Bruno Martini a découvert l’équipe de France A un soir d’août 1987 à Berlin. Dans les dernières minutes d’un RFA-France amical, le gardien de l’AJ Auxerre, âge de 25 ans, remplace à la hâte un Joël Bats sonné par un ballon reçu en pleine figure. Il était écrit qu’il succéderait au héros de Guadalajara dans la cage des Bleus, comme il a assuré sa succession dans celle de l’AJ Auxerre en 1985.
La gardien des Invincibles
Le sélectionneur Henri Michel met frontalement les deux hommes en concurrence pendant une dizaine de rencontres, alternant l’ancien et le plus jeune d’un match à l’autre. Dans le même temps, le gardien auxerrois reste régulièrement appelé dans l’équipe de France espoirs qui décroche le titre européen en 1988. Ce sera son seul titre international.
Le nouveau sélectionneur Michel Platini, qui succède à Henri Michel en novembre 1988, fait d’abord confiance à son ancien coéquipier. Bruno Martini patiente jusqu’au début de l’année 1990 où, à partir d’une rencontre face à la RDA au Koweït (3-0) puis celle face à la RFA à Montpellier (2-1), il s’installe définitivement dans la cage des Bleus. Il a alors 28 ans.
Il participe à l’intégralité des huit rencontres éliminatoires de l’Euro 1992, contribuant à l’impressionnant grand chelem des Tricolores (8 matchs, 8 victoires) où il n’encaisse que 6 buts en huit rencontres (là où ses coéquipiers en mettent 20). Logiquement, Bruno Martini est le gardien titulaire des Tricolores en Suède pour la phase finale de l’Euro 1992, qui se soldera par un échec des Bleus et le départ du sélectionneur.
Son successeur Gérard Houllier maintient sa confiance au gardien auxerrois dans ses premiers mois d’exercice, jusqu’à la fin de l’année 1992. Il fait ensuite appel à Bernard Lama pour les éliminatoires de la Coupe du monde 1994. Devenu numéro deux, Bruno Martini réapparaît le temps d’une mi-temps lors d’un match amical face à la Russie en 1993. Sous l’ère Aimé Jacquet, l’émergence du jeune Fabien Barthez fait glisser Martini au rang de numéro trois, rôle qu’il occupe à l’Euro 1996, après avoir disputé un seul match de préparation. Ce France-Finlande à Strasbourg sera sa 31ème et dernière sélection en bleu.
La transition entre Bats et Lama
Bruno Martini est alors gardien du Montpellier Hérault, club qu’il a rejoint en 1995 après dix années passées à Auxerre. On garde l’image d’un joueur sérieux, perfectionniste, toujours extrêmement concentré et très fort sur sa ligne. Comparé aux références Bats, Barthez et surtout Lloris, la carrière de Bruno Martini comme gardien titulaire de l’équipe de France peut paraître relativement courte. Elle a duré tout juste trois ans, entre 1990 et 1992. Il a assuré la transition entre Bats et Bernard Lama.
Sa carrière de joueur terminée, Bruno Martini reviendra auprès de l’équipe de France à partir d’août 1999, où il assurera pendant dix ans l’entraînement des gardiens de buts, secondant successivement Roger Lemerre, Jacques Santini et Raymond Domenech. Il aura donc connu sept sélectionneurs, quatre comme joueur, trois comme membre du staff, sur une période de 23 ans. Il a accompagné en sélection Bernard Lama, Fabien Barthez, Mickaël Landreau, Grégory Coupet, Hugo Lloris et Steve Mandanda.
Il poursuit sa carrière d’éducateur à Montpellier à partir de 2013, là où il avait terminé celle de joueur. Le 12 octobre 2020, il est victime d’un malaise cardiaque sur la parking du centre d’entrainement du club héraultais. Transporté à l’hôpital, il décède huit jours plus tard.
Les 31 sélections de Bruno Martini
Bruno Martini a gardé les cages de l’équipe de France à 31 reprises pour un temps de jeu de 2660 minutes. Il a encaissé 28 buts. Il a connu 18 victoires, 8 nuls et 5 défaites.
Num | Genre | Date | Lieu | Adversaire | Score | Tps jeu |
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537 | Amical | 29/05/1996 | Strasbourg | Finlande | 2-0 | 90 |
512 | Amical | 28/07/1993 | Caen | Russie | 3-1 | 45* |
508 | qCM | 14/11/1992 | Paris (Parc) | Finlande | 2-1 | 90 |
507 | qCM | 14/10/1992 | Paris (Parc) | Autriche | 2-0 | 90 |
506 | qCM | 09/09/1992 | Sofia | Bulgarie | 0-2 | 90 |
505 | Amical | 26/08/1992 | Paris (Parc) | Brésil | 0-2 | 90 |
504 | EuroT1 | 17/06/1992 | Malmö* | Danemark | 1-2 | 90 |
503 | EuroT1 | 14/06/1992 | Malmö* | Angleterre | 0-0 | 90 |
502 | EuroT1 | 10/06/1992 | Solna* | Suède | 1-1 | 90 |
501 | Amical | 05/06/1992 | Lens | Pays-Bas | 1-1 | 90 |
500 | Amical | 27/05/1992 | Lausanne | Suisse | 1-2 | 90 |
499 | Amical | 25/03/1992 | Paris (Parc) | Belgique | 3-3 | 90 |
497 | qEuro | 20/11/1991 | Paris (Parc) | Islande | 3-1 | 90 |
496 | qEuro | 12/10/1991 | Séville | Espagne | 2-1 | 90 |
495 | qEuro | 04/09/1991 | Bratislava | Tchécoslovaquie | 2-1 | 90 |
494 | Amical | 14/08/1991 | Poznan | Pologne | 5-1 | 90 |
493 | qEuro | 30/03/1991 | Paris (Parc) | Albanie | 5-0 | 90 |
492 | qEuro | 20/02/1991 | Paris (Parc) | Espagne | 3-1 | 90 |
491 | qEuro | 17/11/1990 | Tirana | Albanie | 1-0 | 90 |
490 | qEuro | 13/10/1990 | Paris (Parc) | Tchécoslovaquie | 2-1 | 90 |
489 | qEuro | 05/09/1990 | Reykjavik | Islande | 2-1 | 90 |
488 | Amical | 15/08/1990 | Paris (Parc) | Pologne | 0-0 | 90 |
487 | Amical | 28/03/1990 | Budapest | Hongrie | 3-1 | 90 |
486 | Amical | 28/02/1990 | Montpellier | Allemagne | 2-1 | 90 |
485 | Amical | 24/01/1990 | Koweït City* | RDA | 3-0 | 90 |
472 | Amical | 27/04/1988 | Belfast | Irlande du Nord | 0-0 | 90 |
470 | Amical | 05/02/1988 | Monaco | Maroc | 2-1 | 90 |
469 | Amical | 02/02/1988 | Toulouse | Suisse | 2-1 | 90 |
468 | Amical | 27/01/1988 | Tel Aviv | Israël | 1-1 | 90 |
466 | qEuro | 14/10/1987 | Paris (Parc) | Norvège | 1-1 | 90 |
464 | Amical | 12/08/1987 | Berlin | Allemagne | 1-2 | 5 |
Vos commentaires
# Le 20 octobre 2020 à 10:52, par Nhi Tran Quang En réponse à : Bruno Martini, les années bleues
Triste nouvelle, sincère condoléance pour ce grand gardien au style sobre mais efficace.
# Le 20 octobre 2020 à 16:52, par Nhi Tran Quang En réponse à : Bruno Martini, les années bleues
Parmi les gardiens que Bruno Martini a accompagné que ce soit en tant que joueur & surtout en tant qu’en entraîneur, il ne faut pas oublier Ulrich Ramé (12 sélections) qui a été le 3ème gardien lors de l’Euro 2000 & 2ème lors de la coupe du monde 2002 & titulaire lors de la coupe des confédérations 2001.
On pourrait citer Sebastien Frey (2 sélections) lors de l’Euro 2008 voire Cédric Carrasco (0 sélection au moment de la coupe du monde 2010)
# Le 20 décembre 2020 à 00:53, par Alphonse Tartan En réponse à : Bruno Martini, les années bleues
Bonjour,
J’ai une question qui me vient à propos du titre européen de l’équipe de France espoirs remporté avec Bruno Martini dans les buts.
Le portier auxerrois dispute la finale 1988 alors qu’il est déjà âgé de 26 ans. C’est forcément beaucoup pour figurer dans une équipe U21.
Y avait-il des règles spécifiques à cette compétition pour le poste de gardien ? Ou une possibilité de sélectionner des joueurs de plus de 21 ans dans des conditions bien précises ?
# Le 21 décembre 2020 à 20:17, par Richard Coudrais En réponse à : Bruno Martini, les années bleues
La règle des moins de 21 ans s’applique au début des éliminatoires du championnat d’Europe, ce qui fait que la plupart des joueurs ont 23 ans quand ils disputent les phases finales du championnat d’Europe U21.
Dans certaines épreuves, comme les Jeux Olympiques, trois joueurs de plus de 23 ans sont autorisés, souvent pour permettre à quelques grands noms d’être présents aux Jeux. Dans les années 1970, le championnat d’Europe Espoirs autorisait les équipes à aligner trois joueurs de plus de 23 ans. L’équipe de France n’avait pas hésité à appeler Marius Trésor et Henri Michel pour un France-URSS espoirs en 1976.
Il est donc probable qu’en 1988, Bruno Martini ait pu bénéficier de ce type de dérogation (même si je n’ai pas encore trouvé trace de ce point de règlement).