Le nouvel autoproclamé « Ballon d’or du peuple » ne se risquera probablement pas à une intervention médiatique pour dénoncer les conditions sociales, politiques et écologiques dans laquelle va se dérouler la Coupe du monde, même si ça aurait de l’allure. On se souvient toutefois qu’en décembre 2016, dans le cadre des révélations de Football Leaks, il avait déclaré qu’il payait ses impôts sur ses droits à l’image (qui n’ont certainement pas diminué depuis) en France et pas en Espagne, où il aurait pu bénéficier d’un régime fiscal beaucoup plus avantageux : « Il faut payer ses impôts non ? On me demande de payer mes impôts, je les paye, c’est tout. Ce n’est pas un exploit. Je ne vois pas pourquoi tout le monde a parlé de ça, partout. Moi, je me concentre sur le foot et je paye mes impôts. »
Le Ballon D’Or Du Peuple pic.twitter.com/IxsDmR2451
— Karim Benzema (@Benzema) October 18, 2022
Si l’on s’en tient à l’aspect strictement sportif, Benzema pourrait relever 9 défis en novembre et décembre prochains.
1. Devenir le dixième centenaire des Bleus
S’il n’avait pas manqué cinq des huit matchs de l’équipe de France cette année, Karim Benzema aurait déjà atteint, voire dépassé, sa centième sélection. Il en est à 97. Autrement dit il pourra devenir le dixième centenaire des Bleus (et le quatrième du groupe actuel, après Lloris, Giroud et Griezmann) dès le 30 novembre contre la Tunisie, s’il joue tous les matchs du premier tour. S’il en manque un et que l’équipe de France se qualifie, ce sera pour le huitième de finale, quelques jours plus tard. A noter qu’il serait le deuxième international français à fêter sa centième cape en Coupe du monde, après Lloris en 2018, contre le Pérou. Didier Deschamps (en 2000 contre le Portugal) et Lilian Thuram (en 2004 face à l’Angleterre) l’avaient fait à l’Euro, tandis qu’Antoine Griezmann (en 2021 face à l’Espagne) est le seul à y avoir eu droit un soir de finale et de titre (Ligue des Nations).
2. Dépasser Michel Platini au classement des buteurs
Ce sera moins facile, mais pas inaccessible. Benzema en est à 37 buts en sélections, Platini a terminé sa carrière avec le record, pour l’époque (en 1987), de 41. Pour l’égaler, il lui faudra donc marquer quatre fois, mais pour le battre, Benzema devra inscrire cinq buts, sa moyenne étant inférieure à celle du triple Ballon d’or (0,38 contre 0,57). En revanche, il pourrait dépasser Platini au nombre de buts marqués en Coupe du monde. Actuellement, Benzema en compte 3, tous inscrits lors des deux premiers matchs de l’édition 2014. Platini en est à 5, comme Zidane d’ailleurs, et Henry en compte 6. Le record de Fontaine (13) est lui inaccessible.
3. Signer enfin un triplé
En 97 sélections et donc 37 buts inscrits, Benzema a réalisé huit doublés, dont trois en phase finale : en 2014 contre le Honduras en Coupe du monde (pour ses débuts dans la compétition) et en 2021 face au Portugal puis à la Suisse à l’Euro. Mais il n’est jamais parvenu à tripler en équipe de France, ce qu’il fait souvent avec le Real, notamment en Ligue des Champions. Réussir un triplé en Coupe du monde est une autre paire de manches, puisque pour l’instant Just Fontaine est le seul à l’avoir fait, en 1958 contre le Paraguay (7-3). Il avait même fait mieux vingt jours plus tard contre la RFA avec un quadruplé (6-3).
4. Devenir le premier Ballon d’Or champion du monde
On l’a dit dans un autre article : les 16 précédents Ballons d’Or ont tous échoué à remporter la Coupe du monde qui a suivi. Mais Benzema est un cas particulier, puisqu’il a été lauréat un mois avant l’épreuve, au lieu de six à sept mois avant (de décembre à juin). Ce changement de format va-t-il briser cette série ?
5. Etre le buteur français le plus âgé en Coupe du monde
Benzema aura 34 ans et 11 mois quand commencera l’édition 2022. S’il marque, il deviendra le joueur français le plus âgé à l’avoir fait, battant le précédent record détenu par Zinédine Zidane le 9 juillet 2006 (34 ans et 16 jours lors de son dernier but en sélection face à l’Italie).
6. Récupérer le numéro 9
Ce n’est certainement pas une priorité et encore moins une obsession. Mais la question pourrait se poser si Olivier Giroud, qui porte le numéro 9 depuis ses débuts en équipe de France en novembre 2011, n’est pas dans la liste. Dans ce cas, le 9 serait vacant. En juin dernier, c’est Wissam Ben Yedder qui le portait en l’absence du Milanais, et rien ne dit que ce serait encore le cas dans un mois. Mais Benzema a très peu joué en 9 avec les Bleus, onze fois entre 2007 et 2008 (avant sa mise à l’écart en 2015 il avait le 10, et depuis son retour en 2021 il porte le 19). Et c’est un numéro porte-poisse en Coupe du monde.
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7. Porter le brassard une nouvelle fois
En 97 sélections, Benzema n’a été capitaine qu’une seule fois : en mars 2015 à Saint-Denis contre le Brésil (1-3) de Neymar. Comme Giroud l’avait été pour sa centième cape en 2020 contre la Finlande, on pourrait imaginer qu’il soit capitaine face à la Tunisie le 30 novembre prochain. Ou, pourquoi pas, en finale le 18 décembre, contre le Brésil à nouveau ?
8. Gagner la Coupe du monde
Ce défi-là n’est évidemment pas propre à Benzema. Mais contrairement à Lloris, Aréola, Pavard, Varane, Kimpembe, Lucas Hernandez, Pogba, Griezmann, Dembélé et Mbappé, lui ne l’a jamais gagnée, et ce sera certainement sa dernière chance. Avec l’Euro, c’est le seul grand trophée qui manque à son palmarès. Et s’il devient champion du monde, il devrait pouvoir être de l’aventure en 2024, d’autant plus si Zidane succède à Deschamps.
9. Être encore là en mars pour faire tomber le record de Larbi Ben Barek
Celui-là date de novembre 1954 et il tombera fin mars 2023 si Benzema joue aux Pays-Bas ou face à l’Irlande. Il s’agit du record de longévité en sélection, que le Ballon d’or 2022 porterait à plus de 16 ans (contre 15 ans et 10 mois). Celui-là devrait tenir longtemps, au moins 2033 pour Mbappé. À moins que Lloris prolonge sa carrière internationale jusqu’en novembre 2024. Mais d’ici là, Benzema devrait pousser le record encore plus loin.
