Histoires olympiques : Portugal-France 1996, l’occasion manquée

Publié le 20 mai 2024 - Richard Coudrais

Le 27 juillet 1996 à Miami, l’équipe de France olympique se retrouve en quart de finale du tournoi des Jeux d’Atlanta, où elle découvre la règle du but en or.

3 minutes de lecture

Depuis la médaille d’or conquise à Los Angeles en 1984, l’équipe de France olympique de football n’avait plus participé aux Jeux. Douze ans plus tard, elle vient reconquérir l’or sur le sol américain, à Atlanta, Georgie, dans le cadre des Jeux du Centenaire. L’équipe de Raymond Domenech s’est qualifiée en terminant troisième du championnat d’Europe espoirs disputé deux mois plus tôt.

Moins de vingt-trois ans

Les règles d’admission aux Jeux ont changé. Si en 1984, les professionnels de tout âge étaient conviés pour peu qu’il n’aient pas disputé la moindre minute de Coupe du monde, éliminatoires compris, ce sont depuis 1992 les joueurs de moins de 23 ans qui participent au tournoi olympique.

Pour la phase finale à Atlanta, chaque sélection qualifiée est autorisée à inclure trois joueurs nés avant 1973. Si cette mesure permet d’attirer aux Jeux quelques joueurs renommés comme Bebeto (Brésil), Pagliuca (Italie), Okocha (Nigeria), Sensini (Argentine), Lalas (Etats-Unis), Campos (Mexique), le sélectionneur français préfère s’en tenir à un groupe qui donne satisfaction. On y retrouve quelques talents prometteurs, tels Robert Pirès, Vincent Candela, Sylvain Wiltord, Claude Makélélé, Vikash Dhorasoo, Florian Maurice, Martin Djetou, Lionel Letizi, Olivier Dacourt, Tony Vairelles… Le jeune Patrick Vieira, 20 ans, aurait dû être du voyage, mais une blessure l’a obligé à déclarer forfait.

Les Français disputent leur premier tour en Floride, à Miami et Orlando, où ils affrontent successivement l’Australie (2-0, buts de Pirès et Maurice), l’Espagne (1-1, Legwinski) et l’Arabie Saoudite (2-1, Maurice et Sibierski). Ces résultats leur permettent de terminer en tête du groupe B et de poursuivre l’aventure.

Deux buts à Miami

Le 27 juillet 1996 à l’Orange Bowl de Miami, le quart de finale oppose les Bleus au Portugal. Les hommes de Raymond Domenech se créent les premières occasions, mais ils sont surpris dès la 7e minute par un contre fulgurant de leurs adversaires. Un long ballon est envoyé aux abords de la surface de réparation française, dans la course de l’attaquant Capucho qui envoie une frappe du gauche sous la barre de Letizi.

Cueillis à froid, les Tricolores s’organisent pour tenter d’égaliser. Mais il faudra attendre le début de la seconde période pour voir leur domination se concrétiser. Robert Pirès tente un débordement sur l’aile droite. Il entre dans la surface et se fait faucher par Beto. L’arbitre italien Pierluigi Collina accorde logiquement un penalty aux Tricolores. Florian Maurice prend Nuno à contre-pied.

Les Français dominent le reste de la rencontre mais ne parviennent pas à prendre l’avantage. Le match est heurté. Collina distribue huit cartons jaunes, dont cinq côté Portugais. Le temps réglementaire se termine sur un score nul (1-1) ce qui oblige les deux équipes à une prolongation.

De l’or et des larmes

Depuis l’Euro 1996 est instaurée dans toutes les compétitions internationales la règle du but en or pour départager les deux équipes en prolongations. A la fin du premier quart d’heure, Paulo Alves est idéalement lancé plein axe et Lionel Letizi n’a d’autre recours que de stopper irrégulièrement la course de l’attaquant portugais.

Alors qu’un coéquipier pousse le ballon dans la cage pour un but qui ne sera pas validé, Pierluigi Collina siffle le penalty qui s’impose. La décision de l’arbitre italien met le capitaine Jerôme Bonnissel dans une colère folle. Son explication avec Collina devient houleuse. L’arbitre lui adresse un carton jaune, puis, aussitôt après, un carton rouge, probablement à cause d’un mot de travers.

Letizi hérite du brassard et de la responsabilité de repousser le tir. Mais la frappe à ras de terre de Caludo est impeccable et prend le gardien français à contrepied. Le match se termine brutalement. Les Portugais se congratulent alors que les Français restent hagards. Le premier but en or olympique a été fatal à la France. Qu’on se rassure, à l’avenir, celle-ci saura retourner ce point de règlement à son avantage.

Orange Bowl de Miami, le 27 juillet 1996 à partir de 18h00 (heure locale)
Quart de finale du tournoi des Jeux olympiques d’Atlanta,
Portugal olympique bat France olympique 2-1 (but en or)
But : Maurice (49’ pen) pour la France, Capucho (7’) et Calado (105’ pen) pour le Portugal.
Portugal : Nuno - Kenedy, Litos (14’ Beto), Rui Jorge (62’ Afonso Martins) - Rui Bento, Vidigal, Andrade, Peixe, Calado - Paul Alves, Capucho (51’ Dani). Sel : Nelo Vingada.
France : Letizi - Djetou, Dieng, Bonnissel (Cap), Moreau - Makélélé, Dhorasoo, Dacourt (61’ Vairelles), Legwinski - Pirès, Maurice (91’ Wiltord). Sel : Raymond Domenech.
Arbitre : Pierluigi Collina (Italie) assisté de Heiner Neuenstein (Allemagne) et Akif Ugurdur (Turquie).
22.339 spectateurs
PNG - 9.6 kio

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Les joueurs

Dix des dix-huit Français présents à Atlanta connaitront l’équipe de France A au cours de leur carrière. Deux d’entre eux deviendront champions du monde en 1998 (Pirès et Candela) et trois seront champions d’Europe en 2000 (Pirès, Candela et Wiltord). Claude Makélélé est le seul qui comptait déjà une sélection en A avant de disputer les Jeux.

NumJoueurSel ATps jeuGNPAnnées
17 Sylvain Wiltord 92 5000 64 16 12 1999-2006
11 Robert Pirès 79 4175 54 16 9 1996-2004
7 Claude Makélélé 71 5381 42 19 10 1995-2008
13 Vincent Candela 40 2511 26 8 6 1996-2002
14 Olivier Dacourt 21 1240 16 3 2 2001-2004
8 Vikash Dhorasoo 18 954 9 8 1 1999-2006
15 Tony Vairelles 8 274 7 1 0 1998-2000
2 Martin Djetou 6 240 3 3 0 1996-2000
9 Florian Maurice 6 323 3 3 0 1996-1999
1 Lionel Letizi 4 327 1 1 2 1997-2001
3 Jérôme Bonnissel 0 0 0 0 0 -
5 Patrick Moreau 0 0 0 0 0 -
18 Sylvain Legwinski 0 0 0 0 0 -
20 Oumar Dieng 0 0 0 0 0 -
4 Florent Laville 0 0 0 0 0 -
10 Antoine Sibierski 0 0 0 0 0 -
12 Geoffray Toyes 0 0 0 0 0 -
16 Vincent Fernandez 0 0 0 0 0 -

Pour le stage à Clairefontaine du 22 juin au 4 juillet 1996, le groupe tricolore comptait Patrick Vieira, Pierre-Yves André et Charles-Édouard Coridon mais les trois hommes, blessés, ont été remplacés par Sylvain Legwinski, Antoine Sibierski et Oumar Dieng (ce dernier ayant alors 24 ans). La liste finale de 22 noms comptait également Stéphane Carnot, Christophe Sanchez et Christophe Revault mais ceux-ci sont restés en France, ne devant être appelés qu’en cas de coup dur. Ce qui n’est pas arrivé.

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Hommage à Pierre Cazal