En attendant le tirage au sort : les précédents en Coupe du monde

Publié le 31 mars 2022 - Bruno Colombari - 2

Jeudi 1er avril aura lieu à Doha le tirage au sort de la 22ème Coupe du monde. Pour l’équipe de France, ce sera le 16ème, puisque, rappelons-le, les Bleus ont séché le tournoi mondial à six reprises : en 1950, 1962, 1970, 1974, 1990 et 1994.

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La Coupe du monde a connu plusieurs formules différentes depuis sa création en 1930. Si le tournoi originel compte en théorie 16 participants jusqu’en 1978, à deux reprises il y a eu des forfaits qui ont rendu la formule bancale.

En 1930, ils ne sont que 13 invités (pas de phase qualificative) car les Européens, rebutés par la longueur du voyage (deux semaines en bateau), ne sont pas enthousiastes. L’Italie et l’Espagne déclinent l’invitation de la FIFA et l’Angleterre reste en dehors de la Fédération internationale, qu’elle a quittée en 1928 et qu’elle ne réintègrera qu’en 1946.

Un premier tour Americano

Le premier tirage au sort a lieu juste avant le début de la compétition, une fois toutes les équipes sur place, le 7 juillet. Alors qu’une formule à élimination directe (qui sera adoptée pour les deux éditions suivantes) était envisagée, la FIFA modifie ses plans et crée quatre groupes, deux de trois équipes et un de quatre. L’Argentine, le Brésil, les Etats-Unis et l’Uruguay sont têtes de série. Le deuxième chapeau est constitué par les quatre équipes européennes, dont la France, et le troisième par les cinq équipes restantes, toutes Américaines. L’équipe de France hérite du seul groupe de quatre et tombe sur le futur finaliste, l’Argentine, ainsi que sur le Mexique et le Chili.

En 1934, une phase qualificative est nécessaire pour départager les 32 sélections inscrites. 12 places sont réservées à l’Europe, deux à l’Amérique du Sud, une à l’Amérique du Nord et la dernière à l’Afrique. Le tournoi se joue donc en élimination directe avec des huitièmes de finale. La France tombe sur l’Autriche, alors une des meilleures nations européennes.

Quatre ans plus tard, en 1938, les forfaits s’accuumulent parmi les 35 nations inscrites pour la phase qualificative, l’Italie (tenante du titre) et la France (pays organisateur) étant qualifiés d’office. L’Amérique du Sud n’a plus qu’une place, comme la Concacaf et l’Asie. L’Europe compte 13 équipes, mais finalement 12 car l’Autriche, annexée par l’Allemagne nazie, est forfait. En huitièmes de finale, la France tombe sur la Belgique, son adversaire habituel qu’elle a déjà rencontré 26 fois depuis 1904.

Dans le groupe du Brésil, mais sans le rencontrer

Après le tournoi de 1950 auquel l’équipe de France n’a pas participé [1], et qui s’est joué lui aussi à 13 en raison des forfaits de l’Ecosse, de la Turquie et de l’Inde, la Suisse accueille le premier tournoi à 16 avec quatre groupes de quatre. Simple, direz-vous ? Pas tant que ça. La FIFA imagine en effet une formule bizarre dans laquelle les deux têtes de série de chaque groupe ne s’affrontent pas entre elles, et jouent contre deux autres équipes qui ne s’affrontent pas entre elles également. En cas de match nul, même au premier tour, il y aura une prolongation.

Le tirage a lieu le 30 novembre 1953, alors que les qualifications ne sont pas terminées. L’Europe dispose de 12 places, l’Amérique du Sud 2, la Concacaf et l’Asie une. La France est tête de série et placée dans le groupe 1 avec le Brésil, qu’elle ne rencontrera donc pas. Ses deux adversaires seront le Mexique (encore) et la Yougoslavie.

En 1958, le premier tour est enfin classique, avec quatre groupes de quatre et deux qualifiés par groupe, chaque équipe jouant contre les trois autres. La France hérite de la Yougoslavie, comme en 1954, de l’Ecosse et d’une nation qu’elle n’a jamais rencontrée, le Paraguay.

Bienvenue chez nous

En 1966 en Angleterre, les Tricolores tombent sur un groupe très relevé avec le pays organisateur, l’Uruguay et le Mexique, pour la troisième fois. Mais le tirage le plus difficile est celui de 1978, avec l’Argentine, encore le pays organisateur, l’Italie, finaliste en 1970 et la Hongrie.

En 1982, la Coupe du monde se joue à 24 avec un premier tour composé de six groupes et un second tour à quatre groupes de trois. Les Bleus croisent pour la première fois en phase finale une sélection asiatique, le Koweït, qui découvre la Coupe du monde. Ils sont placés dans un groupe à trois nations européennes, avec la Tchécoslovaquie et l’Angleterre.

En 1986 au Mexique, les quatre meilleurs troisièmes se qualifient pour les huitièmes de finale. Les Bleus, têtes de série grâce à leurs bons résultats en 1982 et 1984, héritent de l’URSS, de la Hongrie et d’un néophyte, le Canada.

En 1998, la Coupe du monde change encore de format et accueille 32 participants répartis en 8 groupes de 4. Le tirage au sort est très clément pour la France, pays organisateur pour la seconde fois. L’Afrique du Sud (nouveau participant), l’Arabie Saoudite et le Danemark seront ses adversaires.

Championne du monde en titre et qualifiée d’office (pour la dernière fois, le règlement changera en 2006), l’équipe de France hérite d’un tirage homogène mais sur le papier à sa portée, avec le Danemark (encore), l’Uruguay (comme en 1966) et un néophyte, le Sénégal.

Les fantômes de 1966

En 2010, les Bleus ont perdu leur statut de tête de série. Ils s’exposent donc à un premier tour très relevé, mais ils tombent dans le groupe le plus facile : celui de l’Afrique du Sud (encore le pays organisateur, comme en 1966 et 1978), de l’Uruguay (toujours) et du Mexique (ce n’est que la quatrième fois…).

Qualifiés in extremis en barrages contre l’Ukraine, les Bleus arrivent au Brésil en juin 2014 sur la pointe des pieds. Ils rencontreront le Honduras, la Suisse et l’Equateur pour un premier tour très bienveillant.

Enfin, le premier tour de 2018 met sur la route de l’équipe de France le Danemark, pour ne pas changer, mais aussi le Pérou, rencontré jusqu’alors qu’une fois en amical (en 1982) et l’Australie, premier adversaire océanien en Coupe du monde.

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En 15 éditions, les Bleus ont donc rencontré 40 adversaires, dont 17 Européens, 9 Sud-Américains, 6 Américains de la Concacaf, 4 Africains, 3 Asiatiques et un Océanien.

En tout, cela représente 28 sélections différentes, parmi lesquelles l’équipe de France a pris un abonnement : le Mexique, rencontré 4 fois (1930, 1954, 1966 et 2010), le Danemark (1998, 2002 et 2018) et l’Uruguay (1966, 2002 et 2010) 3 fois, et 5 sélections croisées à deux reprises : l’Argentine 2 (1930, 1978), l’Angleterre 2 (1966, 1982), la Hongrie 2 (1978, 1986), la Yougoslavie 2 (1954, 1958) et la Suisse 2 (2006, 2014).

Allemagne, Pays-Bas, Pologne : des inédits au premier tour

Parmi les adversaires d’importance jamais rencontrés au premier tour, on relèvera quatre champions du monde (Brésil, Italie, Allemagne et Espagne), deux finalistes (Pays-Bas et Croatie) et deux qui ont fini dans le dernier carré (Pologne et Portugal).

Enfin, ce qui fait l’intérêt d’une Coupe du monde, c’est la diversité continentale des adversaires rencontrés. Les premiers tours les plus mondiaux de l’équipe de France sont ceux de 1930 en Uruguay et de 2010 en Afrique du Sud, sans aucun adversaire européen. Elle a eu trois adversaires américains en 1930 (Mexique, Argentine et Chili) et deux en 1966, 2010 (Mexique et Uruguay) et 2014 (Honduras et Equateur). En revanche, il n’y en avait aucun dans son groupe en 1982, 1998 et 2006, où elle atteint à chaque fois le dernier carré.

A quatre reprises, elle a joué contre deux autres adversaires européens : en 1958 (Yougoslavie et Ecosse), en 1978 (Italie et Hongrie), en 1982 (Angleterre et Tchécoslovaquie) et en 1986 (URSS et Hongrie).

Elle a croisé quatre fois une sélection africaine au premier tour : Afrique du Sud (1998 et 2010), Sénégal (2002) et Togo (2006). Et trois fois une Asiatique : Koweït (1982), Arabie Saoudite (1998) et Corée du Sud (2006).

Et pour 2022 ?

Même si parmi les 32 qualifiés pour la Coupe du monde au Qatar, il en manque encore trois (les Emirats Arabes Unis ou le vainqueur d’Australie-Pérou, le Costa Rica ou la Nouvelle-Zélande et le pays de Galles contre le vainqueur d’Ecosse-Ukraine), les quatre chapeaux sont constitués et permettent déjà d’imaginer des tirages possibles pour l’équipe de France. En attendant vendredi à 18h (heure française), voici quelques possibilités.

Le tirage le plus facile :

Etats-Unis, Tunisie et Arabie Saoudite. Pas d’adversaire européen et des équipes abordables, même si ce ne sont pas les moins bien classées dans chaque chapeau (hormis la Tunisie). Des trois, seule l’Arabie Saoudite a déjà été rencontrée en Coupe du monde, et ça s’était bien passé (4-0 en 1998). Mais c’est l’un des trois voisins du Qatar (avec l’Iran et les Emirats Arabes Unis, s’ils se qualifient face à l’Australie puis au Pérou).

Le tirage le plus difficile :

Allemagne, Sénégal, Canada. Après une plantade monumentale en 2018 et un Euro 2020 décevant, les Allemands ont soif de revanche, surtout contre des Bleus qui les ont battus trois fois en compétition depuis 2016. Le Sénégal est une très bonne équipe, et c’est la seule à n’avoir jamais perdu contre la France. Enfin, le Canada est bien plus fort qu’en 1986, lors de sa seule participation.

Le tirage le plus déjà vu :

Suisse, Corée du Sud et Equateur. Pas difficile, certes (quoique, les Suisses ne seraient sans doute pas d’accord), mais pas original sur la période récente : la Suisse a été rencontrée au premier tour en 2006, en 2014 et à l’Euro 2016, la Corée du Sud également en 2006 et l’Equateur en 2014. Et sur ces cinq matchs, les Bleus en ont gagné qu’un seul (Suisse 2014, 5-2) pour quatre nuls, dont trois 0-0. Pas sexy.

Le tirage inédit :

Pays-Bas, Iran, Cameroun. Spectaculaire et intéressant, à coup sûr. Aucun de ces trois-là n’ont été rencontrés en Coupe du monde, et le seul France-Iran remonte à 1978. Les Bleus sont invaincus face au Cameroun (deux victoires et un nul), mais restent sur une cuisante défaite face aux Pays-Bas en novembre 2018. C’était d’ailleurs l’avant-dernière défaite des champions du monde en titre.

[1Même si elle avait été repêchée en dernière minute, avant de déclarer finalement forfait. Lire l’article Juin 1950 : quand la FFF ne voulait pas aller au Brésil.

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Hommage à Pierre Cazal