L’équipe de France a terminé troisième du mondial suédois et en cet automne 1958, on se prend à rêver de nouvelles conquêtes. Une nouvelle épreuve vient de voir le jour, la Coupe d’Europe des nations, qui fonctionne sur le même modèle que la Coupe d’Europe des clubs, des rencontres à élimination directe par match aller-retour.
De la Grèce à l’Europe
La première édition de cette C.E.N. a été quelque peu boudée par les grandes nations, notamment l’Angleterre, la RFA et l’Italie. Une raison supplémentaire pour croire au destin des Tricolores et à un premier titre qui leur semble taillé sur mesure.
Il faut toutefois prendre les choses dans l’ordre et commencer par le commencement. Le premier tour de l’épreuve, équivalent aux huitièmes de finale, propose à l’équipe de France un adversaire inédit : la Grèce. Inédit est un bien grand mot puisque depuis le début des années 1950, la sélection hellène a rencontré plusieurs fois l’équipe de France, notamment dans le cadre de la Coupe de la Méditerranée, mais on le lui opposait à chaque fois qu’une équipe de France B.
En remontant plus loin encore, on trouve trace d’un France-Grèce dans le cadre des Jeux interalliés de 1919 à Vincennes, non retenue comme une sélection officielle car disputée entre soldats. Hormis deux éphémères participations aux Jeux olympiques (1920 et 1952), à une époque où l’inscription valait qualification, jamais l’équipe de Grèce n’a vraiment fréquenté le gratin mondial du football.
Les héros de Suède au Parc
Autant dire qu’une certaine confiance règne dans les rangs de l’équipe de France, qui baigne encore dans l’euphorie de son été suédois. 37.590 spectateurs se sont rendus au Parc des Princes pour célébrer leurs héros, même si tous ne sont pas au rendez-vous : Roger Piantoni et Robert Jonquet sont blessés, Maryan Wisniewski effectue son service militaire en Algérie et Claude Abbes, le gardien, n’a pas été retenu.
Ainsi Yvon Douis, remplaçant en Suède, est-il aligné aux côtés de Kopa, Fontaine et Vincent. Les sélectionneurs ont rappelé Thadée Cisowski qu’une fracture de la jambe avait privé du mondial suédois. Maurice Lafont, également remplaçant en Coupe du monde, pallie l’absence de Jonquet et les buts sont gardés par Dominique Colonna.
Le match se joue en nocturne et face à des Grecs très combatifs, les Français sont à la peine. Du moins jusqu’à la 23e minute où Raymond Kopa, sur un ballon aérien envoyé par Penverne dans la surface grecque, reprend de la tête et lobe le gardien grec Theodoridis.
Deux minutes après l’ouverture du score, Kopa combine avec Vincent et frappe au but. Theodoridis repousse le ballon mais Just Fontaine a bien suivi. Quatre minutes, plus tard, Kopa lance Cisowski en profondeur lequel bat à son tour Theodoridis. Celui-ci passe une mauvaise soirée.
Le goût de l’offensive
A 3-0 à la mi-temps, la cause semble entendue. Toutefois, en début de seconde période, l’attaquant grec Ilias Yfadis reprend un centre de la tête et trompe Colonna. La joie démonstrative du buteur grec et de ses coéquipiers touche probablement l’orgueil des Tricolores, qui ont commencé leur deuxième mi-temps comme ils avaient commencé leur première, sans réussite.
A l’heure de jeu toutefois, Jean Vincent trouve l’ouverture en marquant d’un tir croisé sur une passe de Fontaine. Puis à la 68e minute, Douis adresse de l’aile droite un centre que Cisowski reprend de la tête pour le cinquième but français. Dans les dix dernières minutes, les Tricolores vont ajouter deux buts, par Fontaine et Vincent, qui va transformer la défaite des Grecs en déroute : 7-1. Le public du Parc est comblé.
Le match retour aura lieu en décembre à Athènes, au Stade Apóstolos Nikolaidis, antre du Panathinaïkos. Les Tricolores y obtiendront un match nul (1-1) satisfaisant pour les deux équipes, l’une obtenant sa qualification, l’autre démontrant que le score du match aller ne reflétait pas sa réelle valeur.
L’équipe de France retrouvera la Grèce en six occasions, l’emportant généralement sans difficulté. A la notable exception d’un quart de finale de l’Euro 2004 à Lisbonne où les Grecs, à la surprise générale, coupaient la route des champions d’Europe en titre avant de s’emparer de leur trophée une semaine plus tard.
France bat Grèce 7-1
Buts : Kopa (23’), Fontaine (25’), Cisowski (29’), Yfantis (49’), Vincent (61’), Cisowski (68’), Fontaine (85’), Vincent (87’).
FRANCE : Colonna - Lafont, Lerond, Kaelbel, Marcel - Douis, Penverne (cap.) - Kopa, Fontaine, Cisowski, Vincent.
GRÈCE : Theodoridis - Papoulidis, Stefanakos, Linoxilakis, Polychroniou - Loukanidis, Yfantis - Emmanouilidis, Cholevas, Nestoridis, Theofanis.
Arbitre : Gottfried Dienst (Suisse).
37.590 spectateurs
Joueur | Âge | Poste | Sél. | Club |
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Dominique Colonna | 30 ans | Gardien | 4/13 | Stade de Reims |
Raymond Kaelbel | 26 ans | Défenseur | 24/35 | AS Monaco |
Maurice Lafont | 31 ans | Défenseur | 2/4 | Nîmes Olympique |
André Lerond | 27 ans | Défenseur | 11/31 | Olympique Lyonnais |
Jean-Jacques Marcel | 27 ans | Demi | 31/44 | Olympique de Marseille |
Armand Penverne (cap.) | 31 ans | Demi | 33/39 | Stade de Reims |
Raymond Kopa | 26 ans | Inter | 31/45 | Real Madrid (Espagne) |
Yvon Douis | 23 ans | Inter | 5/20 | Lille OSC |
Thadée Cisowski | 31 ans | Attaquant | 11/13 | RC Paris |
Just Fontaine | 25 ans | Attaquant | 12/21 | Stade de Reims |
Jean Vincent | 27 ans | Attaquant | 29/46 | Stade de Reims |
Banc de touche : François Remetter (Grenoble), Roger Marche (RC Paris) et Stanislas Dombeck (Stade Rennais).