Depuis quelques saisons, il y a comme une impression récurrente : celle que les Bleus ouvrent souvent le score, mais qu’ils peinent à marquer un deuxième but qui leur permettrait de « tuer » le match.
En 2018 par exemple, c’était le cas contre les Pays-Bas, la Croatie, l’Argentine, l’Australie et les Pays-Bas, qui ont égalisé avant de s’incliner, alors que face à la Belgique, au Pérou ou à l’Uruguay en novembre, le score est resté bloqué à 1-0, laissant les Bleus sous la menace d’une égalisation tardive.
Pour en avoir le cœur net, et parce qu’il faut être prudent avec les impressions, j’ai décortiqué les 159 matchs depuis août 2012, date des débuts de Didier Deschamps au poste de sélectionneur. Et j’ai tenté de représenter l’évolution des scores (pour le premier et pour le deuxième but) sous la forme d’une arborescence.
Que constate-t-on ? Sur les 159 matchs, il y en a 14 où le score n’a pas été ouvert. Ce sont bien entendu les 0-0. A noter qu’ils représentent près de la moitié des des 33 nuls de la période.
99 fois sur 145, les Bleus marquent les premiers
Restent 145 rencontres comptant au moins un but. Sur ce total, l’équipe de France a ouvert le score 99 fois (68% environ) et son adversaire 46 fois (32%). Donc, une fois mis de côté les 0-0, les Bleus marquent en premier sept fois sur dix. Impression confirmée.
Que se passe-t-il maintenant quand l’équipe de France a ouvert le score ? Trois hypothèses : tout d’abord, on en reste là, victoire 1-0. C’est arrivé 18 fois. Ensuite, les Bleus marquent à nouveau et mènent 2-0. C’est arrivé 57 fois. Enfin, l’adversaire égalise à 1-1, ce qu’on a vu 24 fois.
Quand ils mènent 2-0, les Bleus ont-ils match gagné ? Presque toujours. En tout cas, il n’y a jamais de nul : 56 victoires et une seule défaite (contre la Colombie en mars 2018).
Si on se résume, quand ils marquent en premier, les Bleus doublent la mise dans 58% des cas. Dans 18%, ils s’en tiennent là et gagnent 1-0. Le reste (24% des cas), l’adversaire égalise. C’est donc assez peu fréquent.
L’adversaire gagne 15 fois sur 32 quand il ouvre le score
Voyons ce qui se passe quand, après avoir mené, les Français sont rejoints au score. Sur 24 fois, ils gagnent près de la moitié des matchs (11) et ne perdent que 5 fois (quatre fois 1-2 et une fois 1-3). Les 8 nuls restants se partagent entre six 1-1 et deux 2-2 (le dernier étant celui en Grèce en novembre 2023).
Autrement dit, quand les Bleus marquent les premiers, ils gagnent 85 fois sur 99, pour 8 nuls et 6 défaites, la dernière face à l’Espagne en juillet 2024.
Et si ce sont eux qui encaissent le premier but, que se passe-t-il ? C’est arrivé 46 fois, et dans 8 cas, le score est resté à 0-1. Il est plutôt rare que l’équipe de France concède ensuite un deuxième but dans la foulée (14 fois sur 38), mais là, c’est presque toujours fatal, avec un 1-2 (Allemagne 2023), huit 0-2 (Ukraine 2013, Angleterre 2015, Espagne 1017, Pays-Bas 2018, Turquie 2019, Finlande 2020 et Danemark 2022, Allemagne 2024), un 0-3 (Brésil 2013) et un 3-4 après avoir été mené 0-3 (Belgique 2015). Et seulement deux nuls, un 2-2 (Islande 2018) et le 3-3 contre l’Argentine en finale de la Coupe du monde 2022.
Si les Bleus égalisent, bizarrement ils font mieux que lorsque c’est l’adversaire qui revient à leur hauteur : 15 victoires qui sont autant de renversements de score (dont deux 4-1 contre la Bulgarie en 2016 et l’Ecosse en 2023, et un 4-2 en Biélorussie en 2013) et 9 nuls, dont les trois de l’Euro 2020 contre le Portugal, la Hongrie et la Suisse.
Celui qui marque le premier l’emporte 7 fois sur 10
En résumé, en 159 matchs, les Bleus ont gagné quasiment aussi souvent (101 fois) qu’ils ont ouvert le score (99), même si les deux statistiques ne se chevauchent qu’en partie. Et l’importance du premier but est évidente, comme toujours dans le football moderne : celui qui marque d’abord l’emporte 104 fois sur 145 (72% des cas) et ne perd que 22 fois (15%). Un point intéressant à retenir est le très faible nombre de matchs nuls une fois le score ouvert : seulement 19 en 145 rencontres (13%).
L’équipe qui mène 2-0 a quasiment toujours match gagné : 67 fois sur 71 (94%). Et quand une équipe égalise à 1-1, c’est logiquement équilibré : 20 victoires sur 48 (42%) pour 11 défaites (23%) et 17 nuls (35%).
Pour synthétiser toutes ces informations en un coup d’œil, voici une arborescence. Elle se lit de la façon suivante : sont détaillés pour l’ensemble des 159 matchs les victoires de la France (en bleu), les nuls (en gris) et les défaites (en rouge).
Pour chaque score, le chiffre au-dessus indique le nombre de matchs terminés sur ce résultat : pour les 0-0 c’est 14, pour les 1-0 c’est 18, pour les 0-1 c’est 8.
Les traits orange orientent vers les différents cas, avec pour chacun les statistiques de tout ce qu’il y a à côté et en dessous. Par exemple, les Bleus ont mené 99 fois 1-0, et dans ce cas, ils ont gagné 85 fois (en bleu dans le cercle). A l’inverse, ils ont été menés 46 fois 0-1 et ont perdu 19 fois (en rouge dans le cercle).
Au-delà du deuxième but du match, l’arborescence s’arrête, mais les scores des rencontres à trois buts ou plus sont indiquées en dessous.