Si l’attention générale est focalisée sur l’Euro qui commence dans cinq mois (le 12 juin à Rome), la deuxième partie de 2020 verra la phase qualificative de la deuxième Ligue des Nations, dont le carré final se jouera en juin 2021. C’est peu dire qu’il y a deux ans, j’étais plus que sceptique sur cette nouvelle compétition censée remplacer des matchs amicaux par quelque chose de monnayable en droits télévisés, histoire de renflouer des caisses déjà bien pleines. Avant d’évoquer la saison 2, petit retour sur la saison 1.
De belles affiches à l’automne, et en clair
Que retenir de l’édition 2019 ? Une phase de poules plutôt intéressante avec des matchs spectaculaires (les deux Allemagne-Pays-Bas, le Suisse-Belgique, le groupe Angleterre-Espagne-Croatie) et dans les ligues inférieures, les beaux parcours de l’Ukraine, du Danemark, de la Bosnie, de la Finlande ou de la Norvège. Et la possibilité de voir des matchs internationaux en clair (repris pour les qualifications de l’Euro), ce qui par les temps qui courent est rarissime hors phase finale (ou équipe de France).
Dans le groupe de la France, la marche était un peu haute deux mois après la finale de la Coupe du monde, et ce n’est pas un hasard si, sur les quatre participants aux demi-finales, seule l’Angleterre était sortie des huitièmes de finale en Russie. Ce n’est pas forcément un défaut, d’ailleurs : la Ligue des Nations entraîne un brassage qui pénalise les sélections ayant beaucoup joué lors du tournoi précédent, au profit de celles qui n’y étaient pas (Pays-Bas) ou qui étaient sorties vite (Portugal et Suisse).
Un carré final sans relief
On reste beaucoup plus mesuré sur l’intérêt du carré final. Calqué sur la première version du championnat d’Europe (les cinq premières éditions entre 1960 et 1976), ce micro-tournoi de cinq jours et quatre matchs joués chez l’un des demi-finalistes a accouché de rencontres sans grand intérêt : le Portugal a assuré l’essentiel en s’imposant difficilement contre la Suisse (qui tenait le nul à trois minutes de la fin) et en battant des Néerlandais lessivés en finale. L’Angleterre n’était pas en meilleur état, surtout après une demi-finale de deux heures contre les Pays-Bas. Le match pour la troisième place, déjà sans intérêt en Coupe du monde (et supprimé à l’Euro depuis 1984), a livré un 0-0 et tirs au but suivi par 15 000 courageux à Guimaraes.
Petits bricolages pour sauver l’Allemagne de la relégation
La deuxième édition de la Ligue des Nations de l’UEFA commencera dès septembre pour la phase qualificative à 55 (jusqu’en novembre, en six journées) et se terminera en juin 2021 (du 2 au 6) par la phase finale à quatre.
Mais il y aura deux changements par rapport à la première édition :
– deux places (et non quatre pour l’Euro 2020) seront ouvertes à des barrages d’accès à la Coupe du monde 2022. Il s’agira des deux meilleures équipes non qualifiées par le biais de la phase qualificative de la Coupe du monde (vous suivez toujours ?). Ces deux là, et les dix équipes classées deuxième de leur groupe s’affrontent en deux tours de barrage : six matchs aller-retour, dont les six vainqueurs s’affrontent en trois matchs aller-retour. Ces trois vainqueurs s’ajoutent aux dix équipes déjà qualifiées pour former le contingent de 13 sélections européennes qui iront au Qatar à l’automne 2022.
– la répartition des équipes dans les quatre ligues de niveau (A, B, C, D) est inversée : les trois premières se joueront à 16 (réparties en 4 groupes de 4) et la dernière à 7. En 2018, on s’en souvient, les ligues A et B ne comptaient que 12 équipes, contre 15 pour la ligue C et 16 pour la ligue D.
La manœuvre est claire : en renforçant la ligue A, l’UEFA fait coup double : elle fait jouer les meilleures équipes du continent six fois au lieu de quatre (trois adversaires rencontrés en aller et retour) et permet de rattraper par les cheveux deux sélections qui ont fini dernière de leur groupe en 2018 et qui auraient dû descendre en ligue B : la Croatie, finaliste de la dernière Coupe du monde, et surtout l’Allemagne et ses sept titres mondiaux et européens.
Un copier-coller de septembre 2018, ou de juin 2020 ?
Si la France ne connaît pas encore ses trois adversaires (le tirage au sort aura lieu le 3 mars prochain à Amsterdam), elle sait déjà contre qui elle ne tombera pas, puisque les quatre chapeaux de la Ligue A ont été établis.
– chapeau 1 : Portugal, Pays-Bas, Angleterre et Suisse (les quatre demi-finalistes de 2019)
– chapeau 2 : Belgique, France, Espagne et Italie (les équipes classées 5 à 8)
– chapeau 3 : Bosnie, Ukraine, Danemark, Suède (les promus de la Ligue B)
– chapeau 4 : Croatie, Pologne, Allemagne et Islande (les derniers de la Ligue A, repêchés par la formule à 16)
Assurés d’éviter la Belgique, l’Italie et l’Espagne, les Bleus peuvent retrouver les Pays-Bas et l’Allemagne ou encore l’Allemagne et le Portugal, qu’ils affronteront en juin lors du premier tour de l’Euro. Associés à l’Ukraine, a priori l’équipe la plus forte du chapeau 3, ça pourrait constituer un tirage gratiné.
A l’inverse, un sort favorable pourrait proposer la Suisse, la Bosnie et la Pologne (histoire d’éviter l’Islande, déjà croisée en 2019 et à l’Euro 2016). Un groupe avec l’Angleterre, le Danemark et la Croatie pourrait donner de belles rencontres.
D’autant que, contrairement à l’automne 2018, il n’y aura pas de créneaux disponibles pour des matchs amicaux (Islande 2-2 et Uruguay 1-0). Ce sera six matchs de compétition alignés après, potentiellement, sept matchs de championnat d’Europe. Autrement dit, si les Bleus vont au bout à l’Euro, il est probable que le scénario de fin 2018 se répète : un niveau de forme et de motivation insuffisant pour sortir en tête d’un groupe relevé en Ligue des Nations.
Et dès le début d’année 2021, commenceront les qualifications pour la Coupe du monde 2022, autrement plus importantes, qui se joueront de mars à novembre. Avec, selon les groupes, 8 à 10 matchs à disputer. Tirage au sort le 29 novembre 2020.
Vos commentaires
# Le 4 janvier 2020 à 16:22, par Coeur Bleu En réponse à : Ligue des Nations, saison 2
Je partage votre avis, c’est la première compétition où les éliminatoires se révèlent plus intéressants que la phase finale !
Le concept de matches avec des équipes de niveau similaire est à reconduire, et cela remplace élégamment les matches amicaux souvent ennuyeux. Cela fait presque 20 ans que je n’ai pas vu un match emballant en amical (Angleterre, Turquie et Portugal entre 1999 et 2001).
Pour supprimer les matches amicaux, il aurait aussi été possible de supprimer les rassemblements annuels de septembre, et juin les années impaires (qui plus est, la France n’a pas un très bon ratio en qualifications sur ces périodes...). Cela aurait eu le bon goût d’alléger le calendrier, mais bon, c’était moins rentable pour l’UEFA.
Pour les éliminatoires de 2022, il semblerait que les barrages soient sur un match (3 x demie et finale), comme pour 2020, tout en mars. Sinon, ça fait finir en juin, et cela annihile la possibilité d’une Ligue des Nations en 2022-2023, car elle ne peut se jouer qu’en juin (4 m) et septembre (2 m). L’UEFA ne sacrifiera pas sa nouvelle poule aux oeufs d’or sur une saison.
La Coupe du Monde en fin d’année bouleverse un peu plus le calendrier.
# Le 4 janvier 2020 à 16:32, par Bruno Colombari En réponse à : Ligue des Nations, saison 2
Dans les bons matchs amicaux, je mettrais aussi l’Allemagne-France de novembre 2003 (0-3) où les Allemands avaient dominés en première mi-temps et les Français avaient pris le dessus par la suite. Depuis 2012, effectivement, c’est rarement emballant.
Et effectivement les matchs internationaux en juin sont de trop. Il faudrait alléger le calendrier international (en supprimant un tour de Ligue des Champions, par exemple, et en réduisant à 18 les quatre grands championnats, sur le modèle de la Bundesliga) et remettre un créneau pour les équipes nationales en avril ou mai.
# Le 5 janvier 2020 à 01:10, par Tran Quang Nhi En réponse à : Ligue des Nations, saison 2
Remettre un créneau pour les equipes nationales en avril &/ou en mai, ça risque d’être du fait qu’on est dans la dernière ligne droite en coupe d’Europe avec les quarts demi & finale de coupe d’Europe.
La dernière fois qu’on a mis un créneau pour les équipes nationales en avril &/ou en mai c’était pour les éliminatoires de la coupe du monde 1998 & de l’Euro 1996.
Par contre je me rappelle à une époque il y avait des matches d’équipes nationales pour les éliminatoires d’Euro ou de coupe du monde en août, décembre & en février.
# Le 11 janvier 2020 à 14:40, par Coeur Bleu En réponse à : Ligue des Nations, saison 2
Les matches en décembre n’étaient pas légion depuis les années 1970 (4 entre 1971 et 1994, plus aucun depuis).
À cette période, il y avait un match par mois, c’était un peu trop égrainé. Avec l’arrivée du calendrier international début 2002, le passage progressif à des rassemblements pour 2 matches est à mon sens un progrès pour la continuité du travail de groupe, et la cohérence du calendrier annuel.
Janvier a été le premier à disparaitre après l’Euro portugais, et on ne s’en plaindra pas, car j’ai un souvenir encore très frigorifié de l’inauguration du Stade de France en janvier 1998. Puis août et avril après la Coupe du Monde brésilienne ont fait les frais des regroupements.
Existe-il une statistique des résultats des Bleus par mois (mais tout en considérant qu’un match le 1er ou le 2 avril fait partie du rassemblement de fin mars, pour les cas récents), séparant amical et compétition ? Éventuellement par période marquante (comme par exemple 1904-1950, 1951-1960, 1961-1975, 1976-1993, 1994-2019) ?
Ça pourrait être une idée d’article. J’ai comme a priori qu’on n’est pas bon en juin les années impaires, mais est-ce statistiquement le cas (pour mai-juin, cela demanderait de faire la différence entre années paires et impaires, ça va même plus loin) ?
# Le 11 janvier 2020 à 16:02, par Bruno Colombari En réponse à : Ligue des Nations, saison 2
Au début de Chroniques bleues j’avais fait ce genre d’analyse par mois, mais ce n’est plus à jour. A retrouver ici :
https://www.chroniquesbleues.fr/-Mo...
Oui, c’est une bonne idée d’article, mais c’est du travail ! Et en ce moment je n’en manque pas, je suis sur un gros projet dont je parlerai bientôt.