1984 reste toujours la meilleure année statistique des Bleus, avec 12 victoires en autant de matchs. En janvier dernier, on ne pouvait s’empêcher d’espérer que 2024 serait à la hauteur, avec la perspective d’un troisième titre européen. La déception a été à la mesure de l’attente. Aucun des trois temps de l’année n’a été maîtrisé : le premier, avec quatre amicaux en mars et juin, a laissé voir des failles défensives (avec des buts encaissés très tôt contre l’Allemagne et le Chili) et offensives (aucun but marqué face à l’Allemagne et au Canada). Le second à l’Euro a semblé être un remake de 1996, avec des matchs cadenassés (quatre buts marqués dont un sur pénalty et deux grâce à des CSC) et encore des largesses défensives face à l’Espagne. Le troisième, à l’automne, s’est joué à fronts renversés contre l’Italie, avec du mieux face à une Belgique en perdition et encore un 0-0, contre Israël.

D’un point de vue purement statistique, 2024 n’est pas un bon cru avec huit victoires pour trois défaites et cinq nuls, dont quatre 0-0 et un potentiel offensif vraiment faible (22 buts en 16 matchs, dont seulement 4 en 6 matchs à l’Euro. Les Bleus n’ont marqué aucun but à cinq reprises, et trois fois n’ont pas gagné alors qu’ils avaient ouvert le score (Pologne, Espagne et Italie). Ils ont perdu leur première demi-finale depuis 1996, et leur premier match à domicile face à l’Italie depuis 1954. L’équipe de France a enfin battu trois fois la Belgique la même année, ce qui n’était jamais arrivé. On se console comme on peut.

Si on regarde maintenant l’évolution du score, le temps de jeu sans but (soit avant le premier, soit tout le match en cas de 0-0 final) est démesurée puisqu’elle représente presque la moitié du temps de jeu ! C’est en tout cas beaucoup plus que le nombre de minutes où les Bleus ont mené au score, ce qui n’est jamais bon signe. Et encore, la plupart du temps c’était avec un seul but d’avance : il n’y a eu que 6 minutes avec trois buts d’écart, à la fin des matchs contre le Luxembourg (3-0) et Israël (4-1). Les 142 minutes où l’équipe de France a été menée ne sont pas infâmantes, mais elles signalent deux matchs où l’adversaire a mené très longtemps, celui contre l’Allemagne (0-1 après 7 secondes, 0-2 au final) et celui face à l’Espagne (1-2 dès la 25e minute).

Le minutage des buts marqués et encaissés montre un déséquilibre entre la première mi-temps (20 buts, dont 7 encaissés) et la deuxième (15 buts, dont 5 encaissés) avec 10 premières minutes intenses, notamment la toute première où deux records historiques sont tombés avec le but de Barcola (12e seconde contre l’Italie) et de Wirtz (7e seconde pour l’Allemagne). Il est frappant de constater que les buts encaissés se concentrent sur des périodes assez resserrées avant la première demi-heure (21e, 24e et 25e), autour de la mi-temps (45e, 49e et 51e) et dans le dernier quart d’heure (74e, 79e et 82e). Randal Kolo Muani, lui, a marqué cinq de des six buts en première période. On lui souhaite autant de réussite en 2025.