2018, un bilan en bleu (1/6) : les matchs

Publié le 5 décembre 2018 - Bruno Colombari

C’est parti pour la rétro de cette année 2018 mouvementée, avec deux défaites au début et à la fin, un deuxième titre mondial au milieu et un seul match maîtrisé en compétition, contre l’Uruguay en juillet.

3 minutes de lecture

Pour commencer, voici les 18 rencontres de 2018 (logique). Au passage, c’est le record égalé de 1998 : jamais les Bleus n’ont joué plus de fois en une année depuis 1904. C’est l’équivalent de presque une phase aller de championnat de France (19 matchs) et bien plus qu’une saison entière de Ligue des Champions (13 rencontres jusqu’à la finale). Voilà qui excuse, au passage, le dernier trimestre très moyen (3 victoires, 2 nuls et une défaite sèche à Rotterdam) des Bleus : ils étaient tout simplement lessivés.

# Genre Date Ville Adversaire score
845 Amical 20/11/2018 Saint-Denis Uruguay 1-0
844 qLN 16/11/2018 Rotterdam Pays-Bas 0-2
843 qLN 16/10/2018 Saint-Denis Allemagne 2-1
842 Amical 11/10/2018 Guingamp Islande 2-2
841 qLN 09/09/2018 Saint-Denis Pays-Bas 2-1
840 qLN 06/09/2018 Munich Allemagne 0-0
 839  CM fin  15/07/2018  Moscou* Croatie 4-2
838  CM 1/2 10/07/2018 Saint-Petersbourg *  Belgique 1-0
837  CM 1/4 06/07/2018  Nijni-Novgorod *  Uruguay 2-0
836 CM 1/8 30/06/2018 Kazan* Argentine 4-3
835 CM T1 26/06/2018 Moscou* Danemark 0-0
834 CM T1 21/06/2018 Iekaterinbourg* Pérou 1-0
833 CM T1 16/06/2018 Kazan* Australie 2-1
832 Amical 09/06/2018 Lyon Etats-Unis 1-1
831 Amical  01/06/2018 Nice Italie 3-1
830 Amical  28/05/2018 Saint-Denis Rep. d’Irlande 2-0
829 Amical  27/03/2018 Saint-Petersbourg Russie 3-1
828 Amical  23/03/2018 Saint-Denis Colombie 2-3

Difficile, voire impossible de dégager des tendances au cours de cette année 2018 imprévisible, où on a vu les Bleus remonter deux buts de retard (Islande en octobre), perdre après avoir eu deux buts d’avance (Colombie en mars), être tenu en échec par des adversaires aussi prestigieux que les Etats-Unis, le Danemark ou l’Islande, battre quatre champions du monde (Italie, Argentine, Uruguay deux fois et Allemagne) et le devenir eux-mêmes avant d’être éliminés de la Ligue des Nations par une équipe (les Pays-Bas) qu’ils avaient battus cinq fois d’affilée.


 

Trop de buts encaissés cette année

S’il devait y avoir une constante en 2018, c’est celle-ci : les Bleus ont encaissé beaucoup de buts, trop de buts : 18 en 18 matchs. Le plus mauvais total depuis 1982 (19 buts encaissés en 15 matchs). Certes, ils en ont marqué 32, ce qui n’est pas mal, mais moins bien qu’en 2016 (36 en 17 rencontres) ou 2014 (33 en 15). Et il y aura eu un nombre record de pénaltys : sept pour, quatre contre. Les Bleus n’ont d’ailleurs réussi que sept clean sheet (match sans but encaissé) : contre l’Irlande, le Pérou, le Danemark, l’Uruguay deux fois, la Belgique et l’Allemagne. C’est peu.

Voir le tableau des années

2018 se classe donc à la 14e place, juste derrière 2014 et ses 10 victoires en 15 matches. C’est un bilan moyen, surtout pour une année avec un titre mondial et une Coupe du monde statistiquement réussie (six victoires, un nul, 14 buts marqués, 6 buts encaissés). Ce qui veut dire que c’est le reste de l’année, au printemps et à l’automne, qui plombe le bilan. Disons que les Bleus auront été prêts, mentalement et physiquement, quand il le fallait : lors des matchs à élimination directe en Russie. C’est là qu’ils ont signé la moitié de leurs victoires (12), un total qui approche le record de 2003 et 2016 (13 matchs gagnés) et qui égale les performances de 1984, 2000 et 2006.

Il ne faut toutefois pas trop s’arrêter aux statistiques : hormis l’exception 1984 (12 victoires en 12 matchs avec l’Euro au milieu), les années qui comptent vraiment ne sont jamais parfaites : 1998 n’est que 23e, 2000 pointe au 10e rang, juste devant 2006, alors que 2016 fait un peu mieux (7e).

Un seul match maîtrisé de bout en bout

Mais il n’est pas interdit de se pencher sur une constante en 2018 : la difficulté à maîtriser un match de bout en bout. Si l’on met de côté les amicaux (comme ceux contre l’Irlande, l’Italie ou l’Uruguay en novembre), le seul où les Bleus ont été sereins est le quart de finale contre l’Uruguay, où ils ont marqué les premiers, assuré avec un deuxième but et géré la fin de la rencontre. Ils ont certes mené 4-1 en finale contre la Croatie, mais aussi contre le cours du jeu, et le dernier but de Mbappé a été suivi immédiatement par celui de Mandzukic suite à une erreur de poussin de Lloris. Face aux Belges, la première mi-temps a été suffocante, et la maigre avance d’un but a fait planer la menace d’une égalisation jusqu’au bout. Un schéma similaire aux victoires du premier tour face à l’Australie et au Pérou, ou celles de l’automne contre l’Allemagne et les Pays-Bas.

Jamais en 2018 les Bleus ne l’ont emporté par trois buts d’écart, alors qu’ils ont eu deux buts d’avance contre la Colombie et la Russie en mars, l’Irlande et l’Italie en juin et l’Uruguay en juillet. Comme en 2017, ils ont souffert face à des adversaires pourtant prenables comme l’Australie, le Pérou, le Danemark, les Etats-Unis ou l’Islande (deux victoires par un but d’écart et trois nuls). Et paradoxalement, ce sont contre deux gros adversaires, l’Argentine de Messi et la Croatie de Modric, qu’ils ont marqué le plus de buts.

Six fois menés au score, deux fois battus

Menés plusieurs fois au score (contre la Colombie, les Etats-Unis, l’Argentine, l’Islande, l’Allemagne et les Pays-Bas), les Bleus n’ont pas toujours su revenir : deux victoires, deux nuls et deux défaites. Et trop souvent, ils se sont fait rejoindre après avoir ouvert le score : contre la Colombie, l’Australie, l’Argentine, la Croatie et les Pays-Bas.

Après avoir commencé l’année par une défaite rageante contre la Colombie due à un gros trou d’air en deuxième période, les Bleus l’ont terminée par une cuisante défaite à Rotterdam où ils ont été surclassés (même si le tout dernier match a eu lieu quatre jours plus tard contre l’Uruguay). Autant dire que 2018, année du deuxième titre mondial, me laisse sur un sentiment mêlé d’euphorie et de perplexité : les Bleus sont allés beaucoup plus loin qu’on pouvait l’imaginer il y a un an, avec un style de jeu peu ambitieux dans la continuité de celui de l’Euro 2016.

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