Mise à jour d’un article initialement paru en août 2012.
Son apport
Un peu de foot-fiction pour commencer : lors du Mundial 78 en Argentine, Michel Hidalgo titularise Alain Giresse aux côtés de Michel Platini, comme il l’avait fait un an plus tard en Suisse (résultat : 4-0). Devant Dominique Bathenay placé en récupérateur, les deux meneurs de jeu se complètent admirablement, l’un dans le jeu court et l’art du une-deux millimétré, l’autre dans sa science des passes à longue portée et sa facilité devant les buts. Et ils réalisent la sensation du premier tour en sortant le pays organisateur avant de ne s’incliner qu’au second tour contre le Brésil. Fin de la parenthèse : en juin 1978, le Bordelais est en vacances et regarde l’équipe de France de très loin.
Longtemps, Alain Giresse a cru que les portes des Bleus lui seraient fermées pour cause de concurrence déloyale. Lancé par Stefan Kovacs en 1974, le meneur bordelais de poche ne joue que les utiités une fois Platini installé au milieu de terrain tricolore : une titularisation contre la Suisse en 1977, dix minutes contre l’Argentine quelques semaines plus tard, et deux apparitions en 1978 avant (Portugal) et après (Suède) le Mundial, les deux fois parce que Platini ne joue pas. Et c’est tout jusqu’en mars 1981 à Rotterdam contre les Pays-Bas. Une misère.
C’est pourtant cette année-là que Giresse, qui fête ses 29 ans à l’été, va enfin s’imposer dans l’entre-jeu. Sa prestation contre la Belgique en avril (3-1) aux côtés, tiens tiens, de Tigana et de Genghini, est si brillante que lors du retour en septembre, il est rappelé alors que Platini joue en position d’avant-centre. L’expérience n’est pas concluante (0-2), mais Hidalgo ne renonce pas et trouve la formule gagnante avec l’incroyable milieu à trois numéros 10 dans le match décisif contre les Pays-Bas (2-0).
Giresse a enfin trouvé sa place. Lors de la coupe du monde 1982, il monte progressivement en puissance, pour réaliser deux matches phénoménaux contre l’Irlande du Nord (4-1, deux buts) et la RFA (3-3, un but). Sa complémentarité avec Platini et Tigana (son coéquipier à Bordeaux depuis l’été 1981) est évidente. Il est capable d’accélérer le jeu, d’éliminer plusieurs adversaires sur très peu d’espace et de délivrer des passes décisives (notamment piquées) au moment le plus inattendu.