Fernandez arrière droit et Thierry Tusseau milieu défensif. Le reste est classique, avec Bats dans la cage, Bossis-Battiston dans l’axe, Amoros à gauche, Tigana, Giresse et Platini au milieu et le duo Stopyra-Rocheteau devant.

Il est midi au stade Jalisco de Guadalajara. Le soleil est au zénith, la sphère suspendue à la verticale du rond central fait un petit cercle d’ombre qui va migrer vers le point du coup d’envoi, on est à 1560 mètres au-dessus du niveau de la mer, il fait très chaud. C’est là où on se dit qu’un tel match, joué à 21h et au niveau de la mer comme à Séville, ça aurait été encore mieux. Puis le match commence et on ne dit plus rien.

Le match

La première alerte arrive à la troisième minute : un une-deux Giresse-Platini est contré dans la surface brésilienne, Platini récupère et sert Amoros en retrait lequel déclenche un tir rasant que Carlos est tout content de voir passer à ras de son poteau gauche, à l’extérieur. Alemao répond par un missile à longue portée largement au-dessus des cages de Bats (6e).

Pendant les premières minutes, la possession est française, les Brésiliens laissant venir les Bleus dans leur camp pour les prendre en contre. Puis les Auriverde se décident à mettre le pied sur le ballon et une première combinaison Socrates-Careca-Junior avorte de justesse, le dernier marchant sur le ballon. La position de Fernandez, très haut côté droit, inquiète un peu car il y a beaucoup d’espace dans son dos.

A la 10e, Tigana, Stopyra et Rocheteau combinent plein axe, le ballon arrive sur Giresse balancé par Junior à vingt mètres des buts. Coup franc. Tusseau le tire, dans le mur. Juste après, Amoros tente à nouveau sa chance à 25 mètres, sur Carlos. Puis, sur une double perte de balle Giresse-Platini contrés dans le rond central par Junior, les Brésiliens lancent une attaque éclair : un trois contre trois que Careca préfère jouer seul pour une frappe sans danger pour Bats (12e).

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Un décalage d’école

C’est plus chaud trois minutes plus tard quand au terme d’une possession brésilienne, Junior trouve Muller à droite qui sert Careca dans l’axe lequel prolonge sur Socrates qui peut frapper sans opposition. Bats dégage (15e). Mais Socrates a suivi, récupère devant Battiston, sert Careca, Bats sort dans ses pieds et met en corner. Double occasion en dix secondes. Puis c’est au tour de Muller de tenter sa chance de vingt mètres, sans appuyer sa frappe (16e). Les Bleus subissent, plient et finissent par lâcher prise au terme d’une sublime attaque placée de vingt-cinq secondes et neuf passes qui disloque le flanc gauche de la défense pour dégarnir l’axe où Careca termine le travail froidement (17e, 1-0). En cinq minutes, c’est le quatrième tir cadré des Brésiliens.

Henri Michel décide alors de réorganiser son équipe. Manuel Amoros passe à droite, Tusseau recule d’un cran à gauche et Fernandez reprend sa place de milieu défensif. Le quart d’heure qui suit sera crucial : soit les Bleus réagissent, soit ils lâchent à nouveau et s’exposent à une correction historique. Alors ils réagissent. Mieux organisés, ils reviennent dans le camp brésilien et Giresse tente un tir excentré de vingt mètres, au dessus (21e). Puis le même Giresse décale Amoros côté droit, dont le centre tendu devant la cage de Carlos manque d’un rien d’être coupé par Rocheteau (25e). Enfin, une combinaison Tigana-Platini-Giresse trouve Stopyra au point de pénalty, mais l’attaquant français est repris de justesse par Josimar (31e). Le match s’équilibre, les acteurs reprennent leur souffle après une première demi-heure intense. On n’a pourtant encore rien vu.

Quand Platini s’énerve le jour de son anniversaire...

Sur une ouverture brésilienne de 50 mètres signée Socrates, Careca élimine Bossis côté gauche, centre fort devant la cage de Bats. Au second poteau, Muller surgit et son tir ricoche à la base du montant gauche français (33e). Premier poteau du match, et énorme frayeur. Le combat monte en intensité. Rocheteau, balancé suite à une passe de Platini, obtient un bon coup franc. Platini le tire, encore dans le mur. Il perd beaucoup de ballons, le triple Ballon d’or français, et c’est mauvais signe. Il se fait contrer dans les pieds, ses passes longues n’arrivent pas, il peste.

C’est alors qu’il va sortir un tour de son chapeau. Au milieu, Tigana récupère un ballon. Il sert Giresse, qui décale Amoros. Celui-ci organise un jeu en triangle avec Giresse qui décale Rocheteau côté droit. Rocheteau centre, son ballon est légèrement dévié par Edinho et arrive pile entre Carlos et Stopyra qui se jette tête en avant. Le ballon passe en rebondissant entre les deux qui se heurtent, et roule vers le second poteau. Platini, qui avait suivi, surgit dans le dos de Josimar et marque d’un plat du pied gauche dans le but vide. Sans doute un des plus moches buts de sa carrière en bleu, mais c’est celui de l’égalisation, le jour de son trente-et-unième anniversaire. Et, mais on ne le sait pas encore, son dernier en équipe de France (41e, 1-1).

Les Brésiliens sont furieux. C’est le premier but qu’ils encaissent dans le tournoi, et peut-être pressentent-ils à ce moment que c’est celui qui va les éliminer. Carlos réclame une faute de Stopyra, l’arbitre roumain Ioan Igna ne bronche pas. La mi-temps arrive sur un score de parité. Comme à Séville après avoir été menés d’entrée, les Bleus ont fait mieux que tenir. Maintenant il va falloir gagner.

Il est treize heures, et il faut remettre la machine en route. Junior tente un nouveau tir de loin que Bats boxe devant lui des deux poings (48e). Suite à une faute de Bossis sur Careca, un coup franc tiré directement par Socrates très excentré côté gauche doit être renvoyé en corner par Bats (50e). Les Bleus répliquent aussitôt par une déviation de Stopyra sur Rocheteau dont le tir croisé à dix mètres passe à un mètre du poteau de Carlos (52e). Un centre de Bossis trouve la tête de Stopyra, mais ce dernier ne cadre pas (55e), tout comme, de l’autre côté, Josimar et Alemao.

Tigana tente le coup de la Hongrie

Le rythme ne ralentit pas, mais les occasions franches se raréfient, du moins jusqu’à une énorme pour la France. Platini se bat à terre dans le rond central, arrache le ballon pour Rocheteau qui perce et cherche Stopyra, mais Edinho repousse. Tigana grille la politesse à Socrates, percute, donne à Rocheteau qui lui remet instantanément. Tigana entre alors dans la surface grande ouverte, se présente seul devant Carlos, ne sait plus trop quoi faire. Le ballon est sur son pied gauche, il pourrait tirer, là, comme contre la Hongrie. Mais il tergiverse, Carlos déboule dans ses pieds et éloigne le danger. Première balle de break (65e).

Pas le temps de respirer que déjà de l’autre côté Socrates pousse, est contré, remet en retrait pour Junior dont la frappe du droit à 20 mètres est repoussée par Bats. Puis c’est Careca, sur un superbe centre de Josimar, qui reprend de la tête, sur la barre (71e). On se dit que ça commence à faire beaucoup, et qu’une des deux équipes va finir par lâcher. Muller sort, la légende Zico entre. Deux minutes plus tard, sur une récupération basse de Edinho, Zico touche son premier ballon. Il a vu Branco partir et trouve une ouverture lumineuse. Bats ne peut faire autrement que bloquer les jambes du Brésilien lancé vers le but. Pénalty (74e).

On voit alors les Brésiliens s’étreindre au sol comme s’ils avaient marqué, grave faute de goût pour des gentlemen. Edinho s’approche du ballon pour le tirer, mais Zico s’impose. Il veut jouer le rôle du sauveur, à l’initiative et à la conclusion. Erreur. Bats s’impose, et Tigana gêne Careca qui ne peut reprendre qu’à côté. Ouf !

Bossis et Amoros sont partout

Il reste un quart d’heure à jouer. Sur le côté droit au niveau de la ligne médiane, Bossis servi par Giresse profite des cogitations brésiliennes pour effacer Elzo d’un contrôle orienté en grand pont, puis part en grandes foulées, et comme il n’est pas attaqué, il allume Carlos d’un extérieur du droit sur lequel le gardien brésilien se jette pour dévier en corner (76e). Puis Amoros, servi par Platini, frappe du gauche dans l’axe, un poil trop croisé (79e).

Les Brésiliens ressemblent à un fruit trop mûr qui va tomber de la branche. Mais attention. Careca et Zico combinent devant la surface, ce dernier remet à Careca qui arrive lancé devant Bats mais bute encore sur le gardien français (82e). Amoros, qui fait un match monstrueux, reprend Socrates qui n’en peut plus. Giresse non plus, d’ailleurs il sort, remplacé par Ferreri. Puis Josimar centre depuis l’aile droite, trouve Zico sur la ligne des 5,50 mètres dont la tête est sortie par Bats à bout portant (85e).

Et ça repart de l’autre côté, comme un mouvement incessant de ressac, vagues bleues sur le sable blond. Cette fois c’est Bossis qui se décide à monter, en mode Blanc contre le Paraguay 1998. Platini ouvre sur Rocheteau qui décale Bossis, tout seul dans la surface côté gauche. Bossis centre en retrait sur Rocheteau ou Stopyra dans l’axe, mais Elzo revenu de nulle part met en corner (86e).

Santana remplace Junior par Silas dans les ultimes secondes du temps additionnel, mais juste avant de sortir, ce dernier se procure une ultime occasion au bout d’une action initiée par Careca et prolongée par Zico, mais il dévisse sa frappe.

Plus besoin de protège-tibias

Il est un peu plus de 14h et l’ombre de la sphère est désormais presque à la verticale exacte du rond central. Une demi-heure de bonheur en plus. Platini joue sans protège-tibias, les chaussettes baissées, comme Fernandez ou Socrates (ce qui n’est plus possible aujourd’hui). Le rythme est forcément retombé, les mouvements sont lents, personne ne veut se découvrir inconsidérément. L’apport des trois remplaçants (Zico, Silas et Ferreri) n’est pas très visible. Et c’est Rocheteau qui place une première banderille à la 94e quand une série de dribbles lui ouvre l’accès du but, mais il est contré au moment de frapper par Julio Cesar. Le ballon revient sur Stopyra dont la frappe rasante est détournée en corner par Branco. Double occasion !

Les Brésiliens n’ont visiblement plus grand chose dans le moteur, alors ils vont à leur rythme, mais une frappe d’Elzo laissé libre à vingt mètres frôle la transversale de Bats (99e). Rocheteau, qui a fait un match remarquable, est remplacé par Bellone. Il n’y aura plus de changements. Au milieu, les espaces s’étirent car Fernandez reste derrière et Ferreri et Platini montent soutenir Bellone et Stopyra. Côté brésilien, Socrates est bouilli mais pas Careca, qui provoque côté gauche et sert Silas, dont le tir de vingt-cinq mètres est un peu trop enlevé (103e). Juste après, Zico trouve un intervalle dans la surface française pour servir Silas qui contourne Bats mais ne peut conclure, le centre d’Alemao finissant au-dessus.

Quand Amoros ose un petit pont sur Socrates

Socrates n’avance plus, mais sa haute taille peut encore semer la panique dans la surface quand il coupe un centre de Silas, à dix mètres de Bats qui trouve encore moyen de bloquer (105e). Les tirs au but s’approchent inéluctablement quand le huitième et dernier quart d’heure du match commence. Aucune des deux équipes ne veulent en arriver là, alors elles jettent leurs dernières forces dans la bataille. Tusseau est foudroyé par une crampe, mais se relève. Amoros s’offre un petit pont sur Socrates devant sa propre surface (comment ose-t-il ?) et Ferreri, que l’on aimerait décisif, gâche une action de contre avec Stopyra. Les Bleus souffrent, les Brésiliens en profitent pour se montrer à nouveau dangereux comme sur un tir d’Alemao détourné en corner par Bats.

Un bouquet final d’une minute, Alemao-Bellone-Socrates

C’est le début d’une séquence démentielle, après deux heures de jeu en plein soleil à une altitude de station de ski. Il reste cinq minutes. Corner pour le Brésil. Edinho et Zico le jouent à deux. Centre de Zico, claqué par Bats qui trouve Ferreri côté droit. Ce dernier sert Platini dans l’axe, un peu avant le rond central. Le capitaine français a vu partir Bellone et le sert d’une somptueuse passe laser dans la course. Bellone récupère le ballon à 40 mètres et devant lui, il n’y a plus personne hormis le gardien Carlos. Ça vous rappelle quelque chose ? Sauf que Carlos joue le coup plus finement que Schumacher, sort de sa surface et agrippe Bellone qui a choisi de le contourner par la gauche.

La faute est évidente mais Bellone résiste, continue, perd l’équilibre, se redresse et c’est trop tard, Josimar est revenu et lui enlève le ballon. Pendant que les Français protestent auprès de Ioan Igna qui a laissé l’avantage, Josimar sent le bon coup, accélère, trouve Silas le long de la touche. Ce dernier sert Careca qui déborde Battiston d’un ultime coup de rein et centre fort devant le but. Au second poteau, Socrates est tout seul mais le ballon lui arrive derrière le pied d’appui. Il le manque de quelques centimètres. C’est l’ultime étincelle dans le jeu, même si Fernandez tente une transformation qui passe largement au-dessus de Carlos (119e). La fin du match est sifflée avec trente secondes d’avance, allez savoir pourquoi.

Stopyra tire plein axe, à la Neeskens

C’est donc la deuxième séance de tirs au but de la France, la deuxième de l’histoire de la Coupe du monde d’ailleurs, et tout le monde se souvient de la première. Mais Rocheteau et Giresse ne sont plus là. Qui va tirer ? Stopyra, Bellone et Fernandez frapperont en première, troisième et cinquième position. Amoros et Platini, déjà volontaires à Séville, en deuxième et quatrième. Les Brésiliens commencent. Socrates frappe sans élan, et Bats décidément invincible détourne main opposée. Stopyra fusille Carlos plein axe, à la Neeskens. 1-0. Alemao égalise, mais Amoros redonne l’avantage aux Bleus (2-1). Zico revient. La star brésilienne a du cran, et frappe droit devant lui. 2-2. Au tour de Bellone. Son tir violent du gauche heurte le poteau, revient sur l’épaule de Carlos qui est parti du bon côté et entre. Que peut-il arriver aux Bleus ce jour-là ?

A 3-2, la prochaine erreur coûtera très cher, mais Branco assure, alors que le point de pénalty est de plus en plus creux à force d’être piétiné. Platini n’a jamais manqué de pénalty avec les Bleus, évidemment. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il va commencer, n’est-ce pas ? Mais le ballon ripe sur le bord du trou, et la frappe passe au-dessus de la transversale de Carlos. 3-3, tout est à refaire. Julio Cesar peut redonner l’avantage au Brésil et mettre un maximum de pression sur Fernandez, mais son tir fracasse le poteau droit de Bats et sort. Il y a des jours comme ça.

Alors que Carlos tarde à rejoindre son but, Fernandez pose le ballon sur le point blanc. Tête baissée, il est si concentré qu’on le sent capable de traverser un mur. Et il place un amour de plat du pied croisé à gauche pendant que Carlos est parti à droite. C’est fini, l’histoire peut s’écrire.

La séquence souvenir

Le but de Careca. On joue depuis 16 minutes et les Bleus ne tiennent plus le ballon. Un dégagement de Bats trouve la tête de Julio Cesar. Josimar le long de la touche, côté droit dans le camp brésilien. Il sert Socrates qui contrôle au niveau de la ligne médiane, qui remet à Alemao vers l’intérieur, lequel ouvre côté droit pour Josimar qui trouve Muller à trente mètres. Ce dernier s’appuie sur Tusseau, pivote et élimine Battiston dans le même mouvement. Fernandez se jette au moment où il décale sur sa gauche Junior, lequel avance jusqu’à la surface, attire Bossis et décale Careca absolument seul qui n’a plus qu’à aligner Bats d’une frappe du droit à mi-hauteur, à quinze mètres. C’est un décalage de rugby qui, à partir d’une attaque placée jouée en marchant, a fait sauter l’un après l’autre les verrous défensifs français.

Le Bleu du match : Joël Bats

Depuis trois saisons qu’il garde la cage des Bleus, ces derniers ont enfin le gardien qu’ils cherchaient depuis au moins René Vignal au début des années cinquante. Si son premier match contre le Canada a inquiété, Bats a rassuré tout le monde depuis. Mais à Guadalajara, il va sortir le match de sa vie. Soumis à un pilonnage en règle (24 tirs brésiliens, dont 11 cadrés), il ne s’avoue vaincu qu’une fois, sur la deuxième frappe de Careca. Et s’il est sauvé par son poteau gauche (Muller) et sa transversale (Careca), il réussit une dizaine d’arrêts de grande classe, dont deux contre Zico, sur pénalty et sur une tête à bout portant. Dans la séance de tirs au but, il est à nouveau décisif contre Socrates, avant d’être encore une fois sauvé par son poteau. La presse le surnommera Batsman.

L’adversaire à surveiller : Careca

L’attaquant de Sao Paulo est celui qui aurait peut-être changé le destin du Brésil s’il avait participé à la Coupe du monde 1982. Quatre ans plus tard, il est au sommet de son art et il a marqué quatre buts contre l’Algérie, l’Irlande du Nord (doublé) et la Pologne. Il lui faut à peine plus d’un quart d’heure pour ouvrir le score contre la France, mais il a Bossis sur le dos, et Français ne lui laisse pas un mètre pour se retourner, ce qui l’oblige à s’éloigner de la surface pour trouver un peu d’air. C’est d’ailleurs dans cette position d’ailier qu’il déclenche ses centres rasants créent deux énormes occasions pour Muller (33e) et Socrates (116e). Et sa tête de la 71e trouve la transversale de Bats. A la séance des tirs au but, il n’est pas volontaire, et c’est sous l’ombre de la sphère qu’il regarde de loin ses coéquipiers perdre le match. Un an plus tard, il rejoindra Naples, Maradona et Giordano avec lesquels il formera le trio d’attaque MaGiCa.

La fin de l’histoire

C’est fini pour le Brésil est c’est un scandale, un de plus, après les éliminations de l’URSS par la Belgique et du Danemark par l’Espagne au tour précédent. Ce Mundial est à la fois magnifique et impitoyable, pratiquant le sacrifice des équipes joueuses et déjouant tous les pronostics. Après leur victoire, les Français vont suivre le quart de finale qui doit qualifier leur prochain adversaire. Ce sera le Mexique ou la RFA. Les Allemands se retrouvent à dix après l’expulsion de Thomas Berthold, mais les coéquipiers de Hugo Sanchez n’en profitent pas. 0-0, prolongations, tirs au but et qualification allemande. C’est sans doute-là que les Bleus ont perdu le Mundial : face au Mexique en demi-finale, ils avaient toutes leurs chances. Contre une RFA solide et sans état d’âme, ils vont vouloir leur revanche de Séville mais n’en ont plus les moyens. Battus au terme d’un combat physique sans répit (0-2), les Bleus n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et décrochent tout de même une médaille de bronze face à la Belgique. Ils se consoleront douze ans plus tard, de la plus belle des manières, un 12 juillet.

Les Brésiliens, qui perdent Socrates, Zico, Falcao et Santana après l’échec de Guadalajara, devront attendre huit ans pour ajouter une quatrième étoile à leur maillot (face à l’Italie en 1994), avec une équipe pourtant moins forte que celle de 1986. Sur leur lancée, ils enchaînent deux finales consécutives, une perdue évidemment (contre la France en 1998), la suivante gagnée grâce à un duo Ronaldo-Ronaldinho inspiré (face à l’Allemagne en 2002). Mais ils échoueront à nouveau face aux Bleus en 2006.

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Hommage à Pierre Cazal