Son apport
La particularité de Manuel Amoros, c’est sa polyvalence. Il n’a certes joué qu’arrière latéral en sélection, mais sa bonne technique des deux pieds laissait au sélectionneur le choix de l’aligner indifféremment à droite ou à gauche. Dès sa première sélection, d’ailleurs, il débute côté droit avec le numéro 2 sur le dos (Janvion est à gauche) puis passe à gauche en deuxième mi-temps après l’entrée de Patrick Battiston. Il jouera 29 fois à droite, de ses débuts à la mi-1983 (avec une exception notable contre la RFA à Séville). Puis il passe à gauche jusqu’à l’été 1989, avant de se fixer à droite jusqu’à l’automne 1991 et d’alterner finalement les deux postes jusqu’à l’Euro.
On se souvient de lui comme d’un des meilleurs latéraux français de l’histoire, derrière le duo Thuram-Lizarazu, et sans doute Max Bossis (qui est ensuite passé dans l’axe), mais devant Abidal, Battiston et Sagnol. Très difficile à passer sur son aile, c’était aussi un remarquable contre-attaquant, capable de se projeter vers l’avant et de tenter sa chance sur des frappes lointaines, comme en témoigne son tir sur la barre contre la RFA en 82 et un autre à ras du poteau de Carlos contre le Brésil en 86.
Monstrueux de sang-froid à Séville alors qu’il n’avait que vingt ans, il a toutefois été trahi par ses nerfs lors de l’ouverture de l’Euro 84, au Parc contre le Danemark, ce qui lui a valu un carton rouge et une suspension de trois matches. Heureusement pour lui, son coup de boule (sur Jesper Olsen) est resté beaucoup moins célèbre que celui de Zidane sur Materazzi.
Il a enfin porté le brassard presque sans interruption de 1988 à 1992, preuve de la confiance que lui témoignaient Henri Michel et Michel Platini. C’est d’ailleurs l’un des principaux capitaines des Bleus, avec 31 matches, soit plus que Zidane et Trésor (25). Il est toutefois loin de Lloris (70), Deschamps (53), Desailly (52), Platini (46) et Marche (41).
Amoros au classement des sélections
On l’a un peu oublié, mais pendant quelques années, Manuel Amoros a détenu le record des sélections, et pas sur une petite période : pendant près de sept ans, de 1992, où il a rejoint puis dépassé Max Bossis, jusqu’en 1999, année où il a été à son tour distancé par Didier Deschamps. Ce titre de recordman n’est pas simplement honorifique : après tout, depuis Raymond Dubly en 1928 (le premier à franchir le cap des trente sélections), ils ne sont que dix à l’avoir porté, et Amoros est le septième.
Actuellement, il se situe à la seizième place du classement des sélections, à la hauteur de Youri Djorkaeff et juste devant le trio Patrice Evra, Franck Ribéry et Karim Benzema. Paul Pogba et Raphaël Varane sont les joueurs du groupe actuel les plus proches avec respectivement 75 et 71 sélections. Autant dire qu’ils dépasseront certainement Manu dans le courant de l’année 2021.
Clas. | Joueur | Sel | Tps jeu mn | % tit | G | N | P | Année | Ordre |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
13 | Antoine Griezmann | 86 | 6211 | 83% | 61 | 13 | 12 | 2014 | 874 |
14 | William Gallas | 84 | 7211 | 95% | 50 | 24 | 10 | 2002 | 790 |
15 | Blaise Matuidi | 84 | 5933 | 86% | 58 | 11 | 15 | 2010 | 850 |
16 | Manuel Amoros | 82 | 7170 | 96% | 41 | 26 | 15 | 1982 | 653 |
17 | Youri Djorkaeff | 82 | 5374 | 71% | 52 | 20 | 10 | 1993 | 730 |
18 | Patrice Evra | 81 | 6766 | 95% | 47 | 20 | 14 | 2004 | 802 |
19 | Franck Ribéry | 81 | 5710 | 84% | 42 | 22 | 17 | 2006 | 811 |
Classement mis à jour le 1er février 2021 | Voir le classement complet des joueurs |
Son équipe préférentielle
En dix ans et quatre-vingt-deux matches joués, Manuel Amoros a côtoyé pas moins de 91 partenaires. Le plus fidèle, ce n’est pas une surprise, est Luis Fernandez, qui a débuté en Bleu huit mois plus tard (octobre 1982) et qui a fini en même temps, en juin 1992. Ils ont joué 52 fois ensemble. Joël Bats vient ensuite (43), suivi de Tigana (36), Battiston (34) et Bossis (33), des joueurs qui correspondent à la première partie de sa carrière internationale, entre 82 et 86.
Son onze préférentiel est ainsi quasi-exclusivement composé d’équipiers du Mundial 86, hormis Basile Boli en défense centrale.
Ses sélectionneurs
Lancé par Michel Hidalgo, Manuel Amoros a été confirmé par Henri Michel, puis par Michel Platini. Trois sélectionneurs pour une carrière conséquente, c’est relativement peu. Ce qui est frappant, c’est la régularité d’Amoros : 23 matches avec Hidalgo (en deux ans et cinq mois), 34 avec Henri Michel (en quatre ans) et 25 avec Platini (en trois ans et huit mois). Surtout, le défenseur monégasque a un taux de titularisation extraordinaire : plus de 96%. C’est bien simple, il n’a joué que trois fois remplaçant : contre l’Espagne en finale de l’Euro 84, contre la Belgique et les Pays-Bas en amical avant l’Euro 92.
Son premier match : 23 février 1982, France-Italie
Pour ce grand match contre une équipe qui n’a plus perdu contre les Bleus depuis 60 ans, Michel Hidalgo doit se passer de Max Bossis, forfait. A quatre mois du Mundial espagnol, il appelle alors Manuel Amoros, vingt ans et vingt-trois jours, qui est en train d’éclater à Monaco. Et il l’aligne à droite, décalant Gérard Janvion côté gauche. En face, les attaquants Roberto Pruzzo et Francesco Graziani ne verront pas le jour. Non seulement l’Italie ne marque pas, mais les Bleus l’emportent grâce à deux buts de Platini et de Daniel Bravo, autre monégasque néophyte dont on parlera beaucoup mais qui sera bien loin de faire une aussi belle carrière qu’Amoros. En quête de jeunes talents, Michel Hidalgo embarquera le défenseur en Espagne.
Son match référence : 8 juillet 1982, RFA-France
En concurrence avec Patrick Battiston côté droit de la défense des Bleus, Manuel Amoros est finalement aligné contre la RFA, mais côté gauche. Max Bossis passe à droite, le Monégasque étant plus particulièrement chargé de Pierre Littbarski. Ce dernier ouvre le score à la 18e, mais on ne le verra plus beaucoup par la suite. Dans le chaudron bouillonnant qu’est le stade Sanchez-Pizjuan, le défenseur est d’un calme absolu.
Et lorsqu’il prend sa chance à la 89e minute à la conclusion d’une séquence collective qui a étiré l’équipe allemande dans tous les sens, sa frappe sèche survole Schumacher et s’écrase sur la transversale. Trois quarts d’heure plus tard, au terme d’une prolongation asphyxiante, Amoros est le seul défenseur de la liste des cinq tireurs. Giresse a marqué le sien, Kaltz aussi. Amoros s’élance et marque, imperturbable.
Son dernier match : 17 juin 1992, Danemark-France
Décidément, les Danois ne réussissent pas à Manuel. Déjà expulsé contre eux en juin 84, c’est par une défaite face à la bande à Brian Laudrup, venus en Suède en touristes pour remplacer la Yougoslavie exclue de l’Euro, qu’il termine sa carrière internationale. Triste fin, dans un match qui ne ressemble à rien, où les Bleus reviennent au score par Papin après avoir encaissé un but d’entrée, puis cèdent à huit minutes de la fin sur une erreur de placement de Boli qui profite à Elstrup. Celui qui est depuis février 1988 le capitaine des Bleus ne peut remobiliser des joueurs qui ont la tête ailleurs. C’est également le dernier match en équipe de France pour Luis Fernandez, ainsi que pour le sélectionneur Michel Platini.
Et après ?
A l’OM depuis 1989, Manuel Amoros n’est que spectateur de la finale victorieuse en ligue des Champions en mai 1993 contre le Milan AC à Munich. Après deux ans à Lyon, il finit sa carrière pro à l’OM. Après une petite carrière de consultant télé (notamment pendant la coupe du monde 1998) en parallèle à un poste de recruteur dans l’organigramme de l’OM (jusqu’en 2004), il est devenu sélectionneur des Comores en 2010, puis du Bénin début 2012.
Tous ses matches
Dans ce tableau que vous pouvez trier colonne par colonne, la colonne « où » indique si les matches ont lieu à domicile (D), à l’extérieur (E) ou sur terrain neutre (N) ; les adversaires en bleu représentent les victoires, en gris les nuls et en rouge les défaites ; « bm » indique les buts marqués ; « tps » désigne le temps de jeu pour chaque match, l’astérisque avant la durée signale une entrée en jeu en tant que remplaçant. Enfin, « sel » indique le sélectionneur : « mP » pour Michel Platini, « hM » pour Henri Michel et « mH » pour Michel Hidalgo.
# | date | genre | où | adversaire | res. | bm | tps | sel |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
82 | 17/06/1992 | Euro | N | Danemark | 1-2 | 0 | 90 | mP |
81 | 14/06/1992 | Euro | N | Angleterre | 0-0 | 0 | 90 | mP |
80 | 10/06/1992 | Euro | N | Suède | 1-1 | 0 | 90 | mP |
79 | 05/06/1992 | Amical | D | Pays-Bas | 1-1 | 0 | *45 | mP |
78 | 25/03/1992 | Amical | D | Belgique | 3-3 | 0 | *27 | mP |
77 | 19/02/1992 | Amical | E | Angleterre | 0-2 | 0 | 90 | mP |
76 | 20/11/1991 | qEuro | D | Islande | 3-1 | 0 | 90 | mP |
75 | 12/10/1991 | qEuro | E | Espagne | 2-1 | 0 | 90 | mP |
74 | 04/09/1991 | qEuro | E | Tchécoslovaquie | 2-1 | 0 | 90 | mP |
73 | 14/08/1991 | Amical | E | Pologne | 5-1 | 0 | 73 | mP |
72 | 30/03/1991 | qEuro | D | Albanie | 5-0 | 0 | 90 | mP |
71 | 20/02/1991 | qEuro | D | Espagne | 3-1 | 0 | 90 | mP |
70 | 05/09/1990 | qEuro | E | Islande | 2-1 | 0 | 90 | mP |
69 | 15/08/1990 | Amical | D | Pologne | 0-0 | 0 | 76 | mP |
68 | 28/03/1990 | Amical | E | Hongrie | 3-1 | 0 | 45 | mP |
67 | 28/02/1990 | Amical | D | Allemagne | 2-1 | 0 | 90 | mP |
66 | 24/01/1990 | Amical | N | RDA | 3-0 | 0 | 81 | mP |
65 | 21/01/1990 | Amical | N | Koweït | 1-0 | 0 | 90 | mP |
64 | 18/11/1989 | qCM | D | Chypre | 2-0 | 0 | 90 | mP |
63 | 05/09/1989 | qCM | E | Norvège | 1-1 | 0 | 90 | mP |
62 | 16/08/1989 | Amical | E | Suède | 4-2 | 0 | 90 | mP |
61 | 29/04/1989 | qCM | D | Yougoslavie | 0-0 | 0 | 90 | mP |
60 | 08/03/1989 | qCM | E | Ecosse | 0-2 | 0 | 90 | mP |
59 | 07/02/1989 | Amical | E | Rep. d’Irlande | 0-0 | 0 | 90 | mP |
58 | 19/11/1988 | qCM | E | Yougoslavie | 2-3 | 0 | 90 | mP |
57 | 22/10/1988 | qCM | E | Chypre | 1-1 | 0 | 90 | hM |
56 | 28/09/1988 | qCM | D | Norvège | 1-0 | 0 | 90 | hM |
55 | 24/08/1988 | Amical | D | Tchécoslovaquie | 1-1 | 0 | 90 | hM |
54 | 27/04/1988 | Amical | E | Irlande du Nord | 0-0 | 0 | 90 | hM |
53 | 23/03/1988 | Amical | D | Espagne | 2-1 | 0 | 80 | hM |
52 | 05/02/1988 | Amical | D | Maroc | 2-1 | 0 | 90 | hM |
51 | 02/02/1988 | Amical | D | Suisse | 2-1 | 0 | 90 | hM |
50 | 27/01/1988 | Amical | E | Israël | 1-1 | 0 | 90 | hM |
49 | 18/11/1987 | qEuro | D | RDA | 0-1 | 0 | 90 | hM |
48 | 14/10/1987 | qEuro | D | Norvège | 1-1 | 0 | 90 | hM |
47 | 09/09/1987 | qEuro | E | URSS | 1-1 | 0 | 90 | hM |
46 | 12/08/1987 | Amical | E | Allemagne | 1-2 | 0 | 90 | hM |
45 | 16/06/1987 | qEuro | E | Norvège | 0-2 | 0 | 90 | hM |
44 | 29/04/1987 | qEuro | D | Islande | 2-0 | 0 | 90 | hM |
43 | 19/11/1986 | qEuro | E | RDA | 0-0 | 0 | 90 | hM |
42 | 11/10/1986 | qEuro | D | URSS | 0-2 | 0 | 90 | hM |
41 | 10/09/1986 | qEuro | E | Islande | 0-0 | 0 | 90 | hM |
40 | 19/08/1986 | Amical | E | Suisse | 0-2 | 0 | 68 | hM |
39 | 28/06/1986 | CM | N | Belgique | 4-2 | 1 | 120 | hM |
38 | 25/06/1986 | CM | N | Allemagne | 0-2 | 0 | 90 | hM |
37 | 21/06/1986 | CM | N | Brésil | 1-1 | 0 | 120 | hM |
36 | 17/06/1986 | CM | N | Italie | 2-0 | 0 | 90 | hM |
35 | 09/06/1986 | CM | N | Hongrie | 3-0 | 0 | 90 | hM |
34 | 05/06/1986 | CM | N | URSS | 1-1 | 0 | 90 | hM |
33 | 01/06/1986 | CM | N | Canada | 1-0 | 0 | 90 | hM |
32 | 26/03/1986 | Amical | D | Argentine | 2-0 | 0 | 90 | hM |
31 | 26/02/1986 | Amical | D | Irlande du Nord | 0-0 | 0 | 90 | hM |
30 | 16/11/1985 | qCM | D | Yougoslavie | 2-0 | 0 | 90 | hM |
29 | 30/10/1985 | qCM | D | Luxembourg | 6-0 | 0 | 90 | hM |
28 | 02/05/1985 | qCM | E | Bulgarie | 0-2 | 0 | 90 | hM |
27 | 03/04/1985 | qCM | E | Yougoslavie | 0-0 | 0 | 90 | hM |
26 | 08/12/1984 | qCM | D | RDA | 2-0 | 0 | 90 | hM |
25 | 21/11/1984 | qCM | D | Bulgarie | 1-0 | 0 | 90 | hM |
24 | 13/10/1984 | qCM | E | Luxembourg | 4-0 | 0 | 90 | hM |
23 | 27/06/1984 | Euro | D | Espagne | 2-0 | 0 | *18 | mH |
22 | 12/06/1984 | Euro | D | Danemark | 1-0 | 0 | 87 | mH |
21 | 01/06/1984 | Amical | D | Ecosse | 2-0 | 0 | 90 | mH |
20 | 18/04/1984 | Amical | D | Allemagne | 1-0 | 0 | 90 | mH |
19 | 28/03/1984 | Amical | D | Autriche | 1-0 | 0 | 90 | mH |
18 | 29/02/1984 | Amical | D | Angleterre | 2-0 | 0 | 90 | mH |
17 | 12/11/1983 | Amical | E | Yougoslavie | 0-0 | 0 | 63 | mH |
16 | 07/09/1983 | Amical | E | Danemark | 1-3 | 0 | 90 | mH |
15 | 31/05/1983 | Amical | N | Belgique | 1-1 | 0 | 90 | mH |
14 | 23/04/1983 | Amical | D | Yougoslavie | 4-0 | 0 | 90 | mH |
13 | 23/03/1983 | Amical | D | URSS | 1-1 | 0 | 90 | mH |
12 | 16/02/1983 | Amical | E | Portugal | 3-0 | 0 | 90 | mH |
11 | 10/11/1982 | Amical | E | Pays-Bas | 2-1 | 0 | 90 | mH |
10 | 31/08/1982 | Amical | D | Pologne | 0-4 | 0 | 90 | mH |
9 | 10/07/1982 | CM | N | Pologne | 2-3 | 0 | 90 | mH |
8 | 08/07/1982 | CM | N | Allemagne | 3-3 | 0 | 120 | mH |
7 | 04/07/1982 | CM | N | Irlande du Nord | 4-1 | 0 | 90 | mH |
6 | 24/06/1982 | CM | N | Tchécoslovaquie | 1-1 | 0 | 90 | mH |
5 | 21/06/1982 | CM | N | Koweït | 4-1 | 0 | 90 | mH |
4 | 14/05/1982 | Amical | D | Bulgarie | 0-0 | 0 | 90 | mH |
3 | 28/04/1982 | Amical | D | Pérou | 0-1 | 0 | 90 | mH |
2 | 24/03/1982 | Amical | D | Irlande du Nord | 4-0 | 0 | 90 | mH |
1 | 23/02/1982 | Amical | D | Italie | 2-0 | 0 | 90 | mH |