Prenez un carré, aplatissez-le, vous obtenez une ligne. Maintenant, placez cette ligne à une trentaine de mètres de la ligne de but sur laquelle vous placez le meilleur gardien français de l’histoire. Dans cette ligne, choisissez un Guadeloupéen à droite, un Basque à gauche, un fils du Ghana et un Cévenol au centre. Et maintenant, souhaitez bonne chance à ceux qui vont devoir franchir l’obstacle pour marquer un but.
Les chiffres sont clairs : Le quatuor Thuram-Blanc-Desailly-Lizarazu a été aligné au coup d’envoi vingt-huit fois entre le 19 juin 1996 à Newcastle et le 6 septembre 2000 à Saint-Denis. 28 matches, 21 victoires, 7 nuls et aucune défaite. Et seulement treize buts encaissés... Tellement rares qu’on va citer les auteurs de ces buts historiques :
– Hristo Stoïchkov (Bulgarie) en 1996
– Dennis Bergkamp (Pays-Bas) en 1997
– Davor Suker (Croatie) en 1998
– Igor Yanovsky et Aleksander Mostovoi (Russie) en 1998
– Karapet Mikaelyan et Armen Shakhgeldyan (Arménie) en 1999
– Eyjolfur Sverrisson et Brynjar Gunnarsson (Islande) en 1999
– Hiraoki Morishima (Japon) en 2000
– Gaizka Mendieta sur pénalty (Espagne) en 2000
– Nuno Gomes (Portugal) en 2000
– Marco Delvecchio (Italie) en 2000
Il y a eu certes deux autres buts concédés, mais ils l’ont été après la sortie de Desailly (remplacé par Lebœuf, but de Nishizawa pour le Japon en mai 2000) et de Laurent Blanc (remplacé par Lebœuf, but d’Owen pour l’Angleterre en septembre 2000).
Bien entendu, il serait abusif d’affirmer que sans eux, les Bleus étaient soudainement vulnérables. Ce serait faire injure au talent de Barthez et au travail des récupérateurs (Karembeu, Deschamps, Petit, Vieira) qui allégeaient d’autant la tâche des défenseurs. D’ailleurs, durant cette période de 57 matches, l’équipe de France n’en a perdu que cinq (Danemark en 1996, Angleterre en 1997, Russie en 1998 et en 1999, Pays-Bas en 2000). Il n’empêche... A chaque fois, un ou plusieurs membres du carré magique étaient absents.
A contrario, on doit toutefois relever que l’absence de Laurent Blanc le 12 juillet 1998 (suspendu et remplacé par Franck Lebœuf) n’a pas eu de conséquences. Mieux, même, lors de la finale suivante, celle de Rotterdam le 3 juillet 2000, c’est avec leur ligne défensive invincible que les Bleus ont encaissé le but de Marco Delvecchio à la 55e minute. Et c’est la décision de Roger Lemerre de sortir Bixente Lizarazu au profit de Robert Pires à quatre minutes de la fin du match qui permettra à l’équipe de France, après l’égalisation de Wiltord dans le temps additionnel, de prendre un avantage définitif.
- France-Italie 2000
- Le dernier match en compétition de la défense invincible. Zidane, Blanc, Vieira, Deasailly, Dugarry, Thuram ; Henry, Djorkaeff, Deschamps,Barthez et Lizarazu.
Aimé Jacquet avait vu juste dès le mois d’août 1994 contre la République tchèque à Bordeaux, là où débuta Zidane : Thuram honore sa première sélection en défense centrale à trois aux côtés de Ngotty et de Blanc, tandis que Marcel Desailly joue en milieu récupérateur. Mais le Milanais se blesse avant la demi-heure et il sera revenu sur le banc quand Lizarazu entre après la pause.